Sujet: Don't Close Your Heart | Timothy Ven 15 Nov - 6:44
Don't Close Your Heart
PV. Timothy Andersen
Il était déjà tard et pourtant, Caitlin ne dormait pas, loin de là. Les enfants se trouvaient tous dans leurs chambres mais elle, elle attendait. Quoi ? Comme toujours, le retour de Tim. Ses absences étaient coutumières mais en règle générale, elle ne l’attendait pas souvent et partait se coucher avant son retour. Dans ces moments-là, elle l’entendait souvent s’étendre à côté d’elle mais ne réagissait pas et faisait semblant de dormir. Mais pas ce soir-là. Déjà, elle avait une certaine quantité de boulot à abattre pour le lendemain et, ensuite, elle souhaitait le voir en face, le confronter une bonne fois pour toutes. Sûrement pas savoir ce qu’il trafiquait puisque ces derniers temps, elle avait beau essayé de comprendre, elle n’y arrivait pas. Mais seulement pour lui parler de vive voix, croiser son regard, retrouver un peu de l’époux tant aimé. Comme toujours, elle ignorait où il se trouvait, ce qu’il faisait de ses journées et de soirées. Bien sûr, cela commençait à lui peser, parce qu’ils avaient toujours été proches, ils s’étaient toujours tout dit. Caitlin ne pensait pas avoir de secrets à son égard et elle aurait aimée être persuadée que Tim n’en avait pas non plus. Hélas, pour l’heure, elle n’était plus sûre de rien.
Installée dans la salle à manger de la villa familiale, sur la grande table pour avoir plus de place, elle avait éparpillé ses dossiers et ses notes pour préparer à l’avance ses entretiens du lendemain et pour ne pas être prise au dépourvu. Jamais. Kate aimait tout calculer, tout prévoir, et détestait que les choses puissent lui échapper, que ce soit dans son boulot ou dans sa vie privée. C’était quelque chose qu’elle avait en horreur et il lui fallait absolument tout contrôler sinon, elle stressait. Son autoritarisme était sans aucun doute un défaut mais elle l’assumait bien volontiers. Quant à ces dossiers, elle ne les étudiait jamais en présence de ses enfants ou de son mari, pour ne pas leur infliger la difficulté de son job, et pour respecter le fameux secret professionnel. Dans une ville telle que Pearl Trees c’était assez compliqué puisqu’elle connaissait beaucoup de monde et donc, connaissait les travers de nombreux de ses habitants. Etre psy possédait à la fois de nombreux avantages et de nombreux inconvénients. Le respect dans les yeux d’autrui mêlé à une certaine forme de crainte, la possibilité de comprendre l’être humain dans sa globalité, mais… Ce boulot était horriblement prenant. Parfois, elle aurait aimé pouvoir en parler davantage avec son entourage, parler des cas qui la tourmentaient, mais peu étaient ceux qui parvenaient à la comprendre complètement. A part Tim peut-être. Cette pensée lui serra le cœur. Lui seul la comprenait tellement…Tout en triturant distraitement la minuscule croix suspendue à son cou, elle gardait les yeux rivés sur les petites annotations dans les marges et fronça les sourcils. Il se faisait vraiment tard. Pourquoi Tim ne rentrait-il pas ?
La fatigue commençait à la gagner, d’autant qu’elle avait une lourde journée le lendemain. Mais elle tiendrait bon. Pour leur couple, se disait-elle. Et aussi parce qu’elle était pire qu’un molosse enragé, elle ne lâcherait pas l’affaire. Un soupir lui échappa. L’idée de mener une conversation houleuse ce soir-là ne l’inspirait guère, alors peut-être que les choses s’arrangeraient d’elles-mêmes. Enfin. Elle ne s’attendait pas non plus à grand-chose. La certitude que son mariage lui échappait peu à peu s’imposa dans son esprit. Vingt ans qu’ils étaient mariés, vingt ans de bonheur au quotidien et maintenant… Maintenant, elle ne savait plus trop quoi en penser. Discuter avec Tim n'était pas une tâche aisée ces temps-ci et elle commençait à craindre qu'il puisse lui cacher quelque chose. Bien sûr, son couple était solide et elle le savait parfaitement. Mais malgré tout il restait des questions sans réponses. Tâchant de se concentrer sur tous ses papiers, elle reprit son stylo, chassa ses mauvaises pensées et se replongea dans la tâche à effectuer.
Sujet: Re: Don't Close Your Heart | Timothy Dim 17 Nov - 3:35
Caitlin & Timothy ₰ It ain't over till it's over.
'Cause all these scenes of grief got my head spinnin', and we're dancing on the edge of a knife... And could I be your hero or your villain ? Uh, I guess it just depends in whose eyes... And I know no matter how much colder or how much I carry on my shoulders, as long as I'm standing, I'll be closer 'cause it ain't over 'til it's over. ▲ James Arthur
Profiter de chaque journée que Dieu m’offrait, chaque seconde de chaque minute qui m’était donnée, voilà ce qu’était mon état d’esprit depuis quelques semaines, depuis qu’on m’avait appris que je n’avais plus beaucoup de temps. La gifle avait été violente, mais j’avais pris sur moi pour encaisser le coup, pour me faire à l’idée, mais le seul fait d’imaginer la détresse de ma famille face à cette nouvelle me rendait malade. Je ne pouvais pas leur imposer de vivre avec ce sablier, égrainant chacune des secondes restantes à leurs côtés. Je ne voulais pas que nos derniers moments soient emplis de peine, de tristesse et d’angoisse, je voulais qu’ils continuent à vivre leur vie avec simplicité et légèreté, la vie qu’ils avaient toujours eue. Quant à moi, je m’éclipsais peu à peu, les préparant à mon départ d’une manière indirecte, je voulais qu’au moment où le Ciel me rappellerait à lui, ils soient prêts à mon absence, qu’ils aient déjà des habitudes et qu’ils ne remarquent finalement pas que je ne fais plus partie de ce monde. Tragique, oui un peu, mais c’était surtout la plus belle preuve d’amour que je pouvais leur offrir, la dernière.
Je passais de moins en moins de temps à la concession, je laissais les responsabilités à mon employé de longue date, je savais très bien qu’au moment opportun, je pourrais compter sur lui pour tenir la boutique d’une main de maître. A titre personnel, j’avais encore plein de choses à faire avant de m’en aller pour de bon, et je comptais bien réaliser chacun des défis de ma liste. Dans la vie, on se dit tous « j’aurais dû faire ça. » ou « Si j’avais su… » et puis on continue notre chemin sans y prêter attention parce qu’on croit toujours avoir le temps. Moi je n’avais plus le temps, alors toutes ces paroles en l’air me revenaient comme un boomerang. « J’ai toujours rêvé de courir nu dans un champ. », ou bien « Quand je serai grand, je serai pilote d’avion. » Des rêves débiles, somme toute, mais ni plus ni moins que des rêves qu’il était temps de réaliser. J’avais passé mes dernières semaines à faire tout un tas de folies, des actions plus ridicules, irresponsables, et dénuées de sens les unes que les autres mais j’y prenais un plaisir fou, j’avais l’impression d’avoir quinze ans à nouveau et d’être insouciant. Après tout, que pouvait-il m’arriver de pire, je n’avais plus rien à perdre. Ce matin, en allant chercher Cara pour mon nouveau plan diabolique, elle n’avait pas franchement aimé l’idée et m’avait laissé mener mon petit bonhomme de chemin tout seul. En même temps, j’aurais dû me douter que ça allait trop pour ses beaux yeux, surtout trop violent et masculin. C’était donc seul que j’avais pris la direction de Woodburgh pour l’évènement hebdomadaire de catch de la région. A peine arrivé, j’allai inscrire mon nom à la liste des compétiteurs, puis retournai à la voiture chercher le costume que j’avais fait faire sur mesure pour l'événement. Il était temps de réaliser un rêve de gosse. Evidemment j’étais bien conscient que je n’avais ni le gabarit ni même la tronche de l’emploi mais j’y étais, c’était moi sur ce ring que les gens allaient encourager, ils allaient crier mon nom, ou du moins le pseudo que j’avais utilisé, et dans un second temps, qu’ils allaient voir se faire massacrer. « MASTERBALL ! MASTERBALL ! » Les cris s’élevaient dans la foule, ce fut à peu près la seule chose que j’entendis avant de me retrouver aplati comme une crêpe et sorti sur civière. Quelques hématomes sans gravité plus tard, des vêtements souples sur le dos, je rentrais toutefois péniblement chez moi.
Au moment où je franchis la porte de notre maison, de ces murs blancs qui abritaient tant de beaux souvenirs, quelle ne fut pas ma surprise quand j’aperçus Caitlin assise à la table de la salle à manger, ses dossiers ouverts. Je ne voyais plus que d’un œil mais je pouvais dire sans crainte qu’elle était belle, elle était même magnifique. C’était dingue comme la vision de mon ange avait l’art de me faire oublier ma douleur, je lui adressai un sourire et m’approchai d’elle, lui déposant un baiser sur le front avant d’aller chercher une poche de glace et de m’affaler dans mon fauteuil. « Ça va ma chérie ? Qu’est-ce que tu fais encore debout ? » Notre mariage était ma plus grande réussite, nous avions trois enfants fantastiques, aucune ombre au tableau, vingt ans de bonheur aux côtés de ma moitié, mon âme sœur. Elle rayonnait comme au premier jour à mes yeux, ou du moins, elle rayonnait encore il y a quelques jours, car en face de moi, c’était désormais une Caitlin fermée, les traits tirés et au regard accusateur qui me voyait porter la glace sur mon œil gonflé. En clair, je sentais que j’allais passer un sale quart d’heure.
Sujet: Re: Don't Close Your Heart | Timothy Jeu 21 Nov - 18:31
Don't Close Your Heart
PV. Timothy Andersen
Caitlin s’attendait déjà à tout, elle avait imaginé tous les scénarios possibles et connaissant son mari et son imagination débordante, pire qu’un gosse, il allait forcément trouver une excuse absolument unique en son genre. Elle s’y était préparée mentalement mais savait reconnaître quand quelqu’un lui mentait. L’habitude à cause de son job, sans aucun doute. Et Timothy, depuis le temps, elle connaissait ses parades. Même si ces derniers temps, elle avait l’impression de le redécouvrir tous les jours. Elle était sur le point de monter enfin se coucher quand le cliquetis caractéristique de la clé dans la serrure résonna dans ses oreilles. A moins qu’un nain de jardin mal intentionné ne s’incruste au beau milieu de la nuit dans leur villa, ça ne pouvait être que lui. Elle l’entendit tenter de faire le moins de bruit possible mais à cette heure-ci, les enfants devaient dormir à poings fermés. Enfin, peut-être pas les aînés, qui avaient une vie nocturne très agitée. Malgré tout heureuse de le revoir, elle tourna la tête vers l’entrée, prête à le recevoir. De toute manière, elle avait du mal à lui en vouloir longtemps, il la faisait toujours autant craquer. Et avec son regard de chien battu, son cœur chavirait à chaque fois.
Mais ce soir-là, Kate comprit aussitôt que quelque chose clochait. Il s’exprimait clairement et s’étonna de la voir encore debout à cette heure, mais quand il s’avança pour plaquer un baiser affectueux sur son front, le visage de la jeune femme se déforma sous la terreur. Elle occulta délibérément sa question, puisque ça n’en était pas vraiment une. Timothy savait parfaitement ce qu’elle faisait là, elle l’attendait. Le cœur battant, elle garda l'oeil braqué sur lui. Non, ça n’allait pas du tout. L’inquiétude remplaça immédiatement la colère de le voir revenir tard. Que lui était-il arrivé ?! Les lèvres pincées, elle l’observa chercher une poche de glace et se demanda quelle attitude adopter. Savoir une bonne fois pour toutes. Ne pas le laisser s’en tirer comme ça. Pour leur famille, leur couple, pour la vérité et, plus que tout, pour l’amour brut que se vouait un homme et une femme depuis le premier jour. Ils se disaient tout. Alors pourquoi ne savait-elle pas, bon sang ? Pourquoi avait-elle l’impression qu’il était devenu un parfait inconnu ?
« Qu’est-ce qui t’es arrivé ? T’es blessé ? » s’enquit-elle, le regard accusateur. Pas de colère, pour une fois. Seulement de l’incompréhension. L’accabler sans savoir ce qu’il avait serait inutile. Mais elle espérait qu’il n’avait pas fait quelque chose de vraiment stupide ou que l’état de son visage n’était pas dû à une de ses gamineries probables. Il s’était passé quelque chose, Kate le savait. Et elle espérait qu’il ne lui mentirait pas, pas cette fois, elle n’avait pas le courage de faire face encore. Les journées étaient suffisamment difficiles pour ne pas en rajouter une couche dans sa vie familiale. « Réponds-moi, Tim ». Sa voix se brisa dans un murmure. Elle ne voulait pas plaisanter. Mais on pouvait aisément percevoir son inquiétude car elle prononçait le prénom de son mari. Elle adorait le dire, tout le temps, comme pour se persuader que c’était bien réel. Et en règle générale, elle le prononçait avec chaleur et affection. Evidemment, ce soir-là, elle était plus sérieuse que jamais et c’était tout à fait compréhensible. « Tu… Tu t’es battu ? Avec qui ? ».
Kate n’aimait pas faire des suppositions et portait rarement des préjugés sur le monde qui l’entourait, car son regard s’efforçait d’être toujours juste et altruiste. Si bien qu’elle ne souhaitait pas faire de conclusions hâtives. Pourtant, dans cette situation, c’était la première explication qui lui venait à l’esprit, il avait dû se battre pour revenir dans cet état pareil. Mais bon sang ! Ce n’était plus un gamin pourtant, il savait se maîtriser. Enfin, normalement. Et qu’est-ce qu’ils allaient bien pouvoir dire aux enfants, le lendemain, quand ils verraient leur père adoré ainsi ? Aucun n’était idiot, ils se poseraient forcément des questions et Kate devrait bien leur expliquer quelque chose. Mais que dire quand on ignore soi-même la vérité ? Un soupir lui échappa. Elle détestait ne pas comprendre. Les bras croisés et le regard suspicieux, elle attendit qu’il daigne enfin lui répondre, en ayant en même temps peur de l’entendre.
Sujet: Re: Don't Close Your Heart | Timothy Mer 27 Nov - 12:34
Caitlin & Timothy ₰ It ain't over till it's over.
'Cause all these scenes of grief got my head spinnin', and we're dancing on the edge of a knife... And could I be your hero or your villain ? Uh, I guess it just depends in whose eyes... And I know no matter how much colder or how much I carry on my shoulders, as long as I'm standing, I'll be closer 'cause it ain't over 'til it's over. ▲ James Arthur
Assis sur son fauteuil, le regard trouble et la douleur venant le brûler à chaque fois qu’il bougeait d’un centimètre, il ne disait mot. En face de lui, sa femme le regardait avec insistance, consciente que quelque chose ne tournait pas rond chez lui, que son attitude n’était plus celle qu’elle connaissait, qu’il lui cachait quelque chose. L’idée de mentir à sa famille l’anéantissait, mais il se devait de garder pour lui ce lourd secret, parce qu’imaginer de simples bagarres était un joli euphémisme auquel il préférait mille fois qu’elle s’accroche. Comment leur dire qu’il avait déjà perdu la plus grande des batailles, qu’on lui avait déjà asséné le coup fatal et qu’il n’avait qu’un cercueil en guise d’issue. Le cancer le rongeait chaque jour un peu plus, il le sentait dans ses gestes quotidiens, il avait de plus en plus de mal à monter les escaliers menant à leur chambre, ce qui expliquait en partie pourquoi il rentrait si tard. Si Caitlin était déjà au lit lorsqu’il franchissait la porte, alors elle ne réaliserait qu’il avait besoin d’une pause après la septième marche pour reprendre son souffle, elle n’entendrait pas sa respiration haletante alors qu’il posait enfin son pied à l’étage, elle ne verrait combien le moindre effort l’amoindrissait. Alors il fuyait la maison toute la journée, essayant tant bien que mal de cacher ces symptômes qui pourtant prenaient de plus en plus d’ampleur. Bientôt, il allait devoir lui avouer la vérité, elle le devinerait et il serait confronté à ce qu’il redoute le plus, la peine dans les yeux de ceux qu’il aime plus que tout.
En attendant, c’était de l’inquiétude qu’il lisait dans le regard de sa femme, et il ne savait pas vraiment comment se sortir de ce pétrin. « Je suis tombé dans les escaliers de la concession. » lui dit-il machinalement, évidemment conscient qu’elle n’en goberait pas un mot, sûrement parce qu’une chute ne lui aurait pas provoqué de telles blessures et également parce que les seuls escaliers présents sur son lieu de travail étaient ceux de l’échelle qu’ils utilisaient pour aller au grenier et sur lesquels Timothy ne mettaient pas un pied. Il avait toujours eu une peur bleue de ce genre de trucs, les échafaudages, les escabeaux, il avait toujours eu l’impression que ça allait céder pile au moment où il y monterait. A l’époque de leur emménagement, ça avait notamment beaucoup fait rire Kate, lui, l’homme de la maison, incapable de grimper sur un ridicule marchepied. Il leva la tête avec un air désolé, et pour l’être, il l’était, si seulement il n’était pas dans cette situation. Ils menaient la vie parfaite, tout allait bien, mais bien sûr, le bonheur est éphémère il faut croire, il a fallu que le destin les fasse descendre de leur piédestal et les ramène à la dure réalité de ce monde. « Allons-nous coucher, tu veux ? » lui adressât-il d’un sourire crispé mais sincère. Il n’avait pas envie de polémiquer, pas ce soir, pas maintenant. Pour une fois, il avait simplement envie de serrer sa femme dans ses bras, de sentir son parfum chatouiller ses narines, embrasser ses douces lèvres et s’endormir près de son corps chaud. Oui, il avait envie de se laisser aller à vivre cette vie qu’il abandonnait petit à petit. Il se leva péniblement, dans un cri étouffé pour ne pas réveiller les enfants, puis gravit les deux premières marches qui le mèneraient à la chambre. Non seulement l’effort physique était bien évidemment difficile en temps normal, mais avec ses blessures additionnelles, il allait avoir besoin de l’aide de sa chère et tendre. « Est-ce que tu peux m’aider Kate ? » Se retournant vers sa femme, il se sentait comme un moins que rien, il avait atteint le point de non-retour, il était devenu pathétique, dépendant de sa famille, tout ce qu’il redoutait le plus, qu’il rejetait au plus haut point. « S’il te plait… » insistât-il.