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’envie de rien. De s’asseoir sur son lit et de regarder la chambre sans bouger, à l’abri sous les couvertures. Medhi aurait pu passer plusieurs jours, réfugié dans son appart avec une barbe de plusieurs jours et une tenue décontractée. Sauf qu’il y avait Malika. Elle changeait tout, elle le forçait à se lever le matin et à sortir de chez lui. Parce qu’elle comptait sur lui ! Pour une fois dans sa vie, quelqu’un plaçait sa confiance sur ses épaules. Medhi ne savait pas comment gérer ça mais ce qu’il savait, c’est qu’il ne voulait pas décevoir Malika ! La déception, il connaissait. D’abord, il y avait eu ses parents et leurs choix qu’ils avaient imposé aux enfants. Ensuite, des années plus tard, il y avait eu Tasmin. La brune et ses secrets avaient failli le rendre barge. Au final, Medhi se retrouvait assis en caleçon sur son lit trop grand pour lui tout seul. Le noir tout entoure de lui. Le silence dans la rue. Soudain, il tend le bras et agrippe son téléphone qui trône sur la table de nuit. Il devait être trois heures du matin quand il envoie à Tasmin un message bref et concis, qu’elle l’accepte ou pas, ça serait la surprise :

- Besoin de parler. En K restaurant à 19h30, viens si tu veux ...

La politesse, tu repasseras. Medhi n’avait pas envie de jouer au gentil ex-petit-ami pas énervé du tout. Il avait eu plusieurs jours pour y songer, ou plutôt, plusieurs nuits. En journée, il s’occupait de Malika et reléguait tous ses soucis personnels au second plan. En soirée, bien que chahuté par ses colocataires, il avait plus de temps pour réfléchir. Il avait retourné la question mille fois dans sa tête, cherchant une explication logique à tout ça mais au final, ça importait peu. Après une longue hésitation, il avait envoyé un message à Tasmin. Ils devaient en parler, Medhi ne pouvait pas rester sur une zone d’ombre comme celle-là.

C’est de cette façon qu’il se retrouva à prendre une douche et revenir dans sa chambre, le jour J. Medhi ne voulait pas donner à ce tête-à-tête des allures de rendez-vous, s’il voulait voir Tasmin, c’était pour lui expliquer où il en était dans sa vie et lui laisser une chance de discuter ! L’ordre du jour était de savoir ce qu’il s’était passé durant ces trois années. Le jeune homme enfila un jean noir, un t-shirt blanc et passa une veste noire par-dessus. Pas la tenue la plus classe qui existe au monde mais quelque chose de banal, de passe-partout. Parce que c’était l’effet qu’il voulait donner ! Medhi prit la voiture et arriva rapidement au restaurant. On lui désigna gentiment une table pour deux, dans le fond, là où ils pourraient discuter sans qu’on ne vienne les écouter. Ce n’est que quelques instants plus tard que la silhouette de Tasmin se dessina dans l’embrasure de la porte. La jeune femme apparut dans une petite robe sexy qui fit comprendre à Medhi qu’elle n’était décidément pas en ville pour jouer !

- Salut Tasmin.

Il se leva et s’approcha, l’embrassant sur la joue en guise de salutation. S’il avait été moins perplexe, il lui aurait probablement dit qu’elle était belle ce soir. Seulement, Medhi ne voulait pas semer le doute dans l’esprit de la jeune femme ! Il se contenta donc de s’asseoir en silence. Quand ils furent installés, il redressa le regard vers elle et entama de façon plus posée, pas besoin de l’agresser tout de suite.

- Comment tu vas ?

Question rhétorique qu’il était impatient d’expédier pour pouvoir discuter entre adultes !

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’était particulier, de se retrouver au restaurant avec Tasmin. Ils n’étaient plus ensembles, ils n’étaient même pas devenus amis. Medhi la salua et l’observa s’installer. Elle s’était bien habillée pour l’occasion, sans doute dans le but d’adoucir l’ambiance. Mieux valait faire passer cette entrevue pour un dîner que pour une table de guerre ! Après tout, elle avait raison de le prendre sous cet angle. Medhi acquiesça à sa réponse, il ne savait pas trop comment il se sentait. Bien, parce que sa vie lui plaisait comme elle était. Et pourtant, il restait perplexe de ne pas savoir ce qu’ils devaient faire l’un par rapport à l’autre.

- Ça va.

Sans être froid, Medhi tâchait de se montrer bref. Les formalités ne méritaient pas qu’ils s’y attardent bien longtemps. Tous les deux étaient là pour discuter et le jeune homme était impatient d’en apprendre davantage. Ce premier contact après leur rupture difficile, s’avèrerait sans doute important. L’auxiliaire de vie haussa les épaules, ce n’était allé vite que parce que tout avait dérapé ... cependant, inutile de recommencer à tourner le couteau dans la plaie. L’homme se contenta de prendre la mini-salière et de la faire danser entre deux doigts.

- Ils vont bien. Enfin, je crois. J’ai plus trop de contacts avec eux ... y a que ma sœur qui sait pour nous deux.

La frangine à Medhi, autant dire que c’était une teigneuse ! Le genre de petite nana qui devrait apprendre à la fermer parce qu’elle risque de s’attirer des problèmes un jour. Autant dire que quand elle avait appris les circonstances de la rupture entre Medhi et Tasmin, elle avait maudit la jeune femme de tous les maux de la Terre. L’auxiliaire de vie, persuadé à cette époque, que sa copine l’avait trompé, n’avait pas empêché sa sœur de vociférer à son encontre. Heureusement qu’elle ne vivait pas à Pearl Trees ! Les retrouvailles entre les deux demoiselles auraient été sacrément enflammées ! Medhi enchaîna sur son autre question :

- Et oui, j’ai trouvé du boulot. J’assiste une personne qui a besoin de mon aide. Elle s’appelle Malika et elle me bouffe la plupart de mon temps libre. Mais je peux pas me plaindre, j’adore ce que je fais et avec elle, on ne s’ennuie pas !

Il esquissa un sourire et reposa la salière à sa place. C’est vrai que malgré tout, il avait trouvé un job qui l’intéressait ! Mieux que ça, il avait enfin trouvé le genre de vie qu’il voulait mener. Malika était quelqu’un de sympa dans le fond, même si entre eux, tout n’était pas tout rose. Medhi parvenait enfin à trouver son équilibre recherché. Et puis, Tasmin re-débarquait dans sa vie et de nouveaux choix s’imposaient. Il posa les coudes sur la table et fixa la jeune femme dans les yeux.

- Et toi ? Qu’est-ce que tu deviens ?

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e restaurant semblait un terrain neutre, le genre d’endroit où deux personnes entretenant tout type de relations peuvent se rencontrer ! C’est vrai, n’est-ce pas ? On peut croiser absolument n’importe qui au resto du coin. Des couples, bien sûr mais aussi des amis, qui viennent juste casser la croute. Des familles, qui effectuent leur petite sortie de la semaine, sourire aux lèvres. Des collègues, passant des accords tout en dégustant de bonnes pâtes. Même des ennemis, en quête d’une trêve utopique. Autrement dit, Medhi ne s’était pas trop mouillé en invitant Tasmin à le rejoindre dans un restaurant. S’il l’avait directement invité à manger chez lui, les choses auraient été totalement différentes. Or Medhi ne tenait pas à la faire tourner chèvre, il ne voulait ni la blesser ni lui donner des espoirs vains. Actuellement, tout ce qu’il voulait faire, c’était apprendre ce qu’elle devenait, ce qu’elle comptait faire.

La réponse de la jeune femme lui fit esquisser un sourire, Medhi tâchait de garder contenance tandis qu’il ne comprenait pas trop le sens des paroles de Tasmin. Il s’était attendu à ce qu’elle lui conte les monts et merveilles par lesquels elle était passée avant de débarquer à Pearl Trees. Il faut dire que New-York offre clairement plus d’opportunités en tout genre que la petite bourgade dans laquelle ils se trouvaient actuellement ! Mais non, elle se contenta d’un simple « rien ». Le jeune homme resta muet, acquiesçant. Par contre quand elle lui expliqua sa situation professionnelle, Medhi ne put s’empêcher d’éclater de rire. Sur le moment, les choses lui semblaient grotesques voire même irréalistes. Il planta son regard dans celui de Tas et y chercha la lueur de plaisanterie qui n’y était pas. Son visage se durcit quelque peu, pris de court par ce qu’elle venait de lui dire.

- T’es sérieusement en train de me dire qu’avec tes belles années d’université et ton diplôme tout chaud sorti du four en poche, tu ne trouves pas de quoi mettre du pain sur ta table ?

Medhi fronça les sourcils et se laissa lentement retomber contre le dossier de sa chaise. Ses bras, instinctivement, se croisèrent sur son torse. Les révélations de Tasmin le prenaient au dépourvu ! En fait, elle empirait la situation involontairement. Tout ce que l’auxiliaire de vie analysait dans cette histoire, c’était que non seulement Tasmin avait préféré ses études à lui mais qu’en plus, au final, son beau diplôme ne lui servait même pas correctement ! Situation d’une ironie fracassante. Le jeune homme se redressa et reprit contenance, adressant un faible sourire déçu à la belle. Quel dommage de passer des années à se tuer à la tâche pour au final, devoir cumuler deux emplois.

- Je m’en fais pas pour toi, tu trouveras très vite de nouvelles opportunité, j’en suis sûr !

Et de ça, il n’en doutait pas une seule seconde ! Tasmin était une femme battante, débrouillarde. Elle n’était pas de ceux qui attendent gentiment que la Providence leur envoie un cadeau sans lever le petit doigt. Medhi, pour sa part, s’en tirait plutôt bien niveau travail ! Son job était agréable, certes, très prenant mais il aimait bien se sentir utile à quelqu’un. Et puis, financièrement, il était très loin d’être dans le besoin. Le jeune homme reporta son attention sur Tasmin, l’air troublé.

- Tu as donc abandonné ton ... emploi téléphonique ?

Comment qualifier ce job étrange et atypique qu’elle avait mené de par le passé ? Medhi n’était toujours pas sûr à cent pourcent de connaître tous les aspects du boulot ! Connaissant Tasmin, il était clair que cela n’impliquait pas de prostitution ! Elle était bien trop fière pour se rabaisser à ça. Mais quelles étaient les limites de ce jeu malsain par téléphone ? Probablement préférait-il ne pas le savoir ...

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