Judith & Elina

Le temps a passé, bien des choses ont changées...

N ous étions samedi après-midi, en plein cœur d’un weekend plutôt ensoleillé. Il faisait agréablement doux pour l’époque. Le printemps semblait avoir décidé de s’installer et rester dans la petite ville de Pearl Trees. Il était agréable de pouvoir se promener en ville, flâner en tenue décontractée, sans toutes ces couches de pulls et manteaux de l’hiver qui, lui, avait visiblement plié bagage.
Tout le monde semblait ravi de se trouver en ville, tout le monde ou presque… Elina, elle, n’aimait pas le weekend. Beau temps ou pas, elle s’en fichait. Encore qu’il était plus pratique pour elle lorsqu’il faisait ce temps-là, elle n’était ainsi pas obligée de rester cloîtrée entre les murs du centre commercial ou de la bibliothèque. Mais Elina n’aimait pas pour autant les samedis et dimanches. Elle trouvait le temps indéniablement long et chaque weekend lui paraissait interminable.
En effet, contrairement à toutes les familles qui appréciaient passer du temps ensemble et profiter de ces deux jours pour se reposer, Elina, elle, ne savait jamais comment s’occuper sans avoir à rester chez elle pour éviter de croiser son époux... Car oui, depuis deux ans à présent, Elina passait, ou tout du moins essayait dans la mesure du possible, les weekends loin de chez elle. Les premiers temps, elle s’était rendue, comme par réflexe, à l’école. Mais elle s’était bien vite rendu compte qu’elle ne pouvait pas y passer tout le clair de son temps. Déjà que certains soirs lui paraissaient un peu longs, alors les weekends… Aussi, la plupart du temps, elle se rendait en ville, à Pearl Trees ou Woodburgh - tout dépendait de sa motivation – et attendait ainsi que le temps passe…

Sauf qu’aujourd’hui, Elina était perturbée, préoccupée, plus que d’habitude. En temps normal, elle se contentait de déambuler quelques heures en ville. Elle passait devant les boutiques sans regarder les vitrines. Elle se rendait au parc floral et s’y asseyait de longues heures, songeuse. Parfois elle sortait un livre, parfois elle se contentait d’écouter les oiseaux gazouiller, la nature qui l’entourait… D’autres fois, elle se rendait directement à la bibliothèque et y passait l’après-midi entier plongé, là encore, dans un bon livre. Rares étaient les fois où elle se rendait au cinéma. Elle n’aimait pas aller y voir un film, aussi bon soit-il, seule, ne supportant pas de voir tout autour d’elle des familles irradiant la joie et la bonne humeur…
Mais aujourd’hui donc, Elina marchait sans but précis dans les rues de Pearl Trees, encore plus distraite et pensive qu’elle ne l’était habituellement. Elle pensait, et repensait encore, se refaisant la conversation sans cesse dans sa tête, au semblant de discussion qu’elle avait réussi à avoir avec son époux au cours de la semaine. Deux ans qu’ils ne s’étaient pas parlé, deux ans qu’elle l’évitait, le fuyait même. Mais cette semaine, elle n’avait pas réussi à y couper et pourtant, cette discussion l’avait complètement perturbée…
Alors qu’elle marchait depuis bien deux bonnes heures, elle décida de s’installer sur un banc, non loin du parc où elle avait l’habitude de s’installer. Mais aujourd’hui, elle refusait de s’y rendre, ne voulant pas y croiser des enfants s’amusant près de l’aire de jeux… Non, elle préférait rester là, seule, pensive, se demandant si un jour son couple réussirait à refaire surface, ce couple qui s’était tant aimé, qui avait été un modèle pour bon nombre de leurs amis… Ils n’était qu’à présent deux jeunes gens vivants ensemble, mais de là à se considérer encore comme un couple, Elina ne savait plus… Elle était totalement perdue…

Codes par Wild Hunger.

Judith & Elina

Le temps a passé, bien des choses ont changées...

A lors qu’Elina était totalement plongée dans ses pensées et qu’elle en avait oublié l’endroit où elle se trouvait et tout ce qui pouvait l’entourer, elle fut surprise d’entendre que l’on s’adressait à elle.
Elle releva la tête et regarda la jeune femme qui lui avait parlé. La tête encore pleine des pensées concernant son couple, il fallut quelques instants à la blondinette pour reconnaître son ancienne amie : il s’agissait de Judith Blake !
Judith était la gérante d’un magasin de lingerie, non loin de l’endroit où se trouvait en cet instant Elina d’ailleurs. Elle et Elina s’étaient rencontrées dans son magasin, il y a plusieurs années à présent. Elina s’y rendait régulièrement, lorsque son couple en était encore un, et qu’elle voulait faire plaisir à son mari. Ce n’était pas le genre d’Elina que d’acheter de la lingerie trop osée, mais elle aimait plaire à son époux – à l’époque – et il lui arrivait donc d’acheter de la lingerie un peu plus habillée de temps à autres.
Les deux jeunes femmes, à force de se voir régulièrement, avaient alors appris à se connaître et avaient même finies par sympathiser. Elles allaient même boire un verre ou deux ensembles parfois.

Mais ceci était une autre époque, un autre temps… Il y avait en effet bien longtemps qu’Elina ne s’était pas rendue dans la boutique de Judith, depuis ce jour qui avait tant bouleversé sa vie…
C’est en la voyant là, face à elle qu’elle se rendit également compte à quel point elle s’était renfermée sur elle-même. Elle ne vivait à présent plus que pour son travail. Elle ne sortait plus, elle ne voyait plus personne –ou presque. Elle n’avait même pas pris la peine de recontacter Judith après tout ce temps… Elle avait très certainement dû se demander pourquoi Elina avait cessé de venir du jour au lendemain, sans donner signe de vie, ni laisser d’adresse…
Elle se sentit soudain, un peu honteuse, mais tenta de dissimuler sa gêne du mieux qu’elle le put en affichant un timide sourire sur son visage : « Judith ! Ca fait plaisir de te voir ! Oui… Effectivement… Comment vas-tu ? »
Elle ne préférait pas s’étendre de suite sur le « Pourquoi ? » et se leva pour lui faire la bise tout en la saluant et lui demandant comment elle allait. Elle savait très bien que tôt ou tard, Judith lui demanderait la raison de cette "absence", mais elle essayait de gagner quelques minutes encore…

Codes par Wild Hunger.