La vie nous réserve souvent de drôles de surprises, pour ne pas dire de méchantes et cruelles surprises. Finalement, ce ne sont pas non plus des surprises. La vie est cruelle, c'est un fait. Je ne cessais de m'imaginer partager un verre de coca avec ma meilleure amie, mais c'était malheureusement impossible. C'était sans compter sur le fait que le mec que j'aimais n'était pas celui avec qui je sortais. Ne cherchez pas à comprendre, j'ai moi-même énormément de mal à me suivre.
Ce soir n'était pas différent des autres : musique dans un bar, coup de téléphone à Travis pour voir si tout allait bien, et vodka à volonté. Maintenant que le doit ne faisait plus partie de ma vie, j'avançais comme je le pouvais. J'étais une ruine, un tas de regrets ambulant mais je n'y pouvais rien ou tout du moins, je ne faisais pas d'efforts pour m'en sortir. Après tout, ma vie n'aurait pas dû être celle-ci. Mais c'est ainsi. Peut-être un jour pourrais-je redevenir la gentille et paisible petite Davina que ma famille aimait tant ? Ce n'est en tout cas pas d'actualité.

Après avoir chanté, bu et une fois le bar fermé, j'ai parlé avec un mec qui avait peur de se lancer dans la chanson. Je lui ai conseillé de suivre son rêve, de tout mettre en oeuvre pour atteindre son objectif, mais il ne semblait pas prêt à faire un pas vers ce rêve qu'il chérissait tant. Je l'ai donc laissé après l'avoir raccompagné un petit bout de chemin. Le hasard fait bien les choses puisque le mec en question n'habitait pas très loin de chez ma grande soeur. Devais-je aller toquer à sa porte ? N'ayant plus tellement les idées en place, j'ai décidé que oui, j'irai chez elle. J'étais complètement bourrée et je n'avais plus du tout la notion du temps. Seule la nuit noire m'indiquait que nous étions le soir.
Devant la porte de ma soeur, je me suis affalée, comme si c'était normal de se positionner ainsi. Je m'attendais plus ou moins à des remontrances de sa part mais je m'en fichais. Lorsqu'elle m'ouvrit enfin, elle ne mit pas longtemps à comprendre qu'effectivement, j'étais saoule. Elle fit de son mieux pour me déplacer jusqu'à son canapé. Affalée sur ce dernier, je ne cessais de rire, même pour lui répondre, j'eus du mal à contenir mon rire. "Salut sis', moi aussi je suis contente de te voir." Les mots s’enchaînaient étonnamment bien. "J'voulais pas déranger Maman pardi !" Je ne voulais pas avoir à expliquer à notre mère pourquoi je rentrais si tard et surtout dans un état pareil. Affronter ma soeur me semblait être la meilleure solution, j'espérais ne pas m'être trompée.

Je n'étais qu'une épave, ou tout du moins les restes d'une soirée durement consommée. Je ne savais pas vraiment comme ma soeur allait réagir face à mon état déplorable. A dire vrai, je m'en fichais. Je voulais simplement me poser et dormir, mais c'était sans compter sur les questions de ma soeur. "Et pourquoi être à une fête est forcément une connerie ?" Répliquais-je à sa remarque en grimaçant. Je ne riais plus et tentais tant bien que mal de défaire les lacets de mes bottes, très bien noués. Il me fallut près de dix minutes pour défaire la première et presque autant de temps pour me délier de la seconde. Lorsque Savannah ajouta que j'avais eu raison de ne pas rentrer chez notre mère. J'ai une fois de plus grimacé pour rétorquer : "Je me fiche pas mal de passer un sale quart d'heure, tu étais plus près de moi, c'est tout." Pourquoi étais-je de si mauvaise humeur en présence de ma soeur ? Telle est la question. L'alcool faisait ressortir toute la rancœur que j'avais emmagasiné contre elle toutes ces années et ça n'était pas beau à voir, ni à entendre d'ailleurs. "Pas besoin de chambre d'ami, je vais squatter ton canapé." Ajoutais-je en prenant toute la longueur du meuble en question. Savannah parla ensuite de s'occuper de quelque chose, je n'ai pas compris tout de suite de quoi il s'agissait. Elle partit quelque part et revint quelques minutes ou quelques heures plus tard, je n'avais plus la notion du temps puisque je venais de m'endormir. Lorsqu'elle revint vers moi, elle me bouscula pour que je réponde à ses questions, chose que je ne voulais surtout pas faire. "T'es de la police ?!" Répliquais-je simplement en bougonnant. Je ne voulais pas lui répondre. Ça ne la regardait pas ce que j'avais fait de ma soirée et de mes autres soirées, d'ailleurs. "Tu veux savoir ce que j'ai bu pour prendre du bon temps comme moi, avoue." Ajoutais-je en souriant. Je la taquinais, ce n'était pas méchant, en tout cas pas à ce moment-là.