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| Jusqu'à ce que la mort nous sépare... / Sarah & Andrew / | |
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▌AVATAR : Justin Chambers
▌CRÉDITS : kréou
▌PSEUDO : Kréou
▌HISTOIRES POSTÉES : 609
▌ARRIVÉ(E) À PT LE : 27/06/2013
▌IMPORTANCE DANS LE ROMAN : 2829
▌DATE DE NAISSANCE : 11/09/1986
▌MON ÂGE : 38
▌QUARTIER : Chestnut Park/Les oiseaux de paradis
▌EMPLOI/ÉTUDES : Gérant de bar
▌CÔTÉ COEUR : Marié pour le meilleur et pour le pire.
| Sujet: Jusqu'à ce que la mort nous sépare... / Sarah & Andrew / Mer 31 Juil - 9:29 | |
| Le silence régnait autour de moi. Je n'entendais ni les rires passés de Sarah, ni les oiseaux qui avaient prient l'habitude de nous réveiller en sifflant. Aucun bruit. Rien. Le vide total. Ce silence m'angoissait vraiment. Il me donnait l'impression que lui aussi était contre moi, qu'il voulait me prendre tout semblant de présence pour me rappeler à quel point j'étais seul. La solitude était devenu ma meilleure amie ces derniers temps. Une compagnie joyeuse m'était devenue insupportable quand celle de Sarah m'était elle, interdite. Je ne savais pas ce que Sarah, elle avait dit à son entourage, je n'avais pas eu envie de les voir et de subir leurs regards accusateur. Aux yeux de tout le monde, j'étais le coupable, c'était évident. Je n'aurais jamais du m'énerver sur une femme enceinte peu importe ce qui s'est réellement passé. On devait s'occuper d'une femme enceinte comme on s'occuperait d'un nourrisson, et j'avais failli à ma mission. J'aurais du accepter sans broncher toutes ces demandes, mêmes les plus farfelus. Ces crises de rires inexpliquées passant au larme sans raison visible non plus. Ces réveils en pleine nuit interminable à l'écouter me parler de notre fils, de ses angoisses (parfois ridicule). Ces scènes de jalousie qui étaient devenus plus présente que d'habitude car j'essayais de rentabiliser le bar un maximum pour l'arrivée du bébé et que cela lui posait visiblement un problème.
Sarah ne supportait plus son corps je crois, enfin elle l'aimait autant qu'elle le détestait. Moi j'aimais ces rondeurs nouvelles, ce corps qui montrait à tout le monde qu'on devenait une famille, une vraie famille à présent. Nous serions bientôt trois, enfin nous l'étions déjà à écouter les monologues que je faisais à notre fils. Ma main venait systématiquement se poser sur son ventre depuis que je l'avais senti bouger pour la toute première fois. C'était un dur à cuire comme son papa, je le savais, je le sentais. Rien que d'y penser j'en avais les larmes aux yeux. Comment ça avait pu arriver ? Comment ça avait pu nous arriver ?
Affalé dans le canapé qui autrefois accueillait nos retrouvailles, nos câlins chaque soir après nos journées de boulot, j'étais effondré. Je me faisais du mal à ressasser sans cesse ce qui à présent ne m'appartenais plus. J'entendis la porte d'entrée, Sarah était là. Une boule au ventre se logea au creux de mon ventre. La présence de ma femme dans la même pièce que moi m'angoissait. Allait elle m'insulter ? Allait elle se mettre à pleurer ? À crier ? À me frapper ?
Depuis l'hôpital et le drame, nous n'avions pas eu de réelle discussions. Ni de réelle dispute. Nos regards s'évitaient et quand ils venaient à se croiser ils s'accusaient en silence. J'avais naturellement trouvé ma place dans le canapé quand la nuit tombait et pendant la journée mon bar était devenu ma meilleure cachette.
Je sentais ses pas arriver en direction du salon. Elle ne devait pas savoir que je m'y trouvais, elle ne serait pas venu autrement. J'étais là tel un gamin pris en faute à ne plus pouvoir bouger. |
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| Sujet: Re: Jusqu'à ce que la mort nous sépare... / Sarah & Andrew / Jeu 1 Aoû - 16:05 | |
| J'étais assise depuis une bonne dizaine de minutes déjà sur ce qui avait été mon lit pendant ces derniers jours passés, mon sac prêt à côté de moi, fixant la porte de la chambre sans bouger. Ca y était, j'avais eu l'autorisation de mon médecin ce matin, j'avais le droit de rentrer chez moi, de rejoindre mon foyer aimant, ou du moins ce qu’il en restait. A vrai dire, je croyais bien que c'était ce qui m'effrayait le plus, rejoindre notre maison, nos Oiseaux de Paradis comme on l’avait appelé en emménageant, jeunes adultes fous d’amour l’un pour l’autre. Vu la tournure qu'avaient pris les choses entre Andrew et moi, aucun doute que nos oiseaux avaient désormais un penchant bien prononcé pour l'enfer. Depuis cette dispute, depuis que nous avions perdu notre fils, un immense gouffre nous séparait, et nous n'avions été capables de nous adresser que quelques mots, vides, impersonnels, froids. Nos regards ne pouvaient pas se croiser sans qu'on sente la culpabilité accuser lourdement l'autre, sans que mon mari ne sente l'hostilité que je ressentais à son égard. Sa présence dans la même pièce que moi me glaçait le sang, et savoir que nous allions recommencer à vivre sous le même toit, comme avant, comme quand nous étions heureux, et que débattre sur le prénom de notre enfant à venir étaient nos seules préoccupations, me faisait peur. J’ignorais comment j’allais réagir en tentant de reprendre à ses côtés un semblant de vie, avec cette détresse, et ce déferlement d’hormones qui m’accablaient. J’avais eu le temps d’y penser longuement allongée dans ce lit, murée dans un profond silence, alors que je revivais chaque jour et chaque nuit ma chute dans les escaliers. Chaque infime petit détail de la scène me revenait en mémoire, chaque parole, chaque geste. Et plus je revivais ces moments, plus j’avais la ferme conviction qu’Andrew était le seul à blâmer, le seul coupable. Et je me détestais autant que je le détestais de penser cela.
Je sursautais légèrement lorsqu'une infirmière entra dans la chambre, s'étonnant de me voir encore ici, et tentais d’esquisser un fin sourire, cachant mes émotions derrière le masque que j'arrivais désormais à dégainer avec beaucoup plus de facilités ces derniers jours. Toutes ces paroles qu'on voulait apaisantes, ces gestes doux, ces regards de pitié me remuaient, m’écœuraient presque, ne servaient qu'à enfoncer un peu plus le couteau dans une plaie déjà béante. L'infirmière m'aida à me relever, alors que je réprimais difficilement la grimace qui étirait mes lèvres, la cicatrice de ma césarienne me tiraillant douloureusement. J'aurais pourtant enduré cent fois, milles fois même cette douleur si elle pouvait taire celle qui m'enserrait la poitrine à chaque respiration. La jeune femme, une blonde pétillante au sourire doux, m'accompagna jusqu'à la sortie de l'aile maternité de l'hôpital, me gratifiant d'un « Prenez bien soin de vous Mme Landers. », avant de retourner à son poste de travail.
Je lui adressais un signe de tête aimable, avant d'emprunter les deux portes battantes et de quitter cet endroit aussi vite que possible, d'un pas que je savais raide, bien trop raide pour être naturel. Mme Landers. L’étais-je toujours après ce qui nous était arrivés ? Avais-je toujours le droit de porter le nom d’Andrew alors que tout ce que je voulais c’était qu’il reste loin de moi ? Je n’imaginais pas comment nous allions pouvoir être heureux après ma fausse couche, après que nos rêves de famille aient si brusquement prit fin. On dit qu’il faut du temps pour que certaines blessures se referment, mais personne ne précise jamais s’il s’agit de semaines, de mois, ou d’années. Combien de temps encore allions nous être mari et femme si nous continuions à nous ignorer comme nous le faisions, à se juger en silence, à souffrir séparément plutôt que d’affronter la tempête ensemble ?
Soupirant doucement, je quittais enfin l’hôpital, marchant vers le parking où Lucy m'attendait, toujours présente, comme à son habitude. Elle ne chercha pas à me faire parler, ne me demanda pas non plus comment je me sentais, et se contenta de mon bref « salut, tu vas bien ? », sans chercher à creuser plus. Et je lui serais toujours reconnaissante de ne pas avoir tenté de me faire parler contre mon gré. Nous qui avions l'habitude de toujours plaisanter et d'avoir de longues conversations sur tout et sur rien, nous préférions garder un silence profond alors qu'elle me ramenait chez moi. Je n'avais toujours pas réussi à lui dire ce qu'il s'était passé entre Andrew et moi, incapable de dire que j’estimais mon mari coupable car endosser la faute de la perte de notre enfant pesait trop sur mes épaules. Je savais qu’elle chercherait à le défendre, à me montrer que le détester était irrationnel, illogique même, que je devrais plutôt me blottir contre lui pour que nous pleurions ensemble notre perte. Mais je ne voulais pas qu’on me détourne de mes idées, car si j’arrêtais de le détester, je savais quels autres sentiments bien plus destructeurs je ressentirais, et c’était tout simplement hors de question. Et pire que tout, je savais d'avance que j’aurais été incapable de soutenir son regard empli de compassion et de bienveillance, sa façon de dire de façon muette qu’elle était là quoi qu’il arrive et que je pouvais compter sur elle. Même venant de ma sœur, je n'étais pas sûre de pouvoir assumer ce regard. Je la remerciais rapidement lorsqu'elle me déposa devant chez moi, ne lui en voulant pas de refuser d'entrer malgré ma proposition. Évidemment qu'elle ne voulait pas se joindre à Andrew et moi, qui voudrait faire rempart entre une femme anéantie furieuse contre son mari, et celui-ci, tout aussi meurtri, qui désertait de plus en plus souvent le chevet de celle qui aurait du être la mère de son fils.
Déglutissant en arrivant sur le pas de la porte, je trouvais un peu de réconfort en me disant que vu l'heure qu'il était, Andrew serait sûrement dans son bar, à satisfaire ses clients, ou à noyer notre drame au fond d'une bonne bouteille de whisky. La maison était silencieuse, dans le même état que nous l'avions quittée, insensible à ce qui nous était arrivé. Je déposais mon sac dans l'entrée, ne pouvant empêcher mes lèvres de trembler et mon cœur de s'emballer à la vue des escaliers devant moi. Incapable de les emprunter pour l'instant, je continuais dans le couloir, avant d'entrer dans le salon, me figeant malgré moi sur le seuil de la porte. Andrew était là, silencieux, assis dans notre canapé, l'antre de nos câlins, de nos confessions, de nos instants volés de bonheur. Je m'appuyais quelques instants, sur le cadre de la porte, ne le quittant pas des yeux, me demandant même si il savait que je devais quitter l’hôpital aujourd’hui.
Me mordant la lèvre inférieure qui n’avait pas cessé de trembler, je prenais sur moi, serrais violemment la mâchoire à m’en faire mal, avant de me racler doucement la gorge.
« -Je suis rentrée. » furent les seuls mots qui parvinrent à quitter mes lèvres.
Vides, éraillés d’avoir tant pleuré et si peu parlé ces derniers jours. Voilà, j’étais rentrée. Et maintenant, que devait-on faire ? Reprendre une vie normale, réapprendre à sourire, retourner au travail, accepter notre drame ? Trop dur. J’imaginais déjà les regards curieux, les chuchotements des voisins, les accolades de nos familles, les questions des gamins de ma classe de primaire, et j’en avais la tête qui tournait. J’avais besoin de m’allonger. Me détournant finalement d’Andrew qui semblait tout autant perdu que moi, je rejoignais la cuisine, tentant d’ignorer la vue des escaliers, de revivre cette chute qui m’avait coupé le souffle. Mes mains tremblaient, je crois à vrai dire qu’il en allait de même de tout mon corps. Me calmer, la clé de la solution si on écoutait la psychologue qui était venue me voir tous les jours. « Pensez à quelque chose d’heureux Sarah, pensez-y très fort, et accrochez vous-y de toutes vos forces. » Prenant un verre dans l’un des placards, je le remplissais d’eau fraîche, alors que je tâchais d’effectuer son pénible exercice. Quelque chose d’heureux…notre premier baiser, ma remise de diplôme, notre première nuit dans la maison, la demande en mariage d’Andrew, et ce jour où on s’était dit oui. Le résultat du test de grossesse, la première fois qu’on avait entendu le cœur du bébé battre, son premier coup de pied. Le verre m’échappa brutalement des mains, s’écrasant par terre dans un déluge de verre brisé, mouillant mon pantalon. Jurant, je me penchais péniblement pour en ramasser les morceaux, presque heureuse de pouvoir penser à autre chose quelques instants, et bêtement, par inattention, je laissais un des éclats me couper le doigt, m’exclamant à voix haute. Le sang perla rapidement sur mon doigt, coulant le long de mon index, alors que j’allais le rincer sous l’eau froide, cherchant des yeux une serviette ou un torchon, me refusant à appeler Andrew alors que ça aurait été mon premier réflexe encore une semaine plus tôt.
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| Sujet: Re: Jusqu'à ce que la mort nous sépare... / Sarah & Andrew / Sam 3 Aoû - 23:34 | |
| Sarah était à présent sur le pas de la porte du salon. Nos regards se croisèrent, mon coeur se serra autant que ma gorge. Je ne pouvais prononcer un mot. J'avais qu'une envie: partir. Je voulais fuir loin de chez nous, loin d'elle et de ce qu'on représentait à présent. Les oiseaux du paradis étaient devenus l'antre de l'enfer. Ce paradis qu'on avait construit tous les deux petit à petit partait en flamme. Ce feu qui brûlait nous prenaient tout à une vitesse. Il nous faisait oublier le bonheur passé, nos souvenirs heureux et cet amour qui nous consummaient autrefois. Notre maison n'était plus comme son nom l'indiquait le paradis, loin de là même. Une semaine après cette fameuse soirée, ma vie n'avait plus la même saveur. Je n'osais plus monter à l'étage, dormir dans ce lit pendant que Sarah elle était à l'hôpital était inimaginable pour moi. Au vu de la situation actuelle même dormir avec Sarah me paraissait impossible. Passer devant cette chambre bleu et beige qu'on avait soigneusement choisi ensemble, qu'on avait préparé et dans laquelle on avait passé des heures à imaginer chacun de nos gestes mêlés au sien. Je n'arrivais plus à monter ces marches, elles étaient une véritable torture pour moi. Mes quelques nuits passés dans ce nouvel enfer, je les avaient passés sur ce canapé sur lequel je me trouvais encore.
Les yeux de Sarah se posèrent sur moi, je détourna mon regard automatiquement du sien. Il m'était trop difficile de la regarder et d'affronter sa peine et sa colère. Elle n'avait pas besoin de me dire quoi que ce soit pour que je comprenne, ça avait toujours fonctionné comme ça entre nous. On se comprenait sans se dire un mot, notre complicité, nos regards se disaient tout sans qu'on ait besoin de s'expliquer. Là, la situation était différente. J'aurais aimé qu'elle me reproche clairement la mort de notre fils, qu'elle m'hurle son chagrin à la figure en me disant que jamais elle ne me pardonnerais. Je crois que ça me serait plus facile. Plus facile de savoir ce qu'on me reproche pour savoir ce que je devais me faire pardonner. Son silence me tuait, il résonnait comme un hurlement.
- Je suis rentrée...
Je voulais me lever courir dans ses bras, la serrer tout contre moi et lui dire que oui c'est fini mais qu'ensemble tout ira bien. À la place, j'étais tétanisé, je fixais son ventre qu'elle n'avait pas totalement perdu à travers son débardeur. Bien sûr qu'elle était rentré, Lucy m'avait appelé. Évidemment je n'avais pas répondu mais elle m'avait laissé un message pour me prévenir que j'avais écouté en boucle pour me préparer à son arrivée. Visiblement je n'étais prêt à rien et je me trouvais comme un con à ne pas savoir quoi faire.
Je la vit faire demi-tour pour se diriger en direction de la cuisine. Je n'avais même pas été capable de lui répondre quoi que ce soit. Un fracas retentit. Mon reflexe d'homme marié aimant et attentionné me fit me lever d'un bond du canapé. Je courus à la cuisine et je vis Sarah accroupi à vouloir ramasser le verre qui venait de se briser. J'avais peur de m'approcher d'elle, peur qu'elle me repousse...
- Laisse... Je vais nettoyer, tu vas te couper...
Ma gorge s'était serré un peu plus en lui parlant. Sarah avait du s'apercevoir de ma gêne dans ma voix. Je m'approcher d'un pas hésitant vers elle, me baissa et l'attrapa par la taille. Mes mains glissèrent sur son ventre qui avait presque totalement disparus. J'avais besoin de la prendre dans mes bras mais je n'y arrivais pas.
- On va s'en sortir ma chérie... je te le promet...
Ma voix s'était affaiblie sur mes derniers mots. Des larmes se logea dans mes yeux. Sarah me tournait le dos. J'étais dans l'attente d'une réaction de sa part, aussi folle qu'elles soit.
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| Sujet: Re: Jusqu'à ce que la mort nous sépare... / Sarah & Andrew / Lun 12 Aoû - 12:30 | |
| Le verre était éparpillé un peu partout sur le sol de la cuisine, alors que des dizaines d'éclats en jonchaient le carrelage impeccable. Les pas rapides et inquiets de Andrew résonnèrent, se rapprochant de la cuisine, sans doute alerté par le fracas du verre qui avait éclaté. Il était dans la cuisine avant même que je m'y sois préparée, et avant même d'avoir pu m'éloigner, il passa son bras autour de ma taille, autour de ce qui restait du ventre qui avait un jour porté notre enfant. Mon corps entier se raidit en sentant le contact des doigts d'Andrew sur mon corps, ces doigts qui pourtant jusqu'à une semaine plus tôt provoquaient toujours un ouragan de sensations en moi : de la tendresse, de la passion, de l'amour, tout simplement. Aujourd'hui, à cet instant, tout ce que je ressentais, c'était de la colère, une colère froide, une envie de le blesser autant que je l'étais, une pointe de dégoût même. Comme si mon corps entier rejetait le contact de mon mari. J'étais tellement étonnée, surprise de penser cela, moi qui n'avait jamais été une grande violente et qui était foncièrement gentille et douce. J'échappais rapidement à son étreinte, comme si sa peau sur mes vêtements me laissait une sensation brûlante désagréable, douloureuse même.
Je lui tournais le dos, sans un mot de plus, sans même un regard, resserrant autour de mon doigt le morceau de tissu que j'y avais noué pour empêcher le sang de couler un peu plus. Ses paroles me firent serrer violemment la mâchoire, même si elles étaient si douces à mes oreilles que je mourrais d'envie de le croire sur parole, de croire que tout allait s'arranger. Mais je savais que ce n'était pas le cas, ça ne s'arrangerait pas, ni aujourd'hui, ni demain, ni peut-être même jamais.
« -Comment...comment tu peux me promettre que les choses iront mieux ? Comment tu peux en être si sûr ? Comment tu peux savoir qu'on va survivre à tous ça hein ? Tu peux me le dire ? »demandais-je, calmement tout d'abord, avant de m'emporter au fur et à mesure que je parlais.
Dans l'emportement, je lui avais fait face à nouveau, les poings serrés, des larmes brillant au coin de mes yeux. Mais ce n'étaient pas des larmes de douleur, pas cette fois, c'étaient des lames de rage, des larmes d'épuisement, de désespoir.
« -Tu ne devrais pas faire des promesses que tu es incapable de tenir. Dis moi comment on pourra aller mieux ? Dis moi qu'on pourra passer devant ces escaliers sans se rappeler ce qu'il s'y est passé, dis moi que tu pourras un jour poser tes yeux sur moi, sur ma silhouette, sans te rappeler le ventre rond que j'avais, dis moi comment ignorer cette chambre à l'étage où notre bébé aurait dû se trouver, dis moi comment faire pour arrêter de t'en vouloir ? Dis moi Andrew! » dis-je rageuse, blessée, sans même chercher à le ménager.
Mes mains tremblaient, et cette fois, les larmes avaient quitté mes yeux, ruisselant désormais sur mes joues, sans que je ne puisse rien faire pour les en empêcher. Et plus j'essayais de les essuyer de mes mains, plus leurs flots redoublaient, insensibles à la douleur qui refaisait son apparition, s'immisçant dans chaque parcelle de mon corps, envahissant chaque cellule, chaque goutte de mon sang, chaque muscle, brûlant mon esprit, l'envahissant sans me laisser la moindre porte de sortie.
Je pouvais voir, en réponse à ma propre peine celle de Andrew, aussi fidèle et semblable que si j'avais été en train de me regarder dans un miroir. Ses traits étaient distordus par la peine qu'il ressentait, par ces événements que je nous obligeais à revivre en perdant ainsi le contrôle de moi même, en m'en prenant à lui, en l'accusant comme je le faisais. Je savais que lui aussi avait perdu son fils, que lui aussi avait mal, mais le voir ainsi me fut insupportable, et une nouvelle fois, je perdais le contrôle de moi-même, me mettant littéralement à lui hurler dessus, à lui crier mon mal-être et ma fureur.
« -Vas-y, je t'écoutes, dis moi comment les choses vont s'arranger ? » hurlais-je à m'en briser la voix, à m'en faire mal à la gorge.
Cependant, je ne semblais plus ressentir la douleur physique, ni la douleur de ma gorge, ni celle de ma cicatrice, de mon doigt blessé, ou même de mes paumes dans lesquelles mes ongles étaient plantées tant mon poing était serré. J'étais désormais contre la table de la cuisine, la hanche en appui contre celle-ci, incapable de contrôler mes épaules qui se soulevaient au rythme de mes sanglots, sans pouvoir empêcher mes yeux de le fusiller sur place. Tout ce que je pouvais ressentir, c'était ce gouffre immense dans ma poitrine, cette peur de l'avenir, cette incertitude grandissante quant à l'avenir de notre couple. |
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▌AVATAR : Justin Chambers
▌CRÉDITS : kréou
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▌ARRIVÉ(E) À PT LE : 27/06/2013
▌IMPORTANCE DANS LE ROMAN : 2829
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| Sujet: Re: Jusqu'à ce que la mort nous sépare... / Sarah & Andrew / Mar 13 Aoû - 20:18 | |
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Je sentis son corps se raidirent sous mes doigts tout d'abord jusqu'à m'échapper. Elle se leva doucement et s'appuya face à moi contre le plan de travail de la cuisine. Son regard fixait les morceaux de verre qui l'avait déjà visiblement coupé à en croire le morceau de tissu qu'elle comprimait sur sa main. Je restais silencieux, j'avais mal, mais je devais me taire. Je n'avais pas le droit de me plaindre de la situation dans laquelle nous nous trouvions, je devais garder mes reproches, mes envies de hurler pour moi et seulement pour moi. Mon corps était faible, je me sentais impuissant face à sa détresse et son mal-être. Que devais-je faire ? Essayer de la rassurer de nouveau ? La prendre dans mes bras avait été un échec cuisant en tout cas.
« -Comment...comment tu peux me promettre que les choses iront mieux ? Comment tu peux en être si sûr ? Comment tu peux savoir qu'on va survivre à tous ça hein ? Tu peux me le dire ? »
Elles venaient de briser le silence qui régnait. Ces mots avaient été plus durs et son ton de plus en plus glacial tout en me fixant droit dans les yeux. La colère s'emparait d'elle peu à peu. J'étais muet et abattu, ne sachant quoi lui répondre. Comment pouvais-je en être aussi sûr ? Parce que j'étais fou d'elle et que j'aurais tout fait pour qu'elle ne soit pas mal. Pas même un peu. Si je pouvais, je supporterais notre douleur à nous deux pour qu'elle n'ait pas à l'endurer. Peu importe, la colère avait pris possession de son corps et parlait pour elle. Non ce n'était pas Sarah que j'avais en face de moi. Cette femme-là, je ne la connaissais pas. Des disputes, il y en avait eu des dizaines voir des centaines, pour tout et rien à la fois. Je ne mettais jamais mes chaussettes sales dans le panier à linge. Je laissais toujours tout trainer derrière moi. Mon bar prenait trop de mon temps et les filles y étaient trop nombreuses. Des disputes, oh oui, on en a eu. Je ne compte même plus le nombre de fois où elle m'a fait la morale comme a un enfant de 10 ans sur ce qui est bien de ce qui est mal. Mais ce regard-là, il m'était inconnu et il m'effrayait.
« -Tu ne devrais pas faire des promesses que tu es incapable de tenir. Dis moi comment on pourra aller mieux ? Dis moi qu'on pourra passer devant ces escaliers sans se rappeler ce qu'il s'y est passé, dis moi que tu pourras un jour poser tes yeux sur moi, sur ma silhouette, sans te rappeler le ventre rond que j'avais, dis moi comment ignorer cette chambre à l'étage où notre bébé aurait dû se trouver, dis moi comment faire pour arrêter de t'en vouloir ? Dis moi Andrew! -Vas-y, je t'écoutes, dis moi comment les choses vont s'arranger ?»
Désormais, Sarah pleurait, hurlait... Elle sortait tout, je crois. Son visage se déformait au fur et à mesure de ses pleures. Son corps tremblait et de la voir dans cet état m'était devenue insupportable. Mes larmes imitèrent les siennes, mon corps, quant à lui, restait statique tel une statue de marbre. Je voulais lui crier qu'elle avait tord, mais la boule qui s'était emparée de ma gorge m'empêchait de prononcer quoi que ce soit. La rage m'envahit à mon tour, je me retournai et allai taper le plan de travail de mon poing pour me soulager.
- Je ne sais pas Sarah ! Je ne sais pas si tu iras mieux. Je ne sais pas si l'un de nous deux sera capable un jour de remettre un pied dans cette foutu chambre... Je n'en sais rien! C'est ça que tu voulais entendre! JE N'EN SAIS RIEN ! Je ne sais pas si tu seras capable de me regarder avec un autre regard un jour et si j'arriverais à ne pas m'en vouloir d'avoir répondu à cette dispute ridicule. Je ne sais pas. La seule chose que je sais c'est que toi et moi on s'est dit oui jusqu'à ce que la mort nous sépare... Et à ce que je sache ni toi, ni moi ne sommes mort. Voilà ce que je sais Sarah. Je ne te quitterais pas, peu importe ce que tu me diras.
Je la fixais à mon tour droit dans les yeux agitant les mains autour de mon corps, tout en tapant régulièrement du poing sur le plan de travail. Nous étions devenus deux fous que la folie et la peine avaient emportés.
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| Sujet: Re: Jusqu'à ce que la mort nous sépare... / Sarah & Andrew / | |
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