Liam Jason Elingten

Raconte-moi ton histoire...

J'étais un bambin, tout ce qu'il y avait de plus normal. Oui, ça peut sembler bizarre, mais il ne se passa rien d'extraordinaire durant cette première partie de mon enfance. Elle était relativement heureuse, j'étais entouré de parents aimants, doux et attentionnés. Je ne manquais de rien, j'étais sage comme une image, selon ma mère. Je ne posais pas de difficulté à quiconque, j'étais plutôt sociable et jovial. Bon d'accord, j'avais mes petits défauts comme tout le monde, je pouvais me révéler aussi têtu qu'une mule quand je le voulais, ou aussi tête en l'air qu'un poisson. Bref je me la coulais douce jusqu'à l'âge de mes dix ans. D'un enfant gai et joyeux luron, tout allait changer...


J'adore ma tante, la sœur de ma mère, elle était gentille et arrivait toujours avec quelque chose pour moi, comment ne pas l'adorer ? Mais ce jour-là, ça ne s'annonçait pas de bonne augure. D'une part, elle n'avait rien pour le petit garçon que j'étais, d'autre part, elle ne souriait pas, mais vraiment pas, tellement que ça me faisais peur du haut de mes dix ans. Je me rappelle de chaque seconde qui précède l'annonce qui va bouleverser ma vie. Mes parents ne reviendront pas, jamais. Accident, on m'a dit, mais j'étais encore trop petit pour en comprendre les conséquences J'allais désormais habiter chez ma tante, ce qui d'un coup ne me réjouissais plus tant que ça. Je voulais mes parents, seulement eux, c'était si difficile à comprendre ?


Le petit garçon joyeux que j'étais avait laissé place à un petit garçon renfermé et solitaire. Tout le monde essayait de me faire sortir, ils voulaient, selon leurs mots, me faire retrouver le goût de la vie. Mais que moi je n'avais plus envie de faire quoique ce soit, ça les intéresse ? Bref, j'avais repris l'école studieusement, et je m'enfermais le soir, seul, pour faire mes devoirs, et lire. C'est dans ce moments de solitudes complètes que je me suis découvert une passion dévorante pour les livres. J'adorais lire, de tout. Tout m'intéressait, j'étais curieux, tellement curieux que j'avais barbé ma tante pour qu'elle m'inscrive à la bibliothèque du quartier. Je pouvais lire jusqu'à deux livres par semaine. Je passais des soirées complètes sur un bouquin, parfois j'en oubliais presque que j'avais cours le lendemain. Vers mes 14 ans, je me découvre une seconde passion tout aussi importante, et prenant que les livres. J'adorais passer mon temps sur l'ordinateur, à jouer en réseau, à être sur des forums en tout genre, même s'ils étaient dans la majorité portés sur la littérature. Je pouvait facilement passer des nuits sur l'ordinateur, au grand désespoir de ma tante qui aimerait bien que je passe mon adolescence à sortir avec des amis, et même à faire n'importe quoi, mais dehors et pas sur l'ordinateur. Mais moi , le monde extérieur me rebutait, et puis, ce n'est pas comme si je n'avais pas de vie sociale. J'avais un bon réseau d'amis au lycée, je n'avais pas de difficultés scolaires et j'étais redevenu, les années passant, quelqu'un d'assez abordable, on peut même dire que j'avais retrouvé une certaine jovialité. La mort de mes parents m'hantait toujours, mais j'avais appris à vivre avec.


Il paraitrait que j'ai un physique qui plaît aux femmes. Et ça se vérifier, en effet j'avais pratiquement toutes les filles en mal d'amour qui me collait aux basques. Mais le pire, c'est que si cela devait me mettre en émoi, il n'y avait rien de tout cela, je restais d'ailleurs plutôt indifférent, au grand dam de ces demoiselles. Par contre, lorsqu'un jeune homme de mon âge s'approchait de moi, tous mes sens se mettaient en alerte. C'est assez perturbant, surtout quand on a l'âge où les hormones sont en folie. Je me questionnais beaucoup et j'allais chercher les réponses dans les bouquins ou sur internet, j'avais l'impression d'être différent. C'est à ce moment que je compris que j'étais homosexuel. La réalité ne fût pas simple à entendre, ni même à avouer. Certains de mes amis m'ont tourné le dos quand j'ai fais mon coming-out. Mais je pouvais toujours compter sur le soutien de ma tante qui a toujours été là pour moi. Aujourd'hui, j'assume pleinement mon homosexualité, tout en profitant de la vie. J'ai eu, bien sûr, quelques histoires amoureuses, plus ou moins douloureuses et plus ou moins stables. Mais je n'ai toujours pas trouver celui qui comblera mon cœur durablement. Mais j'y crois et je l'espère.


Cela coulait de source, au moment de choisir la filière de mes études supérieures, je me tourne vers des études littéraires. Et plus particulièrement sur la littérature classique. Je vouais une passion sans limite pour les poèmes de Verlaine, ou encore les romans de Victor Hugo. Bien sûr, cela ne m'empêche pas d'étudier les romans d'aujourd'hui. Je fis mes études dans une des plus grandes universités londoniennes. Après une licence et un master littéraire, je passe mon diplôme afin de devenir enseignant. Diplôme que j'obtiens assez facilement, je dois bien l'avouer. Afin de prendre mon poste de professeur de littérature, je fus muté en banlieue londonienne pour mon premier poste. J'adorais ce poste, c'était enrichissant, et ce n'était pas donné à tout le monde de pouvoir enseigner sa passion. Il y a de cela six mois, j'ai demandé une mutation dans une petite ville qui qui porte le joli nom de Pearl Trees. Je reçu la réponse favorable, il y a deux mois. Aujourd'hui, je viens tout juste d'arriver dans cette ville, prêt à embrasser une nouvelle vie.

Un événement marquant de ma vie...

Quinze ans auparavant. Il fait beau aujourd'hui, le soleil brille haut dans le ciel, fier. Je suis actuellement en terminale L, et je viens de m'enfiler trois heures de français à parler de Stendhal. Ça pourrait sembler ennuyer pour quiconque mais pas pour moi, j'adore les livres, et bien évidemment j'ai déjà lu le chef d'oeuvre de Stendhal. Je viens tout juste de fêter mes dix-huit printemps, il y a de cela une semaine. Mais en fait, ce que je raconte, on s'en moque. En fait ce soir, il y a une soirée avec mes potes les plus proches, et aussi ma tante. Quoi ? Ça ne vous intéresse pas ? Attendez, je n'ai pas encore dis pourquoi je les réunis, vous allez voir c'est nettement plus intéressant ! Bref, je les avais réunis, car j'ai décidé de leur annoncer que j'étais homosexuel. Je savais que cela n'allait pas être simple, que certains ne comprendront certainement pas. Mais je ne pouvais pas me cacher plus longtemps, ce n'était déjà pas si évident d'expliquer pourquoi je n'étais jamais au bras d'une fille, mais je m'en sortais plutôt bien. Et voilà, à force d'être dans mes pensées je viens tout juste d'arriver devant la maison de ma tante, j'insère les clés dans la serrure et j'ouvre la porte. Tout le monde est déjà arrivé. Je salue chacun, avant de m'installer parmi eux, je sais qu'ils se doutent que je ne les ai pas conviés simplement pour passer un moment ensemble mais parce que j'avais quelque chose à leur annoncer. Je pose mon regard sur chacun d'entre eux avant de prendre la parole « euh.. ouais, comme toujours je ne sais pas comment m'y prendre... Mais vous avez l'habitude. » Je souris, j'essaie de détendre l'atmosphère et de me détendre également. « Mais vous me connaissez.. Donc je ne vais pas y aller par dis milles chemins. » « On dit par quatre chemins Liam. ». Ma tante, qui n'en loupais jamais une, provoquant l'hilarité de l'ensemble du groupe, moi-même y compris. «  Si tu veux, Ju' ! Bref... Je crois que certains l'ont deviné.. Mais je suis homosexuel. » et bam. Grand silence, c'est quand même à la limite du morbide. Très gênant, j'en conviens. Je ne suis plus trop à l'aise. J'attends leur réaction. Celle-ci ne se fait pas attendre, deux de mes amis s'en vont avec un regard plus que noir envers ma personne. Je ne m'en formalise pas, me persuadant que ce ne sont pas de vrais amis, mais cela n'empêche pas d'avoir le cœur de se serrer. Je sursaute, entendant Nat, ma meilleure amie crier en levant le poing en l'air « Je le savais ! J'en étais certaine !! ». Elle vient me serrer dans les bras « il faut fêter cela ! «  « Tout ce que tu veux Nat, tout ce que tu veux ! » et voilà, c'est parti pour une soirée blablatage en tout genre.


Aujourd'hui. Ce moment, je m'en souviens comme si c'était aujourd'hui.