Sujet: [terminé] JoyHug || Basic Insti(nc)t. Mer 6 Nov - 20:44
Basic Instit. feat. Joy & Hugo
Lundi matin. 08h30.
La nuit avait encore une fois été courte pour Hugo qui fit plonger un cachet d’aspirine dans un grand verre d’eau. Il avait été conscient pourtant que le réveil aurait été rude s’il sortait encore mais il n’avait pas pu résister à la tentation de passer la soirée dans le dernier night-club fraîchement ouvert à Woodburgh. Il n’allait quand même pas dire non à un nouveau terrain de chasse quand même… ?! Malgré le mal de tête qui l’assommait ce matin, il n’était pas mécontent de la nuit qu’il venait de passer : il avait fait la rencontre de femmes plus sublimes les unes que les autres et son répertoire téléphonique s’était encore étoffé de plusieurs numéros. Et puis il y avait eu cette charmante blonde rencontrée au bar à qui il avait payé un verre. Puis deux. Et une chose entraînant une autre, ils s’étaient vite retrouvés dans une chambre de l’hôtel où il avait l’habitude d’aller quand il draguait sur Woodburgh. La nuit avec Vanessa… Non… Sandra… Non, Amanda… ? Oh et puis zut ! La nuit avec la blonde en –A avait bien mérité une petite migraine de rien du tout ce matin. En arrivant à l’école ce matin, il s’était dépêché d’aller directement dans la salle où tous les instituteurs prenaient leur café : il fallait vite qu’il fasse passer cette fichue migraine avant que les enfants ne débarquent. S’il devait commencer la journée avec les enfants (et surtout leurs cris) alors qu’il avait mal au crâne, il ne donnait pas cher de sa peau aujourd’hui ! Parce qu’ils connaissaient parfaitement ces petits monstres : dès qu’ils entraient dans la cour de l’école, la première chose qu’ils faisaient c’était de s’agglutiner autour de lui pour lui dire bonjour alors imaginez un peu le tableau, vingt gamins en train de crier alors qu’il a déjà l’impression d’avoir un marteau-piqueur qui lui défonce le crâne !
« Dure nuit ? » lui demanda Savannah qui était en train de se resservir un café.
« T’as même pas idée… » lui répondit-il d’une voix fatiguée. C’était sûr, la première chose qu’il ferait en rentrant chez lui ce soir, ce serait de se mettre au calme dans sa chambre et dormir jusqu’au lendemain matin. S’il sortait encore ce soir, il ne serait pas d’attaque pour affronter la journée de boulot de demain.
« J’espère que le cachet va vite faire effet. Les grilles vont ouvrir dans moins de cinq petites minutes. » Elle lui sourit puis lui toucha l’épaule d’un air compatissant avant de sortir de la pièce. Bon sang, cinq minutes uniquement ? Dépité, il se servit une tasse de café, chose qu’il ne faisait quasiment jamais. Aux grands maux les grands remèdes ! S’il devait vider la cafetière en moins de cinq minutes pour se sentir mieux, il allait le faire !
« Hugo… Tu pourras t’occuper des élèves une petite demi-heure tout seul ? La nouvelle institutrice arrive ce matin et j’ai besoin de lui faire signer quelques papiers. Ça ne sera pas long, ne t’inquiète pas. »
Hugo hocha la tête pour signifier au directeur qu’il pouvait lui faire confiance. Il avait l’habitude de s’occuper de ces gamins et parfois, il se disait qu’il était tout aussi bon que l’instituteur… ! Il faut dire qu’il avait eu un très bon modèle en la personne de Mr Rickwood, l’ancien instit’ avec qui il avait travaillé pendant deux ans. Mais Mr Rickwood venait de partir en retraite et voilà qu’aujourd’hui sa remplaçante débarquait… Il avait complètement zappé ce détail de sa mémoire, pourtant il craignait l’arrivée de cette nouvelle tête dans l’école depuis des semaines. Il avait des automatismes avec Mr Rickwood et il sentait que les choses seraient bien différentes désormais… Ça n’allait pas être facile de gérer tout ce changement, aussi bien pour lui que pour les enfants : il y allait avoir un sacré temps d’adaptation, ce qui n’allait pas être évident alors que l’année scolaire était déjà bien entamée. Hugo espérait que cette nouvelle institutrice allait vite s’intégrer et que les choses se dérouleraient pour le mieux.
« Hugooooo !! » entendit-il hurler alors que les premiers enfants entraient dans la cour de l’école, les grilles à peine ouvertes. Comme prévu, les enfants de la classe dont il s’occupait venaient tous le saluer, les filles réclamant un bisou alors que les garçons voulaient qu’il entame une partie de foot avec eux.
« Oh ! C’est qui la dame qui vient d’entrer, dis Hugo ? » Hugo releva la tête et regarda dans la direction que la petite Ceylia lui indiquait du doigt. De dos, il vit le directeur et une jeune femme aux longs cheveux noirs entrer dans le bâtiment. Mince, il avait loupé l’arrivée de la nouvelle instit’ ! Lui qui se demandait depuis des semaines s’il allait avoir à faire à une vilaine sorcière toute laide.
« Aaah… Je crois bien que ça va être votre nouvelle maîtresse… ! » répondit-il à la petite-fille en lui lançant un sourire. Lorsque la sonnerie de l’école s’enclencha, Hugo regroupa les élèves par rangs de deux et tous ensemble, ils se dirigèrent vers leur salle de classe attitrée. Une fois les manteaux retirés et les trousses posées sur chaque table, Hugo leur demanda d’ouvrir leur cahier pour écrire la date du jour et commencer les exercices d’écriture. Le silence régnait dans la salle de classe depuis plusieurs minutes : les bambins étaient concentrés sur ce qu’ils devaient faire. Hugo passait dans les rangs pour vérifier qu’aucun élève n’avait de difficulté. Alors qu’il aidait la petite Ceylia à écrire la lettre « C » de son prénom en majuscule, c’est à cet instant que la porte de la salle de classe s’ouvrit, laissant apparaître le directeur de l’école en compagnie de la jeune femme brune qu’Hugo n’avait vu que de dos tout à l’heure.
Le visage d’Hugo se mit tout à coup à pâlir. La main crispée sur le crayon de la pauvre petite Ceylia, il n’arrivait pas à détacher son regard de la jeune femme qui venait d’entrer dans la pièce. Ce… n’était… pas possible. On se moquait de lui ou quoi ? Une asiatique ? Une asiatique ici à Pearl Trees ?
« Les enfants, je vous présente mademoiselle Thornton, votre nouvelle maîtresse. Je compte sur vous pour être aussi sage que d’habitude et de lui faire le meilleur des accueils. » Le directeur hocha la tête et quitta la salle de classe, refermant la porte derrière lui.
Figé sur place, Hugo n’arrivait pas à détacher son regard de la demoiselle Thornton. C’était la première fois en près de vingt ans qu’il voyait une autre personne d’origine asiatique, à part lui quand il se regardait dans le miroir. C’était avec elle qu’il allait devoir travailler à partir d’aujourd’hui ? C’était une blague ? Où était la caméra cachée ?
Hugo avala difficilement sa salive. Si c’était une blague, ce n’était définitivement pas drôle.
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Sujet: Re: [terminé] JoyHug || Basic Insti(nc)t. Mer 6 Nov - 22:35
BASIC INSTIT
Le réveil sonna une fois, puis deux jusqu'à ce que je m'extirpe lentement de mes draps. Il était encore tôt, j'aimais me lever en avance pour être réveillé une fois devant mes élèves. Mes lèvres se posèrent tendrement sur celle de Sam. « À ce soir » Il répondit en me serrant légèrement dans ses bras, mais je finis par m'en extirper. Aujourd'hui, c'était mon premier jour, celui qui allait déterminer le reste de mon année autant ne pas le foirer en arrivant en retard. Je me connaissais très bien, j'étais parfaitement capable d'arriver en retard. Pour le moment le plus important c'était de réussir à me réveiller et ce n'était pas gagné. Je n'avais pas réussi à trouver le sommeil. J'avais passé ma nuit à imaginer la rencontre avec mes futures élèves allant même jusqu'à essayer de deviner leurs visages et leurs prénoms ce qui était tout bonnement impossible. Cette nouvelle vie m'offrait un futur resplendissant et je refusais de le gâcher. Dans deux heures je deviendrai vraiment une institutrice. Je laissais échapper un petit gloussement de joie avant de bondir hors de la chambre. « Salut mon chéri » Mon amour, mon cœur, mon petit doudou tout doux. Peut être que j'en faisais trop avec mon chien. Sam trouvait que j'en faisais trop, après tout pour lui ce n'est qu'un chien. Mais pour moi cela a toujours été beaucoup plus. Blue se colla contre mes jambes avant de se laisser tomber sur mes pieds. « Gros doudou » J'adorais mon chien, impossible pour moi de le laisser à New York. Sam avait bien tenté de me persuader de le laisser à mes parents. C'était peine perdue, la présence de Blue était non négociable. Il s'élança en trottinant dans le couloir me laissant sur place. Si seulement je pouvais être aussi réveillée que lui. Comment faisait-il pour déborder de tant d'énergie ? « Je mange et on sort » Une fois mon petit-déjeuner avalé ou plutôt englouti, je sautais dans un vieux jogging et enfilait ma paire de tennis . Promener Blue chaque matin était un véritable plaisir à part peut-être quand il pleuvait des cordes et qu'il décidait de jouer à sauter dans les flaques... Enfin quand on aime on pardonne tout. Point positif, notre ballade matinale suffit à me réveiller. J'étais en pleine forme, en fait j'étais totalement hystérique. « Trop sévère ? » Debout devant le miroir dans ma salle de bain, je venais de passer une troisième tenue. Mon regard se posa sur Blue qui m'observait en somnolant, il n'allait pas tarder à s'endormir. Tous des traîtres! « Oué... trop sévère.. » Je ne pouvais pas arriver et ressembler à la sorcière de service. Je finis tout de même par mettre la main sur une tenue que je jugeais adéquate. Ni trop sévère ni trop décontractée, elle était parfaite. « Je vais faire un carton » m'exclamais-je tout en franchissant le palier de notre appartement.
Il ne me fallut que quelques minutes pour faire le trajet. Quelques minutes stressantes et mes exercices de respiration n'y changèrent rien. Je retrouvais avec plaisir l'école que j'avais foulé quelques temps plutôt lors de l'entretien d'embauche. Elle était parfaite, elle respirait la sérénité, la joie de vivre et j'allais en faire partie. « Mademoiselle Thornton ? » Le directeur se tenait devant moi. C'était lui qui m'avait donné ma chance, je devais être à la hauteur, mais je n'en doutais pas. « Oui ? Bonjour » Un large sourire sur le visage je lui emboîtais le pas d'un air décidé. En fait j'avais l'impression de me retrouver pour mon premier jour d'école au lycée, j'étais complètement terrifiée, mais je gardais ça pour moi et continuer d'avancer en gardant le sourire. Il me fit m'asseoir dans son bureau et m'expliqua quelques formalités. « Ne vous inquiétez pas, ça va bien se passer. Vous ne serez pas toute seule, vous serez assisté d'Hugo » Rassurée ? Il rigolait ou quoi ? Je préférais me retrouver toute seule qu'avec une personne qui allait se faire un plaisir de juger chacun de mes faits et gestes. « C'est parfait » me forçais-je à dire avant de me lever pour le suivre. J'oubliais rapidement la présence de ce ... c'était quoi déjà son nom ? Rha j'avais pourtant essayé de retenir, une référence à un parfum ou un truc comme ça. Et puis Zut, ce n'était pas si grave après tout, j'allais avoir de nombreuses occasions de l'apprendre.
Avant d'entrer dans la classe, je pris le temps de prendre une grande bouffée d'air frais. Cela allait le faire, Cela allait le faire. J'avais eu mon diplôme avec les félicitations, j'étais tout à fait capable de gérer une classe. Un large sourire se dessina sur mon visage tandis que je découvrais chacun de mes élèves. Je finis tout de même par remarquer l'adulte qui se trouvait parmi eux. Il était bizarre. Pourquoi me regardait-il comme ça ? Je haussais un sourcil puis l'autre avant de jeter un coup d’œil derrière moi. Personne. Qu'est-ce que ça pouvait m'énerver ? Je ne pus m'empêcher de faire les gros yeux. D'un air de dire -Qu'est-ce que tu as toi ? T'as vu un fantôme ou quoi ?- Cependant, je n'eus pas vraiment le temps de me lancer dans un duel de regard. Le directeur prit congé me laissant seul avec ma classe et cette espèce d'étrange personnage. Allez Joy, te laisse pas abattre. Vas-y lance toi dans l'aventure. « Bonjour, les enfants » Lançais-je d'une voix rayonnante tout en avançant dans la classe pour prendre place devant le tableau. Pour mon plus grand plaisir, ils lancèrent une multitude de "bonjour". « Je m'appelle Miss Thornton et je viens de New York. Je vais remplacer Mr Rickwood qui est parti à la retraite. Nous allons passer l'année ensemble et je suis certaine que nous allons bien nous amuser. » Ce n'était pas si mal comme début. Quoique nous n'étions pas là pour nous amuser. « Pour commencer, je vais demander à chacun d'entre vous de se présenter. Tu commences ? » Je désignais le premier enfant sur ma gauche, un petit garçon à la bouille friponne qui se mit immédiatement à rire avant de se lancer dans une présentation très détaillée de sa vie. « Merci Stephen, c'est très bien » D'un regard je désignais sa voisine et ainsi de suite jusqu'à la dernière table. Chacun des élèves se prêta avec plus ou moins bien à l'exercice, mais la réussite n'était pas le but de celui-ci. Mon regard se posa alors sur mon assistant. « Et vous ? » Nous venions tous de nous présenter, désormais c'était donc à lui de se prêter au jeu.
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Sujet: Re: [terminé] JoyHug || Basic Insti(nc)t. Ven 15 Nov - 19:42
Basic Instit. feat. Joy & Hugo
Hugo lâcha le stylo de la petite Ceylia qui s’échoua entre les deux pages du cahier de la petite fille et se redressa. Il était conscient d’avoir dévisagé la nouvelle institutrice durant de longues secondes –d’habitude, c’est lui qu’on dévisageait quand il entrait dans une pièce - mais ça avait été plus fort que lui. Ça avait été un choc – vraiment - quand il l’avait vue entrer dans la salle de classe… Un deuxième spécimen asiatique venait de débarquer à Pearl Trees et il allait travailler avec elle. Quand il raconterait ça à ses parents… ! Il ne pouvait pas s’empêcher de la regarder comme les gens, quand il était petit, avaient l’habitude de le regarder lui : comme une bête étrange. La jeune demoiselle semblait avoir remarqué qu’il la scrutait longuement puisqu’à un moment il la vit se retourner puis lui faire les gros yeux. Il ne manquait plus que ça : non seulement on lui avait collé une asiatique mais en plus une nana avec du caractère ! Il recula de quelques pas pour se positionner au fond de la classe et regarder comment la nouvelle arrivante allait gérer ses tous nouveaux élèves. Les bras croisés, un pied collé contre le mur derrière lui, Hugo écouta les élèves faire leur présentation un à un et en profita pour observer plus longuement la demoiselle Thornton, à l’abri de son regard. Cela ne faisait aucun doute que c’était son premier poste, elle était toute jeune, ça se voyait, mais elle semblait être relativement à l’aise et savait mettre le holà quand il le fallait. Depuis qu’elle interrogeait les enfants, un sourire gigantesque n’avait pas quitté ses lèvres et Hugo se demanda si en fait, ce n’était pas son visage naturel, comme si deux fils invisibles qui descendaient du plafond ne la forçaient pas à sourire aussi bêtement. Il n’aimait pas les gens qui souriaient ainsi tout le temps : pour lui, cela cachait beaucoup d’hypocrisie derrière et il n’aimait particulièrement pas les gens qui se montraient hypocrites avec les enfants. En tout cas, elle n’avait pas intérêt à être hypocrite avec ces enfants-là en particulier car il se ferait une joie de la remettre à sa place !
Il arqua un sourcil lorsqu’il l’entendit s’adresser à lui une fois la présentation de tous les enfants terminées.
« Et vous ? »
Tous les enfants se retournèrent et le regardèrent. Il n’eut même pas le temps de répondre à la jeune institutrice que déjà les enfants répondaient pour lui :
« C’est Hugo, c’est mon amoureux ! » « Non, c’est le mien ! » « N’importe quoi les filles ! De toute façon, Hugo il est trop vieux pour vous !! »
Hugo se mit à sourire en entendant les enfants se chamailler à cause de lui. « Du calme les enfants… Je ne crois pas que ce soit ça qui intéresse mademoiselle Thornton. » Il avança de quelques pas et ébouriffa la chevelure du petit Nathan au dernier rang, celui qui avait crié à corps et à cris il y a quelques instants qu’Hugo était trop vieux pour les filles de la classe. « Je suis Mr Livingston » fit-il à l’attention de la nouvelle enseignante. « Mais ici, tout le monde m’appelle Hugo. Je travaille quelques heures par semaine dans cette école, uniquement avec cette classe. Je suis là pour vous donner un coup de main au cas où… Et… c’est à peu près tout. »
« Hugo ? Hugo !!!! » fit Nathan qui le tira par la manche. « Dis, la maîtresse elle est comme toi, vous avez des yeux bizarres ! C’est ta cousine ? »
Hugo éclata de rire à la remarque du petit garçon. Il lui ébouriffa une nouvelle fois les cheveux et lui répondit : « Non, on n’est pas de la même famille mais on doit sûrement avoir les mêmes origines…» Il leva les yeux vers la nouvelle institutrice et se demanda qu’elles pouvaient bien être ses origines à elle. Chinoises ? Japonaises ? Coréennes comme lui ?
Alors qu’il se relevait et reprenait sa place vers le fond de la classe – afin de laisser à la nouvelle maîtresse le loisir de continuer son cours comme elle le voulait – la sonnerie annonçant la récréation se mit à retentir. Ce fut un tsunami de têtes blondes qui déferla hors de la pièce pour rejoindre la cour extérieure.
« Doucement, ne courez pas ! » hurla Hugo mais comme d’habitude, les enfants ne l’écoutaient déjà plus. Laissant échapper un rire, il avança vers la sortie et se retourna vers la demoiselle Thornton qui restait plantée là en plein milieu de la classe.
« Vous ne venez pas en pause ? Un quart d’heure, ça passe vite vous savez… !» lui dit-il. « Allez, j’vous offre le premier café. »
J'avais rêvé de cette journée pendant des semaines voir même des années. Depuis que je rêvais de devenir institutrice je m'étais imaginée mon premier jour d'école. Celui qui me dirait définitivement si j'avais fait le bon choix. Mon imagination a toujours été débordante. Des idées, j'en ai à la pelle et même si la plupart sont souvent mauvaises je n'ai pas manqué d'imagination pour penser à ce fameux jour. Mais bien sûr comme à chaque fois qu'on parle d'imagination la réalité est différente. Dans mes rêves les enfants étaient présents, mais pas lui. Non lui il n'y était. J'aurais pu rêver de lui dans d'autres circonstances. Quoique non je n'étais pas comme ça. J'aimais Sam et même si mon assistant possédait un certain charme. Je détectais un charme sournois... Le genre de mec dont il fallait obligatoirement se méfier quand on avait tendance à faire partie du groupe « Prince charmant ». Autre défaut, je jugeais parfois trop vite en tentant de me la jouer mentalist, mais je n'ai pas tellement doué dans ce genre de pratique. Hmm, il était temps que je remette de l'ordre dans mes idées, elles avaient une sacré tendance à s'emballer. J'étais tête en l'air, mais je n'y pouvais rien, je n'étais que la victime d'un esprit trop actif. On m'avait confié la plus petite section, par chance c'était aussi celle que je préférais à cause de la façon de pensée des enfants. Ils étaient encore dans un moment de leur vie où ils n'avaient pas vraiment besoin d'apprendre à grandir. C'était différent d'enseigner à cette classe qu'aux élèves plus âgés. D'une certaine manière, c'était un peu plus amusant. Même si je n'étais pas là pour m'amuser et vu de la façon dont il me regardait j'allais devoir faire attention à ma manière d'enseigner. Vu le nombre de bourdes que j'étais en mesure de faire en une heure, il risquait de devenir fou avant la fin de la journée et c'était bien la dernière chose que je voulais pour conclure mon premier jour de classe. En tout cas mon assistant semblait avoir gagné le cœur de chacun de mes élèves de quoi me rendre presque jalouse, mais en y réfléchissant ça ne pouvait qu'être positif pour l'ambiance de travail. Rien de pire que de travailler avec une personne qu'on ne peut pas se voir et ça c'est autant valable pour les enfants que pour les adultes. Un sourire se dessina sur mon visage « Que de succès » Laissais-je échapper d'un ton amusé avant de tender l'oreille pour écouter la présentation de mon assistant. Rha voilà, il s'appelait Hugo, comme Hugo Boss...
Je détestais qu'on me vienne en aide. Autant je pouvais passer des soirées à prêter mon épaule pour une amie éplorée de s'être fait quitter - pour l' énième fois- autant je détestais que ce soit moi qui prenne le rôle de la personne dans le besoin. Enfin, ce n'était pas vraiment ce genre de situation, il était là avant moi et en toute logique c'était à moi de faire des efforts d'intégration. Avec un peu de chance, on allait bien s'entendre. Ma tête se décomposa quelques secondes, moi ? Des yeux bizarres ? C'était la première fois qu'on me la faisait celle là. Dire que d'habitude, les gens étaient plutôt du genre à complimenter mon côté asiatique. La franchise des enfants... Si chaque adulte pouvait en posséder la moitié le monde se porterait sûrement mieux ou encore plus mal. En tout cas, ils venaient de me donner une bonne occasion pour me lancer dans un petit cours de géographie. « Je suis née en Corée » Je jetais un rapide coup d'oeil à la salle avant de poser un regard sur la carte du monde. « Est-ce que quelqu'un sait où se trouve la Corée ? » Les yeux de mes élèves se transformèrent en billes. Aucun d'eux ne semblaient savoir la situation géographique de la Corée dans le monde. Je venais donc de trouver une façon d'amorcer mon cours. Je n'étais pas si mal partie d'ailleurs, mais la sonnerie en décida autrement. Je jetais un rapide coup d’œil à ma montre. Mon dieu qu'est-ce que le temps passait vite. Mes élèves étaient bien plus au courant que moi, ils sortirent en courant de la salle sans se poser la moindre question tandis que je les observais en priant pour qu'aucun ne se tue en se prenant un mur. « Ils sortent toujours comme ça... » Laissais-je échapper. Habituée à la vie New Yorkaise, j'étais aussi habituée aux enfants et aux règles d'écoles assez huppées. Mon stage de fin d'étude c'était déroulé dans une école privée ou la sortie se faisait en rang d'oignons. Bon, il allait falloir s'habituer à cette nouvelle méthode. Mon regard se posa sur mon assistant, une pause ? « Avec plaisir » Je n'allais pas rester toute seule dans ma salle comme une pauvre idiote.. Surtout qu'on allait sûrement aller en salle des profs cela me permettrait de rencontrer les autres enseignants. « Hmm je n'aime pas le café, mais c'est gentil de proposer, je trouverai bien quelque chose à boire, vous pourriez peut-être m'aider à en apprendre plus sur les élèves et sur la classe» Des questions j'en avais des tonnes et c'était sûrement le mieux placé pour y répondre. « On pourrait peut-être se tutoyer ??? ça me donne l'impression d'avoir 50 ans » dis-je amusée . Le vouvoiement me mettait mal à l'aise. « Tu travailles ici depuis longtemps ? Les enfants ont l'air de bien te connaître. » Pour réussir à faire vivre une classe et intéressé des élèves, il fallait réussir à s'intéresser à leur vie et à leur méthode d'apprentissage. Hugo était finalement la seule personne capable de répondre à mes questions. Plongeant ma main dans son sac, j'en sortais une boite de chocolats avant d'en avaler un d'une traite. « T'en veux ? Ma mère est chocolatière, la meilleure de New York, enfin c'est ce qu'elle dit » En tout cas pour moi, elle avait toujours été la number one. Il était obligé de les aimer, tout le monde les adorait et puis en plus y en avaient pour tout goûts.
Hugo jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour voir si la nouvelle instit’ le suivait. Il n’avait pas particulièrement envie de servir de guide mais c’était son premier jour et il pouvait se montrer un peu clément avec elle. Il n’était pas sûr qu’elle arrive à trouver son chemin vers la salle des profs sans son aide (il ne connaissait que trop bien les femmes et leur fameux sens de l’orientation…) alors il attendit quelques secondes qu’elle daigne sortir de la salle de classe, ralentissant son pas.
Déjà ça commençait bien. Mademoiselle n’aimait pas le café. Et bien ça allait lui faire tout drôle quand elle verrait qu’il n’y avait que ça à boire en salle des profs. Tous les instits se shootaient à ça. Lâchant un petit rire, Hugo se demanda s’il devait lui dire que l’eau du robinet de la salle des profs n’était pas potable ou s’il allait lui laisser le loisir de boire quelques gorgées - si jamais elle se servait un verre d’eau bien entendu – avant de tout lui révéler. Ahlala, il ne savait pas pourquoi mais cette fille, il avait envie de la titiller. De la tester. Il avait comme une impression bizarre depuis qu’elle était entrée dans cette salle de classe – et donc dans sa vie – et il n’arrivait pas à mettre le doigt sur le mot exact qui pourrait décrire ce qu’il ressentait. Dans tous les cas, il allait s’amuser un peu avec elle. Juste histoire de confirmer si elle avait mauvais caractère ou non. Il se souvenait du regard qu’elle lui avait porté quand il l’avait fixée il y a quelques minutes à peine, comme s’il avait vu un fantôme. Jetant quelques regards vers elle, en essayant de ne pas trop se faire remarquer, il devait bien avouer qu’elle était mignonne. Il adorait les filles aux cheveux longs et puis ce genre de regard, un regard qui rit, des yeux qui pétillent de vie. Il y voyait beaucoup de tendresse et il savait, rien qu’en la regardant furtivement dans les yeux, qu’elle ferait une très bonne instit’ et que les enfants allaient l’adorer. Mais bon sang, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure que c’était la toute première classe qu’elle gérait… ! Elle avait encore l’allure d’une enfant elle-même s’il était tout à fait franc. Elle paraissait s’amuser de tout, ses yeux regardaient à gauche à droite alors qu’ils longeaient le couloir et qu’ils passaient devant les salles de classe des autres instits qui étaient déjà sortis et devaient sans aucun doute déjà être en train de siroter leur café.
« J’ai pas vraiment de trucs à vous dire sur les élèves… Ce sont des gosses, parfois gentils, parfois dissipés. Y a pas de « terreurs » si c’est ce que vous voulez savoir, vous avez hérité d’une classe où il n’y a que des gentils gamins. Rien de tel pour se faire la main pour un premier poste. »
Au fond du couloir, ils tournèrent à droite et passèrent devant la porte principale où on entendait les enfants crier dans la cour de récréation. Ils n’étaient plus très loin de la salle des profs mais ils marchaient au ralenti, enfin plutôt il marchait au rythme d’escargot de la demoiselle qui regardait décidément partout et qui avait décidé de le bombarder de questions alors qu’il n’avait pas encore bu son café… ! Elle lui proposait de se tutoyer ce qui, il devait bien l’avouer, serait plus commode. Il avait un peu de mal avec le fait de devoir vouvoyer quelqu’un qui était sûrement plus jeune que lui.
« Je ne tutoie que les gens dont je connais le prénom » fit-il remarquer. « Tu connais le mien, moi je sais juste que tu es mademoiselle Thornton, originaire de Corée et de New York… » Il termina sa phrase en lui lançant un petit clin d’œil. Hop, le plan d’attaque « je vais tout faire pour la titiller » commençait maintenant. Oh rien de méchant de prévu aujourd’hui, c’était tout de même son premier jour alors il allait y aller en douceur.
Elle continuait de le bombarder de questions et cela l’amusa de l’entendre parler à une telle vitesse. Cette fille était vraiment un drôle de spécimen… ! Spécimen, c’était bien là le mot. Elle lui donnait envie de l’analyser. Elle était asiatique, tout comme lui, mais c’était la toute première qu’il rencontrait alors… il avait envie d’en savoir plus sur elle. Il était curieux. Elle était tellement différente des filles qu’il avait pu rencontrer jusqu’à présent. Cette fille, cette mademoiselle Thornton contrastait totalement avec les autres habitants de Pearl Trees. Et ça lui plaisait à Hugo.
« Ça fait deux ans que je travaille là. Je venais faire quelques heures au début juste comme ça et puis l’ancien directeur m’a offert ce poste d’assistant. C’est toujours que quelques heures par semaine mais c’est déjà ça. Le boulot est cool, les enfants sont cools et c’est plutôt bien payé pour le peu d’heures que je fais... On est arrivé. » lui dit-il en désignant du doigt la porte de la salle des profs.
Avant d’entrer dans la salle, il vit la jeune institutrice chercher quelque chose dans son sac et en sortir une boîte de chocolats. Chocolat qu’elle lui proposa et qu’il accepta, le gardant dans sa main. Il la laissa passer devant lui et, dès qu’elle eut le dos tourné, un sourire machiavélique s’étira sur les lèvres du beau brun.
Alors qu’il entendait la jeune femme saluer ses nouveaux collègues et proposer ses chocolats, Hugo avala vite fait le chocolat qu’elle venait de lui offrir et fit mine de s’étouffer avec. Il le mâcha deux-trois fois et se dirigea vers la poubelle, non sans prendre des mains la boîte que tenait la jeune femme. Il cracha ce qu’il avait dans la bouche dans la petite poubelle à côté de la photocopieuse et vida le contenu de la boîte de chocolats à la suite, sous les yeux éberlués de la jeune femme et des collègues, tous présents.
« Couuuugh, couuuuugh !! Je vous ai tous sauvé la vie !! Ses chocolats sont immondes ! Croyez-moi, vous pouvez tous me remercier pour ce que je viens de faire… ! »
Pour un début ce n'était pas si mal me connaissant cela aurait pu être largement pire. J'aurai aimé me montrer plus à l'aise, plus performante, il me manquait de la confiance en moi. N'importe qui aurait pu remarquer qu'il s'agissait de mon premier jour, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure et c'était encore plus désagréable à cause de cet individu. J'avais l'impression qu'il ne cessait de me regarder et cela me mettait sérieusement mal à l'aise. Tout d'abord, parce que je n'aimais pas qu'on juge mon travail et aussi et surtout parce que je ne pouvais pas m'empêcher de me demander s'il avait une autre raison pour me regarder. Non, non, il n'y avait aucune autre raison, il était juste très impliqué dans son travail et cherchait à comprendre ma manière de travailler. Pourquoi d'autre me regarderait-il ? C'était sûrement pas le genre d'homme à craquer sur la petite institutrice qui rentre dans sa classe genre coup de foudre. De toute façon le coup de foudre ça ne peut arriver qu'entre deux personnes ce qui n'est bien évidemment pas le cas, mon cœur est à Sam. En tout cas malgré tout, il avait une qualité que je ne pouvais pas lui enlever, il savait particulièrement bien s'y prendre avec les enfants ce qui lui donnait un côté attachant. Pour le reste, je finirai sûrement par le découvrir avec le temps. On risquait de passer pas mal de temps ensemble alors autant réussir à bien s'entendre.
Il ne me laissa même pas le temps de ranger mon bureau. Monsieur s'était élancé à l'extérieur sans prendre le temps de m'attendre. Je ne lui demandais pas de me prendre pas la main, mais il aurait pu au moins m'attendre au pas de la porte. Par chance il n'avait pas tellement pris d'avance. Heureusement parce que je risquais bien de me retrouver dans les toilettes en cherchant à me rendre dans cette fameuse salle des profs. Qu'est- ce qu'il marchait vite ! Pfff j'allais arriver essoufflé en salle des profs. Chacune de ses foulées équivalaient à environ deux des miennes, c'est ça quand on de la chance de belles et longues jambes. Réussir à revenir à sa hauteur me demanda donc un petit effort physique. Heureusement quelques chocolats m'attendaient histoire de reprendre un peu de force. Il avait raison sur un point, commencer par cette classe c'était une vraie chance, cela allait me permettre de me faire la main sans trop de difficultés. « J'adore la petite section, ça toujours été ma classe préférée » C'était une question d'élèves bien sûr, mais aussi de programme. Toujours assez enfant, j'adorais le côté enfantin de la petite section, c'était celle qui me ressemblait le plus.
L'école n'était pas si grande que ça, mais je me connaissais assez bien alors autant être sur de savoir où je mettais les pieds. Les enfants courraient dans tous les sens, la récréation représentait pour eux le meilleur moment de la journée et sonnait pour les professeurs comme un petit moment de liberté avant d'affronter de nouveau ces petites têtes blondes. Les couloirs étaient remplis de dessins et autres œuvres qui représentaient la vie de l'école. Il allait falloir que je monte un projet pour la fête de fin d'année. Ou peut être qu'ils avaient déjà quelque chose de prévu ? Je lui jetais un regard en coin délaissant pour un temps ma contemplation des murs colorés et joyeux de cette école. Un sourire en coin se dessina sur mon visage. Croyait-il que cela allait être aussi facile ? « Je ne donne pas mon prénom à n'importe qui... » lui répondis-je tout aussi joueuse que lui. Si ça commençait comme ça, ça risquait d'être drôle...
« ça ne t'a jamais tenté de devenir instituteur ? » Après tout s'il aimait ce travail pourquoi ne pas tenter de travailler en tant qu'enseignant. Pour le moment ça se passait assez bien. C'était étrange , mais je ressentais une espèce d'alchimie entre nous deux ou peut être étais-je encore en train de m'inventer une vie.
Une fois arrivée dans la salle des profs, je me lançais dans une distribution de chocolats. Enfin ça c'était avant qu'il ne me prenne la boite pour la jeter à la poubelle. Gné ??? Immobile, je l'observais d'un air désabusé. « Non ,mais t'es complètement malade mon pauvre » dis-je tout en me précipitant vers la poubelle. « Bordel, ils sont fichus » Mon regard le mitrailla tandis que je me retenais de ne pas lui cracher à la figure. « Tu te prends pour qui? Si tu ne les aimes pas laisse au moins la chance aux autres de dire ce qu'ils en pensent !» Rha j'allais le tuer, il allait voir ce qu'il allait voir celui là. Dépitée, je me laissais tomber sur ma chaise avant de tenter en vain de me détendre. Non mais quel C**. Attrapant ma canette de cacolac, je me lançais dans une conversation avec mes nouveaux collègues, histoire d'apprendre à connaître tout le monde. Quand mon regard se posa de nouveau sur cet Hugo, il était en train de se servir un café. « Où sont les verres ? » Savannah, ma nouvelle collègue, m'indiqua un emplacement proche de mon assistant. Parfait, c'était parfait. Tout en attrapant mon verre je donnais un coup de coude à mon assistant envoyant ainsi voler sa tasse de café sur sa belle chemise et sur le haut de son jean.. « Rho pardon mais qu'est-ce que je suis gourde » laisse-je échapper avant de rajouter sans aucune gêne. « Tu devrais mettre de l'eau... pour te refroidir » Je reposais mon verre pile en face de lui avant de tourner les talons pour repartir à ma place. Il avait commencé la guerre, celle-ci était déclarée !!!
Hugo haussa un sourcil, étonné de constater que la demoiselle était joueuse et entrait dans son petit jeu. Il avait pensé la mettre mal à l'aise avec ce petit clin d’œil mais la jeune institutrice ne s'était pas démontée et avait fait preuve de répartie. Il s'amusait de voir que tous les deux se regardaient du coin de l’œil, observant les réactions de l'autre à la dérobée. Apparemment, il n'était pas le seul à vouloir tester l'autre, la demoiselle Thornton semblait avoir eu la même idée que lui le concernant. « Je ne donne pas mon prénom à n'importe qui... » venait-elle de lui dire dans un sourire, sourire qu'il lui rendit bien malgré lui. Il aimait ça, le fait qu'elle soit joueuse avec lui, qu'elle ait du répondant. Cela ne lui donnait envie que d'en apprendre plus sur elle : elle gardait une part de mystère qu'il voulait désormais absolument découvrir. Il ne répliqua pas, ne voulant pas lui faire croire qu'il était intéressé par le fait de connaître son prénom au final... mais il devait bien avouer que cela lui taraudait l'esprit alors qu'ils arrivaient au bout du trajet qui les menait à la salle des profs. Frustré, il avait enfoncé les mains dans les poches de son jean. Il ne connaissait cette fille que depuis quelques minutes mais déjà elle jouait avec ses nerfs. Il essayait de garder une attitude neutre, je-m'en-foutiste, mais ça le mettait en rogne qu'elle ne veuille même pas lui dire son prénom... Elle voulait qu'ils se tutoient alors qu'il ne savait même pas comment elle s'appelait ? OK, tout ça n'était qu'un jeu et elle le titillait tout comme lui l'avait titillée quelques secondes plus tôt mais bizarrement, il préférait être le seul à jouer à ce petit jeu et que ce soit elle la victime. D'habitude, il mettait toujours les jeunes femmes mal à l'aise quand il les titillait comme ça dès le départ et c'était bien la première fois qu'une demoiselle réagissait différemment et entrait dans son petit manège. Cette mademoiselle Thornton était vraiment bien différente de toutes les filles qu'il avait pu côtoyer à Pearl Trees ou à Woodburgh... C'était peut-être la mentalité New Yorkaise, les filles devaient se sentir plus à l'aise face à un garçon qui les taquinait...
Lorsqu'elle lui demanda s'il n'avait jamais été tenté par le fait de devenir instituteur, Hugo se mit à sourire et baissa la tête. S'il pouvait être instit', et surtout instit' dans cette école, il signerait tout de suite. C'était un rêve dont il ne parlait à personne, tout simplement parce qu'il était conscient que c'était un rêve irréalisable, complètement hors de sa portée. Sa vie en dehors du boulot était bien trop chaotique pour qu'il puisse se permettre de commencer des études dans ce domaine. Alors il se contentait pour l'instant de ce poste d'assistant qu'on lui avait offert malgré son manque de diplôme et de qualifications pour cet emploi...
« Je n'ai pas vraiment le temps pour ça... » lui répondit-il mystérieusement. Il n'avait aucune envie de s'épancher là-dessus. Avec qui que ce soit. Il ne voulait en aucun cas parler de ses parents, tous deux malades, qu'il devait aider en dehors de ses heures à l'école. En repensant ainsi à son père et sa mère qui continuaient de travailler du mieux qu'ils pouvaient malgré la maladie, Hugo se disait que, vraiment, il n'avait pas une minute à consacrer à des études. Il avait nettement plus urgent à gérer que de se trouver un boulot à plein temps.
Conscient que de sombres pensées commençaient à habiter son esprit, il se disait qu'il allait vite devoir remédier à ça et quoi de mieux que de titiller à nouveau la demoiselle pour retrouver sa bonne humeur qui le caractérisait tant ? Il n'avait pas trop prévu de lui faire un sale coup mais elle lui avait tendu la perche en lui offrant un des chocolats confectionnés par sa mère, « meilleure chocolatière de tout New York » selon ses dires... Et c'est vrai qu'il était rudement bon le chocolat qu'il avait engouffré dans sa bouche... Dommage qu'il n'en ait croqué qu'une petite bouchée avant de tout recracher dans la poubelle et d'y jeter le reste de la boîte. Mais cette petite perte, c'était le prix à payer pour la taquiner un peu et voir si elle allait sortir de ses gonds s'il passait au niveau supérieur. Il faut dire qu'elle l'avait cherché après tout... Si elle lui avait gentiment répondu et dit son prénom, peut-être qu'il n'aurait rien fait de spécial... Mais elle avait voulu entrer dans son jeu et maintenant elle allait devoir en subir les règles... Ses règles à lui... !
Alors qu'elle le sermonnait comme il se doit pour avoir osé jeter ses chocolats, Hugo fit un sourire discret au reste de ses collègues présents dans la salle pour bien leur faire comprendre qu'il était en train de s'amuser avec la nouvelle venue. Savannah hocha la tête d'un air dépité mais lui sourit en retour.
Son sourire à lui s'effaça aussitôt qu'il vit la jeune femme se retourner et le mitrailler du regard, lui passant un nouveau savon. Il se retint du mieux qu'il pût pour ne pas éclater de rire, fier d'avoir réussi à la faire sortir de ses gonds comme prévu. Enfin une réaction normale de sa part ! Tout content de la voir s'échouer avec la grâce d'un pachyderme sur sa chaise, Hugo alla se servir un bon café pour fêter cette première victoire mémorable sur la nouvelle institutrice. Se refaisant le film de ce qui s’était passé dans sa tête et rigolant mentalement d’avoir atteint le but qu’il s’était fixé, Hugo n’entendit pas les bruits de pas qui arrivaient derrière lui alors qu’il avait bientôt fini de remplir sa tasse. Et ce fut le drame. Dans son champ de vision, il vit un coude arriver vers lui et le bousculer d'un mouvement sec. Le coude de la nouvelle institutrice. Contre le bras qui tenait le mug de café... Résultat, la tasse et son contenu vola en l'air et retomba, bien sûr... complètement sur lui. La bouche ouverte, Hugo baissa la tête pour constater les dégâts... Sa chemise et le haut de son jean avaient maintenant la jolie teinte marron du café bien brûlant qui d'ailleurs commençait à lui chauffer la poitrine comme il faut... Lâchant un juron, il n'écouta même pas l'excuse pathétique et surtout ironique de la jeune institutrice. Bordel, c'est comme ça qu'elle se vengeait pour un malheureux chocolat ? Elle était pas au courant que la journée n'était pas finie et qu'il allait devoir se trimballer avec ça sur le dos devant les enfants ?
Il posa, énervé, la cafetière sur son socle et vida le peu de café qui lui restait dans sa tasse dans l'évier. C'était pas croyable !!!! Elle cherchait la guerre ou quoi ? Pour un petit chocolat elle arrivait à de telles extrémités ? Ce n'est pas juste un sale caractère qu'elle avait mais un véritable caractère de cochon bien insupportable !!
Hugo se retourna et vit qu'elle était allée se rasseoir, apparemment bien heureuse de la crasse qu'elle venait de lui faire... Oh mais ça n'allait pas se passer comme ça !! Elle avait beau être là depuis une matinée, il n'allait pas laisser passer un tel comportement envers lui. Foi de Livingston, elle allait se souvenir de sa première journée à l'école primaire de Pearl Trees ! Et en prime, elle allait lui faire des excuses !
Il s'approcha d'un pas rapide de la table où elle se trouvait et, sans même lui demander son avis, il lui attrapa le poignet et la força à se lever. Alors qu'il quittait la salle, Hugo entendit, en plus des protestations de la jeune femme, l'un de ses collègues murmurer aux autres "Et bien, ça promet si dès le premier jour ça commence comme ça entre eux..." Les autres s'étaient mis à rire, approuvant les dires de ce collègue, mais Hugo était loin de se marrer autant qu'eux... Si ça commençait comme ça dès le premier jour, il était persuadé qu'il allait la tuer avant la fin de la semaine...!
Traînant la demoiselle Thornton derrière lui, il entra dans la pièce qui était dédiée aux assistants et qui leur servait de vestiaire. Il referma la porte derrière eux et fusilla la jeune femme du regard. La bloquant entre lui et la porte, posant une main à côté de sa tête, il lui murmura d'un air menaçant : "Non seulement, tu vas t'excuser pour ce que tu viens de faire mais en plus tu vas me faire le plaisir d'amener mes fringues au pressing. Et n'essaye même pas de dire que tu as voulu te venger à cause de tes chocolats dégueulasses et que tu ne vois pas pourquoi tu devrais t'excuser... T'es une fille intelligente, tu sais très bien que tu viens de dépasser les limites..."
Il s'éloigna d'elle et ouvrit son casier duquel il sortit un survêtement qu'il utilisait lors des cours de sport avec les élèves. Ça n'allait pas être le nirvana mais ça serait mieux que de porter ses fringues tâchées jusqu'à la fin de cette matinée cauchemardesque... Il déboutonna sa chemise et fit glisser son jean le long de ses jambes et osa jeter un regard vers la demoiselle qui n'avait pas bougé d'un poil mais qui regardait partout sauf vers lui. Effectivement, la situation était un peu gênante mais, tellement énervé parce le sale coup qu'elle venait de lui faire, il ne s'était même pas rendu compte dans quelle position ils se trouvaient tous les deux : enfermés dans une pièce de dix mètres carrés avec lui torse nu et en caleçon devant elle...
Gêné, il enfila bien vite son survêtement et roula ses affaires tâchées en boule. Refermant son casier, il se dirigea vers la jeune femme et lui mit ses fringues entre les mains sans lui dire un mot, ne sachant pas vraiment trop quoi dire après ce moment... bizarre... qu'ils venaient de passer dans cette ridicule petite pièce.
Dans le couloir, la sonnerie de fin de récréation retentit. Et Hugo n'osa pas lui demander de se décaler alors qu'elle était pile devant la poignée de la porte. C'était la première fois de sa vie qu'une fille le mettait ainsi sur les nerfs si peu de temps après leur rencontre... Et c'était aussi la toute première fois qu'il se sentait intimidé devant quelqu'un...
A 23 ans il était sûrement temps de grandir et de passer à une étape supérieure et pourtant je m'accrochais comme une forcené à mon côté enfantin. Le monde des adultes n'était définitivement pas pour moi, il était trop ennuyeux. À croire que je possédais un petit côté Peter Pan. Cet Hugo avait quelque chose d'intéressant. Je ne le connaissais pas et pourtant il m'amusait déjà. Pas besoin de voir qu'il savait parfaitement jouer avec la gent féminine. Sauf qu'il venait de tomber sur un os. Il n'allait d'ailleurs pas tarder à le comprendre. S'il pensait que sa belle gueule suffirait à obtenir tout ce qu'il voulait de moi et bien il se fourvoyait totalement. En temps normal, j'aurai sûrement donné mon prénom et je serai passée à autre chose, mais avec lui je n'avais qu'une envie rentrer dans le jeu. Mon bel assistant était sûrement habitué à côtoyer des filles qui m'étaient totalement opposées. Etant donné que oui, j'étais quand même assez atypique dans mon genre. Alors que la plupart des filles se seraient sûrement jetées à son cou pour leur dire leur prénom tout en lui glissant leur numéro de téléphone, j'optais pour une option totalement différente et surtout bien plus amusante. Alors, oui, j'aurai aimé que sa réaction soit différente, il avait l'air de s'en foutre, mais j'aimais croire que ce n'était pas vraiment le cas. Hugo était assez mal tombé, j'avais grandi avec un frère carrément insupportable et il avait toujours amené son groupe de potes, alors autant dire que j'avais grandi entouré d'une multitude de mecs comme Hugo - en moins charmant soit dit en passant - D'ailleurs il se serait excessivement bien entendu avec mon frère. Son comportement me le rappelait. Heureusement pour moi, mon frère n'était pas là ce qui allait m'éviter des situations désagréables.
Comme comprendre son comportement ? Pourquoi jeter ma boite comme s'il s'agissait de la couche usagée d'un bébé ? Ces chocolats étaient juste délicieux et il venait de les ruiner. Si seulement il les avait mis dans une poubelle à papiers j'aurai pu tenter de les récupérer, mais là ce n'était même pas la peine. Le pire c'était son petit air. Monsieur semblait croire que son statut lui donner le droit d'agir comme il le souhaitait. J'étais nouvelle , ça je l'avais bien compris, mais de là à me bizuter...
J'ai bien essayé de lutter, je pouvais faire comme de rien était, passer à autre chose, discuter avec mes collègues et surtout j'aurais pu l'oublier, mais ça c'était sans compter sur l'effet qu'il m'avait fait au moment même ou mon regard s'était figé dans le sien. C'était simple, je ne pouvais tout simplement pas l'ignorer. Il ne pouvait pas s'en sortir comme ça ! C'était tout simplement hors de question. En une fraction de secondes, il venait de réveiller une partie de moi que j'avais cru éteinte et le pire c'est qu'une partie de moi était franchement contente que ça soit le cas. Bon ce n'était peut-être pas la meilleure idée du siècle, si le café était trop chaud il y avait de fortes chances pour qu'il finisse brûlé. Mais, bien évidemment j'y ai pensé après et son expression faciale fut assez jouissive pour que j'oublie ce petit détail. Rha il n'était pas en sucre, il n'allait pas se mettre à fondre. Ça suffirait sûrement pour qu'il me laisse tranquille le reste de la journée. Désormais, c'était clair, si on me cherche, on me trouve. Mes collègues me lancèrent des regards ahuris. Ils étaient sûrement surpris de ma réaction et me prenaient désormais tous pour une folle. Plus qu'à espérer que cela n'entache pas ma période d'essai.
Sirotant tranquillement mon cacolac tout en rêvant à ce qu'aurait pu être ma pause avec ma boite de chocolat j'en avais oublié mon assistant. Quand sa main se referma sur mon poignet, il était trop tard pour lui échapper. « Lache moi » Grommelais-je tout en essayant de m'accrocher à la table. Bien évidemment ma canette se renversa. « Ah nnnnnnnnnnan » Je n'eus pas vraiment le temps de pleurer la perte de mon cacolac. Mon assistant ne m'en laissa pas l'occasion. Il me tirait comme une vulgaire poubelle qu'on traîne avant de jeter. « Yaaaaaaaaaaaaaaaa lâche moi ou je porte plainte.... » Plantant mes pieds dans le sol, je tentais de lui rendre la tâche plus compliquée. Sauf que bien évidemment mes chères converses me servaient plus de patins que de crampons. Il me tirait avec une telle facilité que j'avais presque envie de me laisser tomber pour qu'il me porte. Je l'aurai sûrement fait si mon regard n'avait pas croisé celui de certains de mes élèves. Non je ne pouvais pas me laisser tomber par terre devant eux, ce n'était pas possible... Il n'avait peut-être le contrôle sur ma direction, mais pas sur ma langue et autant dire que celle -i était active. « Si tu crois que je vais te passer de la pommade, tu peux toujours rêver Livinsgton !!!»
Il finit par me tirer dans une salle avant de refermer la porte. Nan, mais il était complètement à l'ouest lui. Il croyait quoi ? Que j'allais lui sauter au cou comme une jeune fille en fleur ? Ça ressemblait à un film ! Collée contre la porte, je le mitraillais du regard avant de jeter un regard débité sur sa main qui se trouvait à côté de ma tête. Gné ??? Ah bhé oui, il était totalement malade. Que je lui nettoie ? Il m'avait mal regardé celui là. Déjà que pour laver le mien je devais me faire mal alors avant que je lave le sien... Quoique je pouvais très bien lui laver et le lui rendre complètement rose, il aurait sûrement adoré ça ! J'allais me lancer dans mon argumentation quand il enleva sa chemise. Oh my god... C'est qu'il était sérieusement bien foutu ! C'était du grand n'importe quoi. Je me trouvais dans une salle avec un inconnu et je me rinçais l'oeil. Reprenant doucement contact avec la réalité, je tournais la tête pour tenter d'observer quelque chose d'autre. Tient... C'était pas mal ça : un casier. C'était un très beau casier, un superbe casier... Mon regard vrilla doucement vers ses fesses... Qu'est-ce qu'il foutait en caleçon maintenant. Il avait de jolies fesses aussi. Rha !!! Concentration, casier ! Hmmm il était peut-être canon, mais ça ne changeait rien du tout à ce qu'il était : mon pire ennemi du moment.
Quand il déposa ses affaires dans mes mains, je ne pus m'empêcher de souffler tel un dragon enragé. Qu'est-ce qu'il m'énervait !!! Si j'avais été intelligente, j'aurai pris ses affaires pour mettre fin au conflit, mais c'était hors de questions parce que j'avais une folle envie que ça continue. Un sourire narquois se dessina sur mon visage tandis que je lui posais ses affaires dans ses bras. « Alors soyons clairs. Je ne suis pas ta bonne, encore moins ton larbin. Tu as jeté mes chocolats, tu avais qu'à y réfléchir avant. Comme si j'allais te nettoyer tes affaires, tu peux toujours courir ! Quant à recevoir des excuses, tu peux toujours rêver. Tu aurais plus de chance de voir passer Chucky que de me voir m'excuser !!! Mais pourquoi tu t'excuserais pas toi ? Si tu le fais je laverais peut-être tes affaires... ou du moins j'y penserais ! » La sonnerie retentit. Ah !!! La libération!! « Tu m'excuseras, j'ai autre chose à faire que de parler chiffons... J'y crois pas, c'est quand même incroyable de se croire autant supérieur. Tu as déjà pensé à consulter un psy ? Ou peut être que tu ne sais pas comment marche une machine à laver ? Je peux t'expliquer si tu veux ? » Si ça continuait comme ça je n'allais sûrement pas tarder à lui cracher à la figure. « Faut mettre ton linge dans le tambour pour commencer ! »
C’était confirmé. La nouvelle institutrice avait un caractère aussi bien trempé que lui. Hugo le remarqua immédiatement quand il lui lâcha sa pile de fringues dans les mains et qu’elle souffla tel un taureau prêt à foncer sur le matador. C’était un peu ce qu’ils étaient, les deux essayant de mettre l’autre à terre et ne voulant qu’une chose : la mise à mort. C’était à celui qui allait mettre le plus l’autre en rogne et pour l’instant, il menait avec un gros point d’écart. Mais, il le sentait, c’était sans compter sur le caractère revanchard de la nouvelle instit. Hugo se demanda tout à coup où cela allait bien pouvoir s’arrêter. Depuis qu’ils s’étaient rencontrés, c’était l’escalade, une véritable ascension du Mont-Everest sans même prendre de pauses… ! Chacun enchérissait dès que l’autre avait fait sa connerie… Qu’est-ce que la demoiselle allait lui réserver désormais ? Si elle avait été capable de quasiment le brûler au troisième degré, elle était capable du pire… ! Et s’ils suivaient cette logique de l’escalade, ce n’était pas à la fin de semaine que l’un des deux allait mourir mais aujourd’hui !
Voyant un sourire qui ne lui disait rien qui vaille se former aux coins des lèvres de l’institutrice, Hugo haussa un sourcil, attendant avec une certaine nervosité ce qu’elle était en train de lui concocter. L’air furibond, elle reposa les vêtements du jeune homme dans ses mains avant de débiter un flot continu de paroles…. Des mots, des mots, plein de mots !! Tellement de mots qu’il avait du mal à la suivre !! Y avait pas un bouton OFF sur cette nana ? Elle ne s’arrêtait jamais de parler ? C’était pas possible !! Dire que les femmes asiatiques étaient réputées pour leur calme et leur douceur… ! Là, c’était une contrefaçon qu’on venait de leur livrer à l’école ! Il l’écouta blablater jusqu’au bout, soupirant d’un air blasé. Il en avait rarement rencontré des filles comme elle, et des filles dans son genre qui lui prenaient autant la tête, ça JAMAIS !
« C’est pas croyable, tu t’arrêtes jamais de parler toi… ! » lui dit-il en la regardant dans les yeux. Comment pouvait-on être aussi têtue à ce point ? Elle n’abandonnait donc jamais ?
Il avait une sérieuse adversaire face à lui et il allait devoir user de toutes ses cartes pour remporter cette guerre. Cela ne lui faisait pas peur, bien au contraire. Hugo aimait qu’on le mette ainsi au défi. Celait faisait bien longtemps qu’il ne s’était pas amusé comme ça. Ces journées étaient bien monotones : aller travailler à l’école, rentrer aider ses parents à l’animalerie et passer sa soirée en boîte avant de finir à l’hôtel en galante compagnie. Et aujourd’hui, il y avait enfin un peu de nouveauté. C’était peut-être con à dire mais il aimait qu’elle lui tienne autant tête. Il n’avait qu’une envie : la faire plier…. Mais en même temps, il voulait voir jusqu’où elle pouvait aller.
Pour l’instant, il n’était pas déçu du résultat… C’était même un peu too much ! S’il avait été un garçon raisonnable, il aurait calmé les choses avant qu’elle ne décide de péter un plomb et de le découper en morceaux. Après tout, il ne savait rien de cette nana, il ne connaissait ni son prénom ni ses antécédents judiciaires... Il était peut-être enfermé avec une dangereuse psychopathe et il n’en savait strictement rien… ! Oui, bon, c’était fort peu probable, l’école ne lui aurait pas offert ce poste si elle avait des antécédents de meurtrière mais qui sait… ? S’il la taquinait vraiment un peu trop fort, elle pourrait se révéler sous son vrai jour… ! Chassant ces idées saugrenues dans un coin de sa tête, Hugo décida de passer à l’attaque. Hors de question qu’il la laisse sortir de ce vestiaire sur un match nul ! Et puis… Il était loin d’être un garçon raisonnable. Surtout quand il s’agissait de filles… Cette mademoiselle Thornton allait voir ce qu’elle allait voir !! Elle voulait jouer à la plus maligne avec lui ? Il avait plus d’un tour dans son sac ! Et celui-là, il était certain qu’elle ne s’y attendait pas. Affichant un sourire carnassier, Hugo jeta ses fringues tâchées par terre et avança d’un pas vers elle.
« Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour que tu te taises hein ? Faut que je te bâillonne et que je t’enferme dans mon vestiaire ? » Son visage s’adoucit alors qu’il regardait chaque réaction de la jeune institutrice. Cette fille était vraiment trop mignonne et il ne savait plus trop s’il voulait qu’elle le déteste ou qu’elle l’apprécie. Mais avec ce qu’il s’apprêtait à lui faire, il était sûr qu’ils allaient s’engager sur la première option...
« Ou alors pour te faire taire complètement… Je pourrais faire ça… »
Lui attrapant le menton du bout des doigts afin qu’elle lève sa tête vers lui, Hugo vint plaquer ses lèvres sur celles de la jeune femme. D’abord surprise parce qu’il venait d’oser faire, elle ne réagit pas immédiatement entre ses bras et Hugo en profita pour se rapprocher encore un peu plus d’elle, plaquant son corps contre le sien. Ce mouvement obligea la jeune femme à reculer et elle se retrouva plaquée entre lui et la porte des vestiaires. Jouant avec les lèvres de la jeune femme contre les siennes, il s’était attendu à ce qu’elle se débatte comme une furie… Ce qui arriva quand son autre main vint chercher l’arrière de sa tête afin que son visage ne se décolle pas du sien.
Il ne pensait même pas aux conséquences de son geste, au fait qu’ils étaient en retard pour aller chercher les enfants dans la cour de l’école, au fait qu’il allait travailler le reste de l’année avec elle, au fait que ce qu’il faisait était complètement fou et qu’il adorait ça. Il adorait la sensation de sa bouche contre la sienne. Il adorait ses cris en train de mourir en un son étouffé contre la paroi de ses lèvres…La tête d’Hugo se mit à tourner, pris dans un tourbillon qu’il n’arrivait même pas à contrôler. Il ne s’était pas attendu à ça, il pensait maîtriser la situation mais cette nana était en train de le rendre dingue, dans tous les sens du terme. Il aurait dû se réjouir du fait qu’il avait enfin réussi à la faire taire et qu’il avait encore marqué un point mais toute pensée de la sorte s’était échappée de son esprit à vitesse grand V. Il n’y avait plus de taquinerie, plus de guerre sans merci… Il n’y avait plus que son souffle qui se mêlait au sien, sa bouche qui venait de s’entrouvrir et sa langue qui venait lentement caresser la sienne. Il n’y avait plus que lui et cette jeune femme qui répondait à son baiser et qui ne faisait rien comme il s’y attendait. Elle ne se débattait même plus et lui non plus : ils avaient rendus les armes en même temps.
Il n’y avait plus qu’elle. Et il ne connaissait même pas son prénom…
Me voilà enfermée dans une pièce avec un homme que je ne connaissais pas. En toute logique, j'aurais dû chercher la sortie, m'enfuir en courant pour ne plus jamais revenir et passer le reste de mon année à le fuir, parce que oui il avait un grain (et moi aussi) . Pourtant, je restais là, figer, incapable de détourner mon regard du sien. Je le détestais autant qu'il me captivait et c'était déstabilisant. D'une nature romantique, c'était le genre d'émotions que je rêvais de ressentir, mais pas comme ça, c'était beaucoup plus beau dans mes rêves. Je déglutissais, tentant en vain de trouver assez de volonté pour sortir de cette pièce. Je ne pouvais pas y rester. D'un parce que je savais parfaitement que s'enfermer avec un homme dans un vestiaire le premier jour de classe ne serait pas bien vu et de deux parce que j'avais vraiment trop envie de rester enfermée avec lui ce qui ne me ressemblait pas. Quelqu'un avait dû me droguer ou un truc comme ça. Pourtant, j'avais beau y réfléchir, la seule chose que j'avais bu c'était mon cacolac et personne d'autre que moi n'avait mis ses mains sur ma canette. En fait ce qui m'inquiétait le plus ce n'était pas d'être enfermée en lui, mais de trouver que ce n'était pas si mal. Dire qu'en temps normal je détestais me retrouver enfermée avec quelqu'un et là j'avais presque envie de fermer la porte à clé pour qu'on continue à s'engueuler comme deux gamins devant un bac à sable tentant de voler la pelle de l'autre . Notre relation était telle que je pouvais assurer que nous étions en mesure de nous battre pour une pelle !!!L. C'était juste incompréhensible de ressentir autant de choses pour une personne en même pas une heure. J'étais totalement folle et j'aimais ça. J'aimais m'engueuler avec lui et l'énerver. En fait, j'étais tout simplement en train de m'éclater comme je ne l'avais jamais fait depuis longtemps.
En plus, il voulait que je me taise?! Nanmeho on t'a pas appris que les femmes sont libres. « On a obtenu le droit de vote, on a le droit de s'exprimer, on est plus dans une société archaïque » Il n'avait encore rien vu, j'étais incapable de m'arrêter de parler surtout quand j'étais énervée. Dans ce genre de situations je déballais un taux important d'inepties. Hugo était bien tombé, il m'avait tellement énervé que j'étais partie pour en jamais m'arrêter. Plus il me disait de me taire et plus j'avais envie de parler juste pour voir comment il allait réagir. Je continuais à jouer à ce petit jeu telle une innocente qui espérait ne jamais trouver la limite. « Tu m'as déjà enfermé dans un vestiaire et je parle toujours, va t'en falloir pour me faire taire, personne a jamais réussi » Heureusement qu'on ne jouait pas au roi du silence parce que dans ce cas-là j'aurai dû admettre ma défaite au bout de trois secondes. Mais là, j'étais dans mon élément, je pouvais contrecarrer tous ses arguments ! Depuis que j'avais commencé à parler, je n'avais jamais cessé. Puis me taire lui aurait fait bien trop plaisir pour que je me la ferme. C'était tellement plus intéressant de le voir s'énerver devant mes paroles qui sortaient en flots continus. Soufflant tel un dragon enragé, je lui aurais sûrement brûlé le visage si j'avais été capable de cracher des flammes.
Je tenais le bon bout, j'allais gagner la partie et il allait partir la queue entre les pattes. Enfin ça c'était juste avant que son regard ne change pour ce faire plus doux me faisant fondre comme de la guimauve près d'un feu. « Rêve tou... » Mais qu'était-il en train de faire ! Espèce de malade !!! M'embrasser ? Comme si cela allait me faire taire. J'allais lui en foutre une dont il allait se souvenir toute sa vie. Joy e-s Thornton n'est pas une fille facile !!! Mes mains se posèrent contre lui dans le but de le repousser. Mais quand il commença réellement à m'embrasser ses lèvres et sa langue eurent un effet tout à fait inattendues. Je n'avais plus aucune envie de le repousser, mais juste de profiter comme si son baiser m'apportait la seule chose dont j'avais besoin pour vivre. Je n'avais jamais ressenti ça pour quelqu'un et fallait que cela tombe sur lui. Même avec Sam, je ne m'étais jamais senti aussi bien. Je virais Sam de mon esprit comme s'il s'agissait d'une simple bille avant de passer mes bras autour de la nuque de mon assistant que je connaissais depuis... rha on s'en moquait ce n'était pas ce qui comptait pour le moment. Je n'avais jamais éprouvé autant de désir pour quelqu'un à tel point que je ne me contrôlais plus. J'étais juste en train d'apprécier chaque seconde de ce baiser tout en priant pour qu'il ne cesse jamais. Dans une danse effrénée, ma langue se mêla à la sienne tandis que je me collais encore un peu plus à lui. J'avais complètement oublié que j'étais en couple, encore plus à quel point j'avais eu envie de le tuer quelques minutes auparavant. En fait je ne pensais à rien, si ce n'est à lui et à ce qu'il était en train de me faire ressentir à ce moment précis et autant le dire c'était plus fort que tout ce que j'avais pu vivre dans ma vie. Tellement fort que j'en oubliais toute pudeur. Mes jambes s'enroulèrent autour de sa taille, j'en voulais encore plus. Parfaitement à l'aise dans ses bras, je profitais de chaque seconde de ce corps à corps en regrettant même qu'il est enfilé un jogging.
Cependant, comme dans tout rêve, la réalité me rattrapa bien trop vite quand une voix suraiguë se fit entendre de l'autre côté de la porte. Sûrement une des profs qui rappelait un des élèves à l'ordre. Décollant mes lèvres des siennes en laissant échapper un petit râle de désespoir. On ne pouvait pas être tranquille Doucement la raison reprit le dessus sur mes émotions. Toujours enroulée autour de mon cher assistant, je l'observais d'un air songeur. Il avait un regard magnifique soi dit en passant. Mes yeux quittèrent les siens quelques instants pour observer mes jambes. J'avais vraiment fait ça ? Dire que Sam n'avait jamais eu cette chance. La honte... Je pinçais les lèvres d'un air dépité cherchant quelque chose à dire pour justifier ma réaction. Rien ne venait, c'était le blanc total. Je finis par trouver assez de volonté pour retirer mes jambes et retrouver le contact avec le sol. Instinctivement, je me décollais de lui avant de le fusiller du regard pour tenter de me donner assez de courage pour quitter cette foutue pièce -et surtout lui- . « Recommences et je te tue » J'avais prononcé cette phrase avec si peu de volonté que cela me donnait presque envie de rire de moi-même. Fallait que je parte, vite... Tournant les talons je bondissais sur la porte. Toujours aussi chamboulée par ce qui venait de se passer, j'étais incapable de l'ouvrir et me battait avec la poignée qui semblait s'amuser de ma maladresse. « Rhhhha mais tu vas t'ouvrir !!!! » Si en plus les portes se mettaient contre toi je n'étais pas sortie de l'auberge. « Ahhhhh !!!! » M'exclamais-je quand celle-ci décida enfin de s'ouvrir. Joy 1 - La porte 0. Je sortais de la pièce avant de jeter un coup d'oeil autour de moi. Rha nan ??? Ou m'avait-il traîné ? Où était ma salle? Prenant sur moi, je tournais les talons pour lui faire de face. «Elle est où la salle ? » demandais-je rouge comme une écrevisse ayant pris un bain de soleil. Ma première journée était complètement foutue à cause de lui et pourtant je savais parfaitement que je ne pourrai plus me passer de cet Hugo. Il venait de me prendre au piège et j'aimais ça. Jusqu'alors j'avais pensé contrôler ma vie, mais non je ne contrôlais rien, en tout cas pas quand il était dans le coin.
L’air commençait à se raréfier autour de lui mais Hugo s’en fichait. Rien ne comptait à part ses lèvres posées sur celles de cette jeune femme qu’il connaissait à peine. Cela ne le dérangeait pas d’habitude d’embrasser de parfaites inconnues – sa vie amoureuse se résumait à ça ces dernières années – mais aujourd’hui, c’était différent. Ce n’était pas une fille de passage qu’il allait quitter à la porte d’un vulgaire motel qu’il était en train d’embrasser, c’était sa nouvelle collègue et il allait passer l’année scolaire entière et même les suivantes en sa compagnie. Ce n’était pas une fille dont il allait pouvoir enlever le numéro de son répertoire téléphonique et complètement zapper du jour au lendemain. Non… et pourtant cela ne le gênait pas plus que ça qu’ils s’embrassent ainsi une heure à peine après leur rencontre électrique.
Oui, il avait voulu la faire taire par tous les moyens et Hugo s’y connaissait dans ce domaine, il savait comment faire taire les demoiselles ou les faire crier plus que de raison, mais ce n’était plus un simple jeu du « celui qui emmerdera le plus l’autre ». Plus il était en train de l’embrasser et plus il y voyait clair : il était attiré par cette fille. Il y avait quelque chose chez elle qui l’attirait inévitablement depuis le moment où il avait posé les yeux sur elle. Hormis le fait qu’elle soit la première asiatique qu’il ait rencontrée à Pearl Trees, elle était surtout la seule qui lui ait fait ressentir autant de choses en si peu de temps. En une heure à peine, ils avaient réussi à se chamailler, s’engueuler comme du poisson pourri, rigoler ensemble et se jeter l’un sur l’autre. Sans oublier le fait qu’il s’était dessapé devant elle… ! Et puis il y avait cette putain d’alchimie entre eux sur laquelle il ne pouvait pas fermer les yeux. C’était indéniable, il y avait quelque chose. Et il avait envie de creuser un peu plus, éclaircir ce mystère qui régnait autour d’elle, cette demoiselle sans prénom, il voulait comprendre pourquoi il était attiré par elle, pourquoi il avait envie à la fois de la tuer et de l’embrasser à en perdre haleine… Tout ceci n’avait été qu’un jeu au départ mais les choses avaient vite dérapé et c’était complètement déroutant pour Hugo qui avait toujours été maître de la situation, peu importe laquelle. Alors quand il sentit les bras de la demoiselle s’enrouler autour de son cou et le baiser s’approfondir, il ne chercha même plus à comprendre. Son cerveau se mit instantanément sur pause, cela ne servait plus à rien de réfléchir et de chercher à analyser les choses : cette fille était vraiment trop surprenante.
Hugo fit abstraction de tout, de l’environnement dans lequel ils étaient (si le directeur les surprenait ici… il ne voulait même pas imaginer !), du fait qu’ils étaient maintenant très en retard pour aller chercher les gamins dans la cour de récré, et décida simplement de profiter de l’instant présent et de toutes les sensations – bien que contradictoires – que cette jeune femme lui faisait ressentir. Avait-il déjà ressenti autant de choses avec une autre femme ? Qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire tous ces frissons qui envahissaient son corps ?
Il crut péter un plomb lorsqu’il sentit l’une des jambes de la nouvelle institutrice s’enrouler autour de lui, puis la deuxième. Un cri de surprise mêlé à du plaisir s’échappa de ses lèvres alors qu’il passait ses mains sous ses cuisses pour la soutenir. Il avança encore légèrement pour bien la caler entre lui et la porte et le baiser se fit plus intense. Mince, elle était folle de jouer avec ses nerfs ainsi… ! Est-ce que c’était voulu ? Est-ce qu’elle était encore en train de jouer à leur petit jeu de celui qui surenchérira le plus ? A vrai dire, en cet instant précis, il s’en fichait un peu si c’était lui ou elle qui allait gagner leur jeu… Même si c’était elle qui gagnait, il ne serait pas perdant après un tel baiser.
Alors qu’ils continuaient de s’embrasser comme s’il n’y allait pas avoir de lendemain, il entendit un cri derrière la porte et réalisa que ses collègues étaient déjà en train de ramener leurs élèves dans leur salle de classe respective. Ce cri fit apparemment réagir sa nouvelle collègue qui se détacha petit à petit de ses lèvres, à son plus grand regret. Il la fixa dans les yeux, cherchant dans son regard des réponses à toutes les questions qu’il s’était posées durant leur baiser. En une fraction de seconde, il comprit que ça n’avait pas fait partie du jeu. Il n’y avait pas cette lueur de défi auquel il s’était attendu. Au contraire, elle semblait chamboulée par ce qui venait de se passer entre eux, elle mit quelques secondes à reprendre ses esprits avant de dérouler lentement ses jambes et de reprendre contact avec le sol – et donc la réalité. Les mains d’Hugo avaient remonté le long de ses cuisses durant cette opération avant de s’échouer sur ses fesses quelques instants. Réalisant l’endroit où elles se trouvaient, Hugo mit bien vite ses mains dans les poches de son jogging, comme un gamin prit en faute qu’on aurait attrapé la main dans le sac.
« Recommence et je te tue » prononça-t-elle alors et Hugo se demanda si elle parlait du baiser ou du fait de lui toucher les fesses ainsi. Un sourire s’afficha sur les lèvres du jeune homme, cette nana n’était vraiment pas douée pour les menaces… N’avait-elle pas encore compris que plus elle dirait quelque chose et plus lui allait faire le contraire rien que pour l’embêter ? Il se mordit la lèvre inférieure, s’efforçant de retenir un rire dans sa gorge. Lorsqu’il baissa à nouveau le regard vers elle, elle s’était déjà retournée, prête à s’enfuir de cet endroit, la main sur la poignée de la porte. Elle s’énervait dessus, n’arrivant pas à l’ouvrir malgré le fait qu’elle secouait la pauvre poignée dans tous les sens. Hugo se mit à rire légèrement, cette fille et ses réactions l’amusaient vraiment beaucoup.
Lorsque la porte s’ouvrit et que l’air frais du couloir s’engouffra dans le vestiaire, il se rendit compte que l’air de la pièce avait vraiment chauffé durant leur petite « chamaillerie »… La tornade Thornton sortit de son champ de vision et il s’amusa de la voir partir dans la mauvaise direction. Il sortit lentement de la pièce, les mains toujours enfoncées dans les poches de son jogging et attendit patiemment que la demoiselle vienne quémander son aide.
« Elle est où la salle ? » fit-elle tout en se retournant vers lui. Le cœur d’Hugo rata un battement lorsqu’il la vit gênée, les joues aussi rouges qu’une tomate et les cheveux emmêlés ainsi. Il y avait tant de facettes en elle… Dire qu’il y a quelques instants elle avait été femme fatale et que maintenant elle était femme-enfant… Attendri et amusé par tout ça, Hugo lui offrit un sourire et lui indiqua la direction opposée d’un signe de tête.
« La salle est pas loin derrière toi mais ça serait bien qu’on aille chercher les gamins avant, qu’est-ce que t’en penses ? » Le sourire se transforma en petit rire moqueur. Bon sang, il aimait trop taquiner cette fille, c’était si simple de l’enquiquiner et de la faire sortir de ses gonds… ! Il attendit qu’elle arrive à son niveau et passe à côté de lui avant de lui attraper doucement le poignet pour la retenir.
« Attends… » murmura-t-il, passant son autre main dans les cheveux de la jeune femme afin d’enlever comme il pouvait les nœuds qu’il y avait.
« Ça serait embêtant que les gens pensent qu’il s’est passé quelque chose entre nous, tu ne crois pas… ? »
Baissant le regard à nouveau vers elle, Hugo lui offrit un clin d’œil complice.
Mon coeur s'était lancé dans un concerto, il battait si fort qu'il me donnait franchement envie de l'attraper pour le calmer. J'étais censée avoir du contrôle sur ce genre de truc, mais pour le moment la seule chose que je contrôlais c'était de m'empêcher de lui sauter de nouveau dessus. Je n'avais jamais fait l'expérience de ce genre d'attirance. Au contraire pour moi c'était quelque chose d'assez inconcevable. Avant l'attirance il devait obligatoirement y avoir de l'amour. Comme quoi je m'étais une fois de plus fourvoyée. J'allais mettre ce souvenir dans une partie de mon esprit et j'allais l'enfermer à double tour, j'allais l'enterrer sous un amas de béton pour qu'il disparaisse et ne vienne plus jamais troubler ma tranquillité. Je venais de faire une erreur, une toute petite erreur. Je vivais une passe difficile dans mon couple, c'était donc tout à fait normal de sauter au cou du premier inconnu qui m'en laissait la possibilité. Tout à fait normal !!!! Nan ce n'était pas normal du tout, ça ne me ressemblait pas. J'étais aussi débridée qu'une nonne, enfin quand même pas à ce point-là. Alors, embrasser quelqu'un comme je venais de le faire, c'était tout bonnement de l'ordre de l'impossible. Et pourtant c'était bien moi qui avais répondu à ses lèvres et qui en plus de ça lui avait littéralement sauté dessus. Je jetais un coup d'oeil à Hugo qui représentait désormais pour moi : le pécher originel , un beau pécher par ailleurs.
Tentant de remettre un peu d'ordre dans mon esprit , je prenais évidemment le mauvais couloir. Dans la vie quand on est comme moi, il faut savoir accepter les risques qu'on encourt. Se perdre dans un lieu si peu étendu qu'une école en fait partie. Je devais aussi avouer que je n'étais pas vraiment apte à réfléchir si ce n'est à penser à mon très cher assistant. Pour le moment, j'étais juste en train de me demande ce qu'il avait pensé de moi. Comme première impression j'avais fait fort. Il allait me ranger dans le coin des fanatiques et en plus des filles faciles. C'était déprimant. Après tous ceux qu'il venait de me faire subir, j'avais encore envie de lui faire bonne impression, n'importe quoi... Mon regard se posa sur Hugo, il était bien le seul à pouvoir me venir en aide. Et dans le fond j'avais franchement envie qu'il me vienne en aide. Incapable de garder une certaine contenance, j'essayais de ne pas me transformer en tomate, mais c'était déjà trop tard et le sourire qu'il affichait ne fit qu'accentuer mon malaise. Ce mec était .... Non il n'était rien, rien du tout. Il m'avait mis dans un tel état que je me sentais incapable de répondre à une question basique. « Les enfants ? » rha oui les enfants, c'était bien de me rendre dans ma classe, mais c'était encore mieux de m'y rendre avec mes élèves. Pinçant les lèvres et plissant les yeux je le fusillais des regards. Qu'est-ce qu'il avait encore ? Il trouvait ça drôle. Rigoles, rigoles , on verra bien qui rira le dernier. « T'es bien plus exaspérant que séduisant!!! » Je m'élançais dans la direction indiquée et passais devant lui bien décidée à le snober. Il ne méritait pas mon attention (il l'avait déjà trop accaparé). Rha, C'était une manie chez lui de chopper les filles par le poignet !!! « Rhoo non je ne vais pas encore aller m'enfermer dans les vestiaires avec toi, on est en retard » Fallait pas trop rêver non plus. « je t'ai dit de ne plus jamais me toucher » Pour ne pas craquer, j'étais tout simplement obligée de m'énerver, cela m'aidait à ne pas penser à ce que j'avais envie au plus profond de moi. En une seconde il venait de mettre fin à toutes mes bonnes volontés, le simple contact de sa main dans ma chevelure brune suffit à me rendre aussi douce qu'un agneau. « Ah oui c'est sûr » Il avait raison, c'était une bonne idée, pour une fois qu'il en avait une on n'allait pas s'en priver. Tournant la tête je jetais un rapide coup d’œil à la vitre pour admirer l'étendue des dégâts. « Tu aurais pu éviter de me décoiffer » dis-je d'une voix légèrement amusée avant de reposer mes yeux sur Hugo. Il avait commencé alors autant qu'il finisse. « Bon ... Je nous accorde deux minutes de trêve ! » Dans cette histoire je n'étais pas la seule à ressembler à un as de trèfle. J'avais foutu une jolie pagaille dans la chevelure du beau brun. Bon il n'était pas si bien coiffer que ça, mais j'avais un peu empiré le truc. Passant à mon tour ma main dans ses cheveux j'arrangeais ce qui pouvait l'être. « Voilà c'est mieux » dis-je tout en admirant mon travail. « Fin de la trêve » déclarais-je avant de pivoter pour rejoindre la cour et la porte d'entrée de ma classe. « Les enfants, on rentre » Les protestations fusèrent de toute part, mais l'apparition d'Hugo suffit à faire rentrer tout le troupeau dans la salle de classe. J'allais pouvoir reprendre tranquillement ma journée et surtout tentait d'oublier mon bel assistant que je cherchais du coin de l’œil. Il était ou ? Fallait bien que je m'assure de sa présence. Après tout, il était aussi sous ma responsabilité !
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