Depuis que j’étais arrivée ici, je ne pouvais pas dire que j’étais ravie. Je ne détestais pas Pearl Trees, j’avais simplement l’habitude d’habiter dans de grandes villes depuis ma plus tendre enfance. Me retrouver à la campagne, c’était le meilleur moyen pour me faire déprimer. Lorsque Julian m’avait annoncé sa mutation, j’avais pensé qu’on irait dans une grande ville genre Los Angeles, Seattle, Boston et j’en passe les meilleurs. Sauf qu’on s’était retrouvé à Pearl. Trees. Ce n’était pas non plus la fin du monde mais ça changeait des grands buildings que j’avais l’habitude de voir à Phoenix. En repensant, à Phoenix, je me rappelais aussi ce fameux où j’avais annoncé à Julian que j’étais enceinte. Ça peut vous sembler une bonne nouvelle mais pas pour moi. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison, que je ne le suis pas. Je lui mentis mais c’est une longue histoire. Du coup, il croit que je suis enceinte et je ne sais pas vraiment comment m’en sortir. J’essaie d’oublier ce mensonge. Je trouverais bien une solution : simuler une fausse couche ou un truc du genre. Ou simplement lui dire la vérité, ça pourrait aussi être une bonne idée. Je soupirais quelque peu en repensant à tout ça, lorsque j’entendis le téléphone de la maison sonné. Je sursautais mais finis par aller répondre. C’était Julian. Un peu plus tôt dans la journée, je lui avais envoyé une liste de course. Je détestais faire les courses. Le monde, ne pas avancer dans les rayons, se faire bousculer parce que certaines personnes sont pressées, ça va bien deux secondes. Et puis, n’oublions pas que moi et la patience ça fait deux. Surtout si on commence à me bousculer, je ne suis pas le genre de fille qui laisse passer ce genre de chose. N’empêche que Julian avait vraiment l’air désespérer. J’étais légèrement amusée quand même. Je finis par accepter de le rejoindre. Déjà parce que si je ne venais pas, c’était le meilleur moyen pour qu’il me fasse la tronche en rentrant et aussi parce que je savais qu’il mettrait un temps fou à faire ces courses. Je pris donc ma voiture. Oui, ne faut pas non plus déconner : même pour faire 500 m, je prenais ma voiture. Il n’y avait pas des masses de transports en commun. Même s’il y en avait, je ne les prendrais pas. J’avais l’habitude d’avoir mon petit confort, dans ma voiture que Julian m’avait offert d’ailleurs. Un bien beau cadeau soi dit en passant. Arrivée sur le parking, je pris une place et après avoir fermé à clé ma voiture, je me dirigeais vers le magasin. A l’entrée, je pris un panier sait-on jamais : d’ici que Julian n’est pas pris de panier ou de chariot, il n’y en avait pas pour longtemps. Je le cherchais durant quelques minutes, puis quand je le vis je me dirigeais vers lui. Il m’embrassa et me fit des compliments. Je lui souris et répondis, plus pour l’embêter qu’autre chose :

« Tu me fais des compliments pour te faire pardonner de m’avoir fait déplacer jusqu’ici ? » Je lui souris de nouveau, et déposa un bisou sur un joue avant de lui répondre la liste des mains. J’ajoutais ensuite : « Mes trucs ? Je te signale qu’il y a des choses à toi aussi. » Je parcourus la liste, non pas parce que je ne la connaissais mais surtout pour me la remettre en mémoire. J’ajoutais ensuite à l’intention de mon mari : « Allez, viens, je vais t’apprendre à faire des courses. Tu te coucheras moins bêtes ce soir. » Je le pris par la main et l’emmena vers le rayon des céréales et attrapa un paquet : « Tu vois, c’est pas compliqué, tu cherches le rayon et une fois que t’es dans le rayon, tu cherches la marque et t’oublie surtout pas de regarder la date. » Je retournais vers lui avec un sourire moqueur. Qui aime bien, châtie bien non ?

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