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ilence dans la salle. Les lumières qui s’allument peu à peu, la musique du générique de fin qui flotte dans l’air. Medhi, installé confortablement dans son siège moelleux, jeta l’ultime poignée de popcorns dans sa bouche. Ses amis se levèrent, se jetèrent des regards hésitants et poussèrent des soupirs. Le film était décevant, c’était un avis général. Medhi descendit les marches de la salle, perplexe et encore perturbé par le deuxième volet de cette immense saga. Attendre un film avec impatience, c’est prendre des risques ! C’est accepter la déception au cas où l’attente reste supérieure au résultat. Cette fois, Medhi resta très perplexe. Quand ils sortirent, ils s’échangèrent quelques mots rapidement. Ils avaient tous beaucoup changés ! Certains étaient pères de famille, d’autres avaient une situation professionnelle totalement différente. Medhi avait l’impression de ne plus reconnaître ses amis d’enfance !

La nuit était fraîche, à l’image de la saison hivernale qui planait autour d’eux. Medhi avait passé un jeans sombre, une chemise bleu marine et un pull gris par-dessus. Son manteau noir sur les épaules, un nuage de perles argentées s’échappait d’entre ses lèvres à chaque exhalaison d’air. Un choc, un bruit de tissus qui se froisse contre un autre, une petite exclamation féminine de surprise. Medhi sentit son corps tanguer et il se stabilisa en appuyant sur les talons de ses pieds. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres mais s’effaça aussitôt. Une odeur familière, une peau familière, une silhouette familière, une bouche sienne, des yeux inlassablement plaisants. Medhi l’entendit s’excuser comme de très loin, comme si un mur sonore venait de se créer entre eux. Tasmin, ici à Pearl Trees ?

- L’air de Pearl Trees doit vraiment faire des miracles ... on est peut-être à Lourdes sans le savoir !

Il haussa les épaules d’un geste incertain. Medhi faisait bien évidemment allusion au fait qu’elle acceptait de mettre sa fierté de côté pour s’excuser ! Quelque chose lui disait que Tasmin ne parlait pas uniquement de ce petit incident mais peut-être de plus ! Malheureusement, l’ardoise était trop longue pour être effacée par un simple mot. Medhi revivait la trahison, ressentait la colère et le désespoir qui l’avait submergé quand il s’était retrouvé face au vide. La bague de fiançailles dans un tiroir de la commode, le sourire aux lèvres et puis ... plus rien. En une conversation, en un instant tout était tombé à l’eau. Repartir sur de bonnes bases après ça, ce fut très difficile ! Trop pour lui. Medhi n’était pas le genre d’homme qui passe au-dessus d’une histoire douloureuse aussi facilement.

- Qu’est-ce que tu fais à Pearl Trees ?

Son ton n’était pas agressif, juste très surpris. Elle était là, dans la même bourgade que lui ! Même s’il n’était pas égocentrique, Medhi était obligé de faire le lien ! Était-elle venue le voir, lui ? Pourquoi ? La confiance était perdue, leurs restes d’amour étaient bafoués. Ils étaient devenus des étrangers l’un pour l’autre, des étrangers qui s’étaient probablement causés trop de mal déjà ! Et pourtant, il avait suffi d’une étincelle dans les yeux de Tasmin pour semer le doute dans l’esprit de Medhi ...

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edhi s’était blindé contre la tornade Tasmin, il y avait survécu une fois mais rien ne promettait qu’il puisse supporter la nouvelle attaque. Cette fois, elle débarquait dans sa ville natale, en territoire familier donc, et jaillissait comme si tout était naturel, normal. Le jeune homme se la ramassait comme une gifle en pleine figure, le passé qui resurgit et déborde sur le présent sans la moindre pudeur. Il se passa la main dans le cou, signe trahissant son manque de confiance de lui en cet instant précis. Tasmin avait été une personne importante pour lui durant deux années ! Assez importante pour qu’il se décide à entrer dans la bijouterie et acheter une bague de fiançailles ! Lui qui n’avait jamais été particulièrement friand des démonstrations publiques telles que les mariages, s’était apprêté à sauter le pas et puis ... non. Au final, il avait gagné un billet de retour pour Pearl Trees et pas les clés d’une maison de famille.

Plantée sur ses longues jambes, elle lui claque qu’elle est là pour lui. Tasmin n’a pas changé ! Toujours aussi franche, honnête et un brin chieuse. Medhi ne peut s’empêcher de sourire, ironie ou sincérité ? Un peu des deux, sûrement. Sa présence à Pearl Trees n’aurait pu être un pur hasard ! Tasmin était donc dans le coin dans l’espoir d’obtenir quelque chose de sa part mais à présent, restait à savoir quoi ! Son regard se posa sur elle, intrigué et énigmatique. La belle brune était devenue experte dans l’art de le surprendre au plus haut point à l’instant précis où il se sentait le plus en sécurité.

- Je t’écoute, vas-y explique moi tout.

Medhi venait de croiser les bras sur le torse, position qui trahissait son scepticisme. Tasmin avait évoqué une vérité qu’elle lui avait cachée mais aussi, une explication ! Après tout ce temps ? Après leur ultime dispute ? La décision de se séparer et de faire chacun son bout de chemin sans l’autre, elle revenait avec une nouvelle version des faits ? Le jeune homme avait beaucoup de mal à croire ce qui se passait sous ses yeux, en plein milieu de la soirée alors qu’il avait simplement prévu de voir un film entre potes et de rentrer chez lui ! Maintenant, c’était foutu ! Il avait revu Tasmin, il la savait en ville et il avait tellement envie d’en savoir plus et de percer les mystères qui l’entouraient telle la brume autour du Hollandais Volant !

Nouvelle gifle glacée, invisible mais loin d’être indolore ! Medhi fronça les sourcils, comprenant mal ce que Tasmin lui expliquait en cet instant. Il secouait légèrement la tête, sourcils fortement froncés et lèvres pincées. La jeune femme lui déballa toute une histoire, elle paraissait sincère mais Medhi avait beaucoup de mal à croire ce qu’il entendait ! Une agence de rencontre téléphonique ? C’était quoi ce nouveau délire ? Ses lèvres s’ouvraient, comme pour protester mais se refermaient presque aussitôt ensuite. Medhi poussa un profond soupir quand elle eut terminé, Tasmin acheva son explication sur de nouvelles excuses tandis que lui, faisait quelques pas en arrière comme balayé sous le poids de tout ce qu’elle venait de lui larguer à la tronche.

- Non mais t’es sérieuse ? Je sais même pas ce qui me tue le plus ! Cette histoire de dingue ou le fait qu’il t’ait fallu trois ans pour venir me retrouver ? Je comprends rien à tout ça ! Tu sais, je voudrais vraiment te croire mais je me rappelle un peu trop de ta conversation téléphonique ! Comment tu veux que je passe au-dessus de ça ?

Medhi revivait tous les mauvais souvenirs qu’il avait de New-York. Il se revoyait, dans l’entrée. Heureux imbécile qui se déchausse, sourire niais sur le visage, alliance bien au chaud. C’était comme si cet instant flottait dans l’air, il se voyait courir jusqu’au salon, entendre du bruit dans la salle de bain, y accourir. Elle avait laissé la porte entrouverte, elle était assise sur le rebord de la baignoire. Ses doigts, dansant silencieusement dans ses cheveux et sur le portable. De ses lèvres, rouges et pleines, se déversaient des flots qu’il mit un temps à accepter. Medhi avait réalisé, debout devant cet entrebâillement, que Tasmin n’était pas celle qu’il croyait.

Ce soir, elle débarquait et à nouveau, elle mettait ses environs à feux et à sang. Tasmin, c’était son invasion barbare personnelle. Elle pouvait tout dégager d’un battement de cil, d’un mensonge éhonté ou d’une vérité tranchante. Medhi la fixait, désemparé. Il se sentait con, inutile. Elle avait tout ce chemin pour lui dire qu’elle était désolée, qu’il était l’homme de sa vie. Lui, il aurait voulu pouvoir lui dire qu’elle était la femme de la sienne ! Mais il y avait cette rancune, cette blessure qui ne se refermait pas malgré les efforts. Medhi haussa les épaules tout en se débarrassant de son manteau pour le déposer sur les épaules grelottantes de Tasmin.

- Je te crois. Même si, en tous les cas, durant nos deux ans de relation tu n’as fait que me mentir ... là, maintenant, je te crois. Mais tu me dois des explications ! Pas des excuses, je m’en fous, ça me rendra pas ces trois années de vide où je me suis senti con et trahi. Je veux juste que tu me dises tout ! Viens, on va s’installer à l’intérieur et boire un verre.

Medhi se surprenait, de cette distance qu’il parvenait à prendre par rapport à cette histoire d’amour qui lui avait pourtant fait un mal de chien ! C’était peut-être la distance ou le temps ? Quelque chose lui avait permis de ne pas péter un plomb et partout enragé. Il fit signe à Tasmin de le suivre, quoi qu’elle ait à lui raconter, que ça soit positif ou négatif, il voulait la vérité une fois pour toute !

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es sentiments, c’est difficile. Quand on y attache trop d’importance, ça vous rend niais, faible, fragile, accessible. Quand on se blinde et qu’on s’en détache trop, c’est l’insensibilité qui vous gagne, vous finirez vos jours seuls avec la deuxième voix dans votre tête pour vous tenir compagnie. Medhi jouait au yoyo entre les deux extrêmes. Il avait donné une grande partie de sa confiance à Tasmin, il y a de ça quelques années, et tout était tombé à l’eau ! Se faire trahir de cette façon, ça l’avait non seulement blessé dans son égo mais ça avait aussi changé sa vision des choses. Il en était ressorti différent, plus mature probablement mais surtout plus méfiant. Le jeune homme avait appris à ne plus se livrer totalement, se jeter pieds et poings liés dans le gouffre sans en voir le fond. Après son histoire avec Tasmin, il avait bridé ses sentiments. Si bien qu’aujourd’hui, il n’était plus sûr de rien ! Est-ce qu’il l’aimait toujours ? Est-ce qu’il serait seulement capable d’offrir à nouveau cette confiance bafouée à la jeune femme ?

Elle le regardait avec cette expression stressée, Medhi ne pouvait pas la réconforter car il était tout aussi perdu qu’elle. Quand une larme roula sur sa joue, il comprit qu’elle était sincère. Bien qu’elle lui ait menti, Tasmin n’était pas du genre à jouer la comédie pour obtenir la rédemption. Le jeune homme l’emmena vers l’intérieur, elle le suivit, sans doute rassurée de voir qu’il ne réagissait pas trop mal. Ils trouvèrent rapidement des sièges où s’asseoir et Medhi l’observa en silence, elle semblait s’être remise de ses émotions et le questionna sur ce qu’il aimerait savoir en premier. Sur le coup, une flopée de questions l’envahit ! Comment calmer trois ans d’interrogations incessantes ? Il poussa un soupir, plus pour lui-même que pour Tasmin. Quand il releva les yeux sur elle, son choix était arrêté :

- J’ai besoin de comprendre pourquoi tu ne m’as pas tout révélé sur l’instant ? Pourquoi avoir attendu trois ans ?

Dans l’immédiat, cette question lui paraissait légitime. À l’époque, il aurait eu du mal à accepter que sa petite-amie fasse ce genre de métier ! Ils auraient probablement dû traverser une sale période, truffée de disputes et autres désaccords mais peut-être qu’avec un temps, ils s’en seraient sortis. Aujourd’hui, tout lui semblait abstrait. Pearl Trees l’avait à nouveau accueilli, il avait un nouvel emploi, une toute nouvelle existence. Tasmin aussi, avait évolué. Elle n’était plus étudiante, elle était libre de ses mouvements et plus autonome que jamais. C’était encore plus compliqué à présent de revenir à zéro puisque la donne avait changé !

- Tu parles de sentiments comme si c’était immuable ... moi je pense que ça change tout le temps. On a perdu trois ans tous les deux, trois ans de mensonges et d’absence. Je sais même pas si j’ai envie de connaître toute la vérité ... c’est tellement fou cette histoire !

Le jeune homme secoua la tête, perdu dans ses réflexions. Du jour au lendemain, elle changeait tout ! Et pourtant, rien n’avait énormément changé. Au fond, ils étaient toujours chacun de leur côté, séparés par leurs mensonges. Medhi ignorait complètement ce à quoi s’attendait la demoiselle ! Il ne pouvait pas lui pardonner aussi facilement, oublier à quel point il avait été idiot et aveugle. C’est vrai quoi ! Quel genre de petit-ami ne remarque pas que sa copine mène une sorte de double-vie par téléphone ? C’était délirant ! Trop peut-être pour lui. Il se laissa retomber contre le dossier du siège et poussa un profond soupir. Elle lui avait dit clairement pourquoi elle était là et lui, il n’était pas sûr de savoir quoi en penser.

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edhi aurait dû s’en douter , Tasmin avait toujours fait passer ses études au premier plan ! Pourquoi cela n’aurait-il pas été le cas avec lui aussi ? Elle répondit à la question du jeune homme par des explications qui sonnaient creuses à ses oreilles. Il secoua légèrement le menton, désapprobateur. C’était peut-être un peu facile de se cacher derrière le prétexte des études ! Tout du moins, ça ne pouvait pas tout justifier. Tasmin lui expliqua plus longuement, tentant de se justifier d’une certaine façon mais les sourcils de Medhi se fronçaient toujours un peu plus. Chaque mot le rendait sceptique, c’était vraiment l’une de ces conversations très difficiles.

- Alors c’est ça l’amour ? Pendant trois ans, j’ai cru que tu m’avais trompé avec un autre et toi, tu débarques en me disant que tu as préféré tes études et ton boulot à nous !? Et après ça, tu me dis que tu m’aimes ... c’est contradictoire tout ça !

Son ton s’emballait, Medhi avait l’impression d’entendre deux sons de cloche : une Tasmin désolée et qui aurait aimé reprendre là où ils en étaient et une autre Tasmin qui avait atteint son but : devenir architecte. Le jeune homme n’avait aucune envie de replonger dans cette impression de se sentir idiot. Tasmin le mettait au pied du mur. Elle lui offrait une vérité tardive et un amour décalé. Medhi haussa les épaules et se laissa retomber contre le dossier de son siège, énervé par la tournure de la conversation.

- Parce que tu crois moi je t’aimais pas ? J’étais allé t’acheter une bague Tasmin ... une putain de bague de fiançailles et en rentrant, je t’ai retrouvé à me tromper au téléphone ! Et là, tu débarques trois ans plus tard et tu crois que tout va s’arranger en un claquement de doigts ? J’allais te demander de m’épouser et t’as préféré me laisser partir pour pouvoir continuer ton job tranquille et devenir architecte !? Ben bravo, Tas, t’es architecte maintenant ! T’as atteint ton but, je vais m’atteler à atteindre les miens ...

Elle avait les joues rougies par son discourt mais lui, avait les siennes rougies par la colère. Le ton était monté, Medhi s’était levé et avait bondi sur les pieds. Un besoin urgent de se mettre en mouvement l’avait assailli ! C’était incroyable de devoir en arriver là, de réaliser tout ça. Medhi poussa un profond soupir et posa les mains sur le visage, perdu dans ses pensées qui s’entrechoquaient violemment. Tasmin et lui, c’était du passé ! Est-ce que ça pouvait redevenir du présent ? À voir ...

- Justement, c’est ça tout le problème ! Je croyais que tu en étais incapable ... jusqu’à ce que je t’entende dire ce genre de trucs à un autre mec ! J’ai plus confiance en toi, Tasmin !

Le lui dire aussi franchement lui coupa le souffle. Medhi poussa un énième soupir et commença à faire les cents pas. Les gens dans l’entrée du cinéma commençaient à les regarder de travers, comme on regarde les couples qui lavent leur linge sale en public. Lui, il était au bord de l’explosion. C’était juste ... fou ! Complètement fou ! Et il en avait marre de devoir partir dans les hypothèses à chaque fois ! Si elle lui disait la vérité, si elle ne l’avait sincèrement pas trompé, si elle tenait encore réellement à lui ? Tous des si qui le perturbaient.

- Écoute, tu peux pas débarquer et me lâcher tout ça comme ça ! C’est trop ... je suis en train de péter un plomb. Alors si t’as d’autres pêchés à passer au confessionnal, vas-y, vide ton sac mais y a intérêt à ce que y ait plus aucun cadavre dans le placard après ça parce que sinon, je te promets que c’est la dernière fois qu’on se voit tous les deux !

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’était désagréable comme conversation ! Pire que quand ses parents lui avaient annoncé, alors qu’il n’avait que sept ans, que son hamster était mort. C’était frustrant parce qu’il la croyait et qu’en même temps, il se sentait idiot et oublié. Trois ans de silence, de non-dits et d’absence. C’est beaucoup trois années entières. Chacun avait avancé ! Il suffisait de voir Tasmin en cet instant ! Architecte diplômée, sans doute fraîchement sortie d’une relation amoureuse, débarquant en ville comme si de rien n’était. Elle était loin la fille qui jonglait avec un travail et ses études pour tout faire en même temps. Elle était loin, la chieuse dans l’escalier avec qui il s’était disputé mille fois avant de la rejoindre dans son appartement. Elle marquait des points, pourtant Medhi croisait les bras sur le torse, air dubitatif à l’appui.

Il la fixait de ce regard énervé et blasé. Le ton monta, Medhi sentait le seuil de sa colère augmenter à chaque instant. Et puis, il explosa. Lui dire tout ce qu’il pensait de la situation le soulagea et l’accabla en même temps. Surtout quand Tasmin se mit à pleurer, baissant la tête comme si elle reconnaissait ses torts mais ignorait comment s’y soustraire. Ils avaient vécu ensemble et avaient traversé plusieurs disputes, jamais aussi profonde que celle-ci cependant, et Medhi savait à quel point elle détestait qu’on lui hurle dessus. C’était différent cette fois, il ne pouvait pas contenir toute la colère qu’il avait contre elle, contre lui-même, contre New-York et cette foutue université. Quand elle lui répondit qu’elle n’avait plus d’autres secrets, il acquiesça. Elle lui demanda de se calmer, ce qu’il ne pouvait décemment pas faire.

- Je sais même plus quoi penser ... c’est n’importe quoi, tout ça !

Medhi revint s’asseoir, se prenant la tête entre les mains. Un train venait de lui rouler sur la tronche ! La tonne d’informations qu’il avait reçues, détruisant totalement tout ce qu’il croyait savoir jusqu’à présent, l’avait cloué au sol. Tasmin débarquait avec ses bagages plus énormes que jamais ! Elle remettait tout en question mais les fondations restaient solides : du début jusqu’à la toute fin de leur relation, elle n’avait fait que de lui mentir ! Même après leur rupture, elle avait mis trois années à lui annoncer la vérité. Medhi poussa un long soupir exaspéré et se tourna vers Tasmin, le visage épuisé de celui qui ne peut plus en supporter davantage.

- Merci. Même si j’ai été pris pour un con pendant trois ans, au moins, j’ai enfin la vérité. J’ai passé des heures à me demander si tu me trompais réellement, je m’en étais persuadé vu que tu n’as jamais contesté ! Savoir que c’était pas le cas me rassure quand même ...

Il haussa les épaules, baissa la tête à son tour. Le coup de colère était passé, maintenant, il voyait très mal vers quoi ils se tournaient. La rancune était toujours présente pourtant, Tasmin lui avait carrément expliqué être en ville pour lui. Medhi hocha négativement la tête.

- Écoutes Tas, cette fois je peux pas te pardonner ! Pas aussi facilement. Je sais pas vraiment ce que tu croyais retrouver en venant ici mais j’ai essayé de me reconstruire une vie sans toi ! Pendant que tu finissais tes études, je me suis trouvé un nouveau job, je me suis fait des potes en ville et je tiens à Pearl Trees. Je retournerais pas à New-York. Je reste ici.

Si elle était venue le ramener à New-York, c’était foutu ...

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lle avait séché ses pleurs, Medhi se sentait déjà mieux. La faire pleurer n’était pas son but, la voir souffrir autant que lui avait souffert n’était pas du tout ce qu’il recherchait ! À vrai dire, il ne recherchait rien du tout ! Dans l’immédiat, il voulait simplement que sa tête arrête de remuer toutes les nouvelles informations comme on secoue un prunier. À nouveau, Tasmin le surprit. Elle lui murmura qu’elle n’était pas là pour le ramener à New-York ! Non ? Et pour quoi d’autre alors ? L’intrigue put aisément se lire sur le visage du jeune homme. Les regards des gens semblaient la gêner, lui, il s’en fichait. Les autres n’existaient plus. Il n’y avait plus que lui et toutes ses questions, tous ses doutes.

- Tout ça ne m’explique pas pourquoi tu n’es pas venue me retrouver plus tôt ? Pourquoi tu ne m’as pas dit ça y a trois ans ? C’est à ce moment-là que j’aurais eu le plus besoin de le savoir. T’as eu mal ? Imagine ce que j’ai ressenti, imagine deux secondes que tu m’aies surpris en train de vendre du rêve à une autre femme au téléphone ...

La réponse, il l’avait déjà en quelques sortes ! Tas avait voulu finir ses études avant de venir le rejoindre. Il pouvait le comprendre, d’une certaine façon mais pas comme ça ! Pas en lui laissant croire durant trois années qu’elle l’avait trompé. Ce n’était pas la bonne manière. Medhi ne pouvait la blâmer d’avoir eu une relation depuis leur rupture ! Ils n’étaient plus ensemble, elle avait le droit de faire ce qu’elle voulait de sa vie. Lui aussi, avait eu des relations depuis leur rupture mais rien d’important. Enfin, elle lui expliquait entre les lignes qu’elle s’installait temporairement à Pearl Trees. Ce qu’elle lui demandait, était un peu trop pour Medhi.

- Je peux pas te dire oui, je peux pas te dire non. Je viens à peine d’apprendre que tu es en ville, en même temps tu me dis que tu ne m’as pas trompé et que tu veux qu’on reprenne comme avant ... et en plus, tu me demandes si tu peux rester. Tu fais ce que tu veux Tas, j’ai besoin d’air moi ! On étouffe ici.

Et à ces mots, Medhi sortit de la pièce. Il s’arrêta devant l’entrée, inspirant l’air frais nocturne et fermant les paupières. Dans sa tête, c’était le foutoir. Tas l’avait bien mis K.O. ce soir ! Sans même porter de gants, elle était douée ! Medhi rouvrit les yeux et plongea les mains dans les poches. Avait-il envie que Tasmin reste ? Peut-être. Se sentait-il prêt à envisager quelque chose avec elle ? Pas dans l’immédiat. Il en avait trop avalé en un seul soir, il arrivait à saturation. Là, c’était le moment où il devait se poser et réfléchir en paix. Un temps de recul, un temps mort avant la guerre.

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a veste apparut à ses côtés, Tasmin la lui rendait. Medhi la prit et jeta un regard à la jeune femme, désabusé. C’était trop le foutoir dans sa tête, elle avait raison, elle lui en avait dévoilé déjà bien assez pour ce soir ! Il avait de quoi se concentrer sur ces questions pour un bon moment déjà, pas besoin de continuer. Medhi acquiesça aux paroles de Tas, il n’avait plus vraiment envie de retourner le couteau dans la plaie. Sa fin de soirée ne se passait pas réellement comme il l’avait imaginé ! Et puis, elle lui rappela que son numéro n’avait pas changé. Il acquiesça une seconde fois, sans réellement répondre. Que pouvait-il dire de plus à ça ? Tasmin et lui étaient dans l’impasse.

Elle s’éloignait, après lui avoir rappelé qu’il comptait toujours pour elle. C’était trop simple, cela semblait presque facile pour elle ! Passer au-dessus de trois ans d’absence et de mensonges. Medhi ne répondit rien, l’observant s’éloigner sans pouvoir dire quoi que ce soit ! Qu’aurait-il pu dire de plus ? Sa tête lui hurlait de la détester, les restes de ses sentiments lui disaient de ne pas se montrer trop méchant. La situation n’était pas du tout simple à gérer !

- Tasmin !

Medhi l’appela, l’observant se retourner alors qu’elle s’éloignait .Sans doute attendait-elle qu’il la retienne, qu’il lui explique que tout était pardonné, qu’ils allaient pouvoir reprendre là où ils s’étaient arrêtés. Le jeune homme s’approcha, rattrapant la jeune femme et lui décrochant les derniers mots de la soirée.

- Tu voulais mon accord ? Tu l’as. Reste à Pearl Trees. Tu verras, c’est une ville formidable !

Il acquiesça et s’éloigna de plusieurs pas, Medhi ne savait pas pourquoi il avait donné sa permission à la jeune femme de rester ! Peut-être qu’il avait encore besoin de réponses ? Qu’il avait besoin de savoir qu’il ne la détesterait pas toute sa vie. Trois années de sa vie avaient été occupées à la haïr, désormais, il voulait aller de l’avant. Tasmin était hors de vue maintenant. Enfin, il était seul face à ses pensées.

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