Il se dit bien des choses à Pearl Trees. Des choses dont on ne sait même pas si elles sont réelles où non. Parfois les rumeurs sont non fondées, parfois oui. Mais c’était très rare. Il se murmurait qu’un très vieil ami à Séréna avait fait son retour à Pearl Trees. Le fameux Travis. Oh tout le monde le connaissait ici. Enfin presque. Mais personne ne pouvait l’aimer comme Séréna. Au fil du temps, elle avait appris à faire son deuil. Il était évident qu’il ne remettrait plus les pieds dans cette petite ville, qu’il resterait cloitré dans son chalet là-bas dans les montagnes à reçevoir quelconques châtiments. Travis manquait à Séréna et à chaque fois qu’elle en entendait parler ça lui serrait le cœur. De toute façon, il ne voulait plus la voir puisqu’il n’avait jamais répondu à ses lettres. Et pourtant Dieu sait combien elle en a envoyé. Chaque moi durant deux ans elle lui avait écrit un roman. Et il n’y avait jamais répondu. Est-ce qu’il lui en voulait ? Sûrement. Séréna avait beau réfléchir à quoi, la question demeurait sans réponse. Elle n’arriverait jamais à l’oublier. Comment oublier cet ami qui depuis tout petit la fait rire comme personne ? Elle arrivait même à jouer avec ces voitures électriques et à le battre à la course sans qu’il s’énerve. Ils avaient presque un lien fraternel jusqu’à ce que leurs parents viennent tout gâcher. Elle se souviendra toujours du jour où ses parents lui ont annoncé qu’elle ne pourrait plus fréquenter Travis. C’est comme ci le monde s’était écroulé autour d’elle. Elle n’arrivait plus à respirer et une main invisible lui serrait le cœur avec une puissance non mesurable. Elle ne pouvait plus l’approcher, lui parler ni même le regarder. D’ailleurs, ils en étaient même arrivés à supprimer son numéro de son téléphone portable. Séréna avait pleuré des jours et des jours et en avait voulu au monde entier. Personne n’avait pu apaiser son chagrin. Personne. Jusqu’à aujourd’hui.

La journée était belle. Radieuse même. La jolie blonde en avait profité pour flâner dans le parc sans aucune raison. Séréna aimait se promener seule dans cet endroit. Elle se ressourçait en quelque sorte. Il y avait peu de monde aujourd’hui en raison du froid peut-être. Elle aperçut un homme de l’autre côté de la fontaine. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. « Travis ? ». Elle était tellement sous le choc que les mots étaient à peine sortit de sa bouche tel un murmure. Figée, elle observa Travis qui s’éloignait. Elle ne pouvait se résoudre à le perde, encore une fois. Malgré ses lettres sans réponses, elle couru vers lui aussi vite qu’elle pu. Le vent lui giflait le visage, son manteau lui donnait chaud. Le souffle court avec toutes ses émotions, elle avait du mal à respirer mais elle continua de courir. Son prof de sport en aurait été épaté par sa vitesse. Les larmes qui coulaient sur ses joues s’envolaient aussi vite qu’elle étaient apparues. Elle hurla : «  TRAVIS ! » et il se retourna. Son visage avait durci mais c’était lui. Quand elle fut à sa hauteur elle le serra contre lui, aussi fort qu’elle le pouvait. Elle ne voulait plus le lâcher. Plus jamais. Elle le serrait toujours plus, ses larmes coulaient sur son visage et se perdaient dans ses cheveux blonds. « Ne pars plus jamais » murmura-t-elle. « Jamais, tu m’entends ? ». Elle le secoua et plongea son regard embrouillé dans le sien. La colére était bien présente. « Pourquoi tu n’as pas répondu ? Pourquoi ? Pourquoi tu m’as abandonnée ? HEIN ? » Elle le secoua et éclata en sanglot. Le peu de passants les fixaient avec des yeux ronds. Mais elle s’en fichait. Tout ce qui comptait c’est qu’il soit là, en chair et en os. Elle enfonca son visage dans l'écharpe du jeune homme et murmura : «Tu m'as tellement manqué...»

Séréna se sentie prise d’un vertige. Travis n’avait pas l’air heureux de la voir et s’était la colère qui faisait place à la tristesse. Comment aurait-elle pu ne pas l’écrire ? Quelle question insensée ! Ils se connaissent depuis leur plus jeune âge, avait grandit ensemble. Séréna était sur le cul. Oui oui, vous avez bien lu : « Pardon ? Bien sûr que je t’ai écrit ! Tu me prends pour qui ? T’as une belle opinion de moi à ce que je vois ! » Croisant les bras avec une petite mine boudeuse et des yeux comme des couteaux prêts à frapper, elle observa Travis. C’est vrai qu’il avait changé. Elle ne savait vraiment pas ce qu’il avait subit là-bas dans les montagnes mais elle remarquait des choses qu’il n’y avait pas chez lui avant. De la froideur, de la distance. Avant, il l’aurait serré lui aussi dans ses bras et aurait été enchanté de la voir. Il n’aurait pas été aussi désagréable que maintenant. Travis aborda le sujet des parents de Séréna : « Je crois que tes parents ne seraient pas enchantés de savoir que tu me parles ». Comme un mécanisme, la main de Séréna alla se loger avec violence sur la joue du jeune homme. C’était bien la première fois qu’elle osait donner une claque à quelqu’un. Elle n’y avait pas mis la force mais le geste venant d’elle était plutôt choquant. Jamais elle n’avais levé la main. Elle était la douceur incarnée et la voir dans cette colère était un jour à noter dans le calendrier. « Ne me parles plus jamais de mes parents nous concernant, je suis assez grande pour savoir ce qui est bon pour moi. Et pour ta gouverne, Travis, je leur en veux toujours pour ce qu’ils ont fait. Tu ne sauras jamais la douleur que j’ai eue quand ils m’ont dit que tes parents t’avaient envoyé loin d’ici. » Ce jour là, elle avait eu le cœur tellement brisé qu’une seule personne aurait été capable de lui remonter le moral. Mais cette personne était la cause de son chagrin et s’en était allé pour un temps indéterminé.

Séréna venait de penser à la dernière lettre qu’elle devait lui envoyer. Avec son travail pour Monsieur Fisher, ses cours et le reste, elle n’avait pas encore eu le temps de la poster. Elle fouilla dans son sac et lui tendit : « Tiens si tu me crois pas. » Trop en colère elle, le laissa là et reparti en direction de chez elle pour s’enfermer dans sa chambre et pleurer toutes les larmes de son corps. La lettre contenait ceci :

« Mon Petit Biscuit,
Tu sais, ça fait au moins la 25ème lettre que je t’envoie. Je ne perds pas espoir d’avoir un jour une réponse. Je ne sais pas ce qui se passe là où tu es mais j’imagine que cela ne doit pas être facile pour toi. Les lettres que je t’envoie, je les écris toujours avec cet espoir de te revoir un jour. Tu n’imagine même pas comme je serais heureuse de te retrouver. Toutes ses années passées à rire et à refaire le monde sont les plus beaux souvenirs qu’il me reste. Tu te souviens, comme tu arrivais à me manipuler à chaque fois en m’entrainant dans tes bêtises ? Tu te souviens de ce noël où on avait mangé la bûche à nous deux alors que nous n’avions même pas entamé le plat de résistance ? Nous n’avions que 7 ans mais je m’en souviens comme si c’était hier. On avait le ventre si rempli que le lendemain nous en étions malades. Je t’avais offert ce petit porte clef que j’avais fait moi-même en pâte à sel où deux bonshommes se tenaient la main. Je n’ai jamais su ce que tu en avais pensé, haha, ce sont des souvenirs merveilleux.
Bref, je ne vais pas la faire longue cette lettre, tu dois sûrement avoir mieux à faire que de lire des lignes ressassant des souvenirs ! Sache que tu me manques énormément et que mon calendrier est couvert de croix en espérant qu’un jour tes parents me diront quand tu reviendras. Ce jour là, j’entourerai avec mon gros marqueur rouge. (Celui que tu avait volé à la librairie ! :) )
Tu me manque Petit Biscuit,
Je t’aime fort, amitiés,
Ton petit Chocolat praliné »