Those who know, do. Those that understand, teach.

Encore une journée de perdue, huit heures à rester assis à écouter des adultes persuadés de connaître tout sur tout et tenant désespéremment de nous apprendre la vie, de nous "lancer" comme ils aimaient le dire grâce à un "bagage" qu'il nous enseignant. Il les feraient bien ses bagages lui, se casser de là et de cette ville minable qui ne lui apporte rien. Affalé dans sa chaise, les pieds sur la table, London faisait sa vie sans se préoccuper du cours ni même de ses camarades. Il n'accordait absolument aucune importance à ce que les professeurs avaient à leur apprendre, persuadé que la vraie vie se situait en dehors de ces quatre murs. Malheureusement pour lui, si la cloche retentissait, ça ne signifiait pas la fin du calvaire pour lui... Sa sortie de prison lui avait valu un contrat de travail et de présence au lycée et il était dans l'obligation de réussir ses examens sans quoi il retrouverait une cellule dès la fin de l'année scolaire. Mais les règles, le garçon ne s'en souciait guère, et bien que l'idée d'être enfermé à nouveau ne l'enchantait guère, il n'arrrivait pas à trouver le courage et la motivation nécessaire qui lui permettraient de sortir la tête de l'eau. A vrai dire, ça le rendait malade qu'on lui enseigne tout ça assis à une table alors que la culture se trouvait dehors, dans la nature, dans les musées, éventuellement dans les bouquins mais clairement pas dans la bouche de ces je-sais-tout.

Dans la vie, London n'avait jamais rien fait comme les autres et sa scolarité ne dérogeait pas à la règle, ses diverses incarcérations lui avaient fait redoubler deux fois le lycée et il se sentait complètement étranger à tous ces élèves bien plus jeunes que lui, ne venant pas du monde monde. Comment trouver l'envie de franchir les portes de l'école quand les autres passaient leur journée à le dévisager, à parler dans son dos et à fuir sa présence. Il s'y était habitué, il vivait avec et il avait trouvé son équilibre en quelques sorte. Quand les autres se retrouvaient dans les couloirs, dans le parc, il se réfugiait dans la salle de musique et mettait ses tripes dans son art. De toute façon, il n'aimait pas se mêler aux autres, il n'avait ni le temps, ni l'envie, ni même la patience pour eux, écouter leurs problèmes futiles et leurs angoisses pathétiques, non merci. Et s'il venait à quiconque l'envie de lui chercher des noises, London n'avait aucun problème à sortir les griffes. La violence, il ne connaissait qu'elle, elle avait été sa meilleure amie quand certains soirs il avait à dormir dehors et qu'on le menaçait, quand il s'était retrouvé seul contre le monde... car oui, telle était sa vision de lui-même, il se battait contre tous les jugements, les aprioris et la connerie humaine.

Mais ce soir-là, au lieu d'aller vaguer à ses occupations, à ses vadrouilles dans la ville, il devait faire des heures supplémentaires au lycée afin de rattraper son retard et ses notes catastrophiques et finalement obtenir son diplôme de fin d'année. C'était le principal lui-même qui l'avait convoqué le matin même pour lui annoncer la suite des réjouissances et le programme de ses heures de tutorat obligatoires. On ne lui avait pas laissé le choix et ça le rendait malade, il avait dû s'écraser, subir. Lorsque la sonnerie retentit, il attrapa le papier qu'on lui avait donné quelques heures plus tôt et consulta le planning. "Salle 207, avec... Katherine Williams. Oh non pitié, en plus on m'envoie la petite bonne soeur. Tirez-moi une balle à la place non ?" finissa-t'il se parlant à lui-même. Il monta à l'étage et s'asseya sur une table de la pièce encore vide, les deux pieds sur la chaise de devant. Si elle n'était pas là dans deux minutes, il prenait ses clics et ses clacs, les choses étaient claires.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

I COULD BE YOUR KRYPTONITE.

when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.

Those who know, do. Those that understand, teach.

Il était évident que London n’avait absolument pas envie d’être dans cette salle, d’être retenu à l’école de manière forcée pour améliorer des notes qui de toute façon ne lui serviraient à rien. Il ne comptait pas aller à l’université, alors à quoi bon s’accrocher et faire des efforts ? Si seulement il n’avait pas ce contrat… Il aurait claqué la porte il y a bien longtemps, et Katherine devait être complètement dérangée pour même essayer. Clairement, elle ne devait pas imaginer quel garnement était le garçon pour arriver le sourire aux lèvres dans la classe. London ne leva même pas les yeux vers la demoiselle mais l’asséna d’un « J’ai failli attendre » en guise de bonjour. Il avait ses codes, et la politesse n’en faisait pas partie, encore moins avec des gens qu’il ne connaissait pas et qui faisait semblant d’être gentils alors que jamais ils ne l’avaient calculé de l’année. La tutrice avait l’air décidé à commencer directement, demandant au jeune homme de s’asseoir correctement, requête qui se transforma rapidement en suggestion puis en rétractation. Il sourit immédiatement, réalisant que la demoiselle le craignait. Elle ne dérogeait pas à la règle, elle était mal à l’aise dans cette pièce avec lui, elle n’avait aucune idée de comment lui parler ni même de ce qu’elle avait à faire, c’était une trop belle opportunité pour London. « Non, j’aurais plutôt envie d’étudier la biologie, je n’ai pas bien compris le dernier cours d’anatomie. » la défia-t’il. Il insistait, il allait la faire craquer, la pousser à bout, elle, cette petite prude faisant tout dans les règles. Elle allait abandonner et il serait libre. Mais à sa grande surprise, elle ne se démonta pas et tenta de lui expliquer le cours de géologie sur lequel allait porter le prochain contrôle de M. Dickens. Il n’essaya pas un instant de comprendre, la simple idée de se pencher sur un schéma l’ennuyait au plus haut point. Il attrapa son téléphone et tenta de terminer ce niveau de Candy Crush sur lequel il butait depuis des jours. C’est la voix de Kate qui résonna dans la pièce qui le sortit de sa torpeur. Effectivement, il n’avait absolument rien écouté et il fallait qu’elle comprenne que c’était ce qui allait l’attendre à chaque fois.
Il leva la tête cette fois-ci, s’affala sur la table, s’accoudant en arrière et lui répondit avec nonchalance « Non, parce que j’en ai rien à foutre de toute façon. Vous me gonflez tous avec vos leçons, vous pensez avoir la science infuse, ce ne sont que des conneries tout ça. » Il attrapa sa guitare et se mit à gratter quelques notes, puis s’adressa à la jolie brunette. « De toute façon, qu’est-ce que tu fous là, t’as été punie parce que t’étais en retard pour la messe ? Ils t’ont envoyée t’occuper du méchant garçon de Pearl Trees. Et bien j’imagine que tu vas pouvoir aller pleurer dans les jupes de ta mère ce soir, le vilain London ne t’a pas écouté… Oh mon Dieu. » Il était agressif, et c’était la seule manière qu’il avait de s’adresser aux gens, on ne lui avait jamais tendu la main sans lui enfoncer un couteau dans le dos derrière, et il était persuadé que si la Sainte-Nitouche était en face de lui en ce moment, ce n’était pas parce que sa générosité débordante lui avait donné envie d’aller porter son aide au petit délinquant de la ville. Il savait bien qu’elle ne le faisait pas de gaieté de cœur et ça le rendait fou d’être traité comme un animal. Il ne recevait d’ordre de personne, et il n’était pas prêt à ce que ça commence. Au fond, il savait qu’il blessait les gens en les traitant de la sorte, mais il s’en fichait. Il ne réalisait pas que tous n’avaient pas une carapace aussi solide que la sienne, qu’ils n’étaient pas forcément habitués à la méchanceté, il ne comprenait pas que l’espèce humaine était plus belle que l’idée qu’il s’en était faite. Il ne différenciait pas ceux qui lui voulaient du bien de ceux qui l’enfonçaient, et ça, c’était son erreur.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.