« Ramènes tes fesses, aujourd'hui on prend la mer »

Je ris en voyant le message que m'as envoyé Noah. Oui, ça lui prend comme ça des fois et dans ces cas là, il ne vaut mieux pas protester ou chercher une excuse quelconque: Avec lui, personne n'arrive jamais à se défiler ou même à le contredire. En fait, à première vue, Noah est quelqu'un d'un peu bougon, qu'on ne veut pas trop approcher de peur de se faire refouler en beauté. Pourtant, je sais que dans le fond, il n'est pas comme ça. Un type aussi mal n'aurait certainement pas réagi comme il l'a fait lorsqu'un jour, je me suis évanouie à ses côté: J'étais très faible ce jour là et j'avais besoin d'air. Dommage que ça n'ait pas marché et que j'ai chopé une sorte de virus qui finalement n'a pas eu raison de moi. Noah m'as sauvée, a eu la patience de me supporter de très nombreuses fois par la suite. Il est littéralement amoureux de son bateau que j'ai l'impression que c'est devenu obsessionnel, pourtant le voir si passionné m'inspire. J'aimerai beaucoup avoir quelque chose à laquelle me raccrocher moi aussi. Et rares sont les fois où il m'as invitée comme cela à partir en balade: Ce n'est pas souvent, mais je profite toujours à fond. L'air marin me fait le plus grand bien et j'ai l'impression d'enfin respirer quand je ne suis pas raccrochée au sol, en train de voguer. Finalement, je comprends pourquoi Noah adore autant être sur son bateau: Parce que c'est génial et ça permet d'évacuer les mauvais souvenirs ainsi que les mauvaises pensées.

Pas d'hésitations, j'y vais. Alors que j'étais encore emmitouflée sous mes couvertures et en pyjama, n'ayant même pas envie de me lever ce matin, Noah m'as donné une raison de le faire. Et de me bouger par la même occasion. Bizarrement, mes parents ne sont pas là, partis avant même que je me réveille: Tant mieux. Une fois habillée et après avoir avalé un solide petit déjeuner -parce que la mer, ça creuse-, j'attrape ma bouteille d'oxygène, laisse un mot assez vague à mes parents en me contentant de leur dire que je suis sortie avec un ami et me voilà partie.

« Je suis en chemin », lui répondis-je finalement avant de me mettre en marche pour de bon.

Allez jusqu'au ponton privé où est amarré le bateau de Noah ne prend pas longtemps, d'autant que je connais la route par coeur maintenant. De loin, je le vois avec son chien, qu'il emmène à peu près partout. Ce spectacle me fait sourire: Comment les gens peuvent-ils avoir du mal à engager une conversation avec lui? Je ne le lui dirait jamais, mais pour moi Noah ressemble à une espèce de nounours que j'aimerais serrer contre moi tout le temps. Peut-être que c'est justement son sale caractère que je trouve mignon chez lui, remarque...En me voyant débarquer, il ne me salue pas réellement, se contentant d'un joli « ah, t'es là! », avant de m'inviter à monter sur le bateau.

« Tu m'as demandé de venir si gentiment, je n'ai pas pu résister », lançais effrontément tout en acceptant son aide.

Une fois à bord, j'ai l'impression que tous mes problèmes s'arrangent déjà, alors que nous n'avons même pas encore vraiment quitté le port. Je crois que si je n'aimais pas tant bosser à la bibliothèque, qui se trouve sur la terre ferme, je supplierais Noah de toujours me garder avec lui! Je souris ensuite quand il me demande comment je vais et va jusqu'à lever les yeux au ciel devant lui lorsqu'il me rappelle de ne pas vomir sur le bateau.

« J'ai été malade juste la première fois et je me suis excusée en plus! », dis-je en grimaçant face au mauvais souvenir qu'est ma première balade sur ce bateau. J'ai eu le mal de mer, un truc tellement violent que j'ai cru mourir. Et oui, j'ai UN PEU sali le bébé de Noah, mais tout de même! « Mais je vais bien », repris-je avec un peu plus de sérieux. Je ne mentionne pas les batteries de test que je dois encore passer en cette nouvelle année, ce serait trop déprimant pour moi d'y penser. Puis Noah n'est pas comme les autres, il me traite comme une personne normale et non pas comme une condamnée. Bien que je le soit, évidemment.

« Et toi? », demandais-je tout en m'approchant de lui, bras derrière le dos, le regard fixé sur la mer. « Et pourquoi cette envie soudaine de vouloir prendre la mer avec moi? »