One love, one heart, one destiny - Jenna

One love, one heart, one destiny

❝ It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves.. ❞

Les côtes de Pearl Trees regorgeaient d'une flore et d'une faune exceptionnelle. La pêche n'était tolérée qu'en pleine mer, mais ça n'avait jamais été compris par tout le monde. Je passais donc pas mal de temps à vérifier le littoral pour que tout demeure préservé. Aujourd'hui, rien d'anormal à déclarer, il était donc temps de revenir au port, ou plutôt à mon point d'attache. Je n'amarrais pas mon bateau au port, il y avait trop de monde. J'avais un petit bout de plage « privée » avec un ponton, c'était là que je posais les armes. L'idée de ne jamais revenir m'avait bien traversé l'esprit, mais pas aujourd'hui, un autre jour plus tard. En cette matinée, j'avais envie d'autre chose. Le retour se fit dans le calme, le vent n'était pas trop de la partir et j'adorais me faire bercer par l'avancée lente du voilier. Ma matinée avait été assez fructueuse au point de vue des rencontres, vu que j'avais eu la joie de croiser quelques grands dauphins et une tortue luth. Le plus souvent je me contentais des poissons du coin, ce genre de rencontre n'était pas rare ,mais demeurait cependant toujours aussi magique, même si je préférais mes rencontre avec la grande bleue. C'était le genre de moment qu'on ne pouvait oublier, croiser le regard de ces géants des mers ça vous change à vie.

A peine le bateau collé contre le ponton, Maverick bondit sur celui-ci avec aisance. Ah oui, j'ai oublié de le présenter. Ce clébard c'est Jenna qui l'avait ramassé dix ans plutôt et qui me l'avait l'offert. Résultat malgré mon certain dégoût des animaux à poil, j'avais fini par en faire mon compagnon de route. Il avait même le pied marin et c'était le premier à monter sur le voilier. Il en descendait aussi avec plaisir pour pouvoir se défouler sur la terre ferme. Il avait sûrement prévu pas mal de trucs, mais il ne s'éloignait jamais. Après avoir attaché les bouts aux bollards, histoire d'éviter que mon voilier ne disparaisse avec la marée.

Je jetais un rapide coup d'oeil à ma montre avant de prendre le chemin pour remontrer vers le village. Direction la petite boulangerie du coin pour me prendre un truc à grignoter pour ce midi. J'étais un habitué vu que je me passais souvent pour prendre un sandwich. C'était assez pratique pour manger sur le pousse, quand on n'avait pas le temps - et encore moins l'envie- de se faire à manger. « Merci » lançais-je avant de fermer la porte derrière moi. Maverick avait beau être agé d'une dizaine d'année, il était toujours insupportable qu'à l'époque et bondissait en l'air dans l'espoir d'obtenir mon repas du midi. « Casse toi le chien » Bien évidemment, il n'en avait rien à foutre et continua son manège jusqu'à être trop fatigué pour continuer à bondir comme un kangourou surexcité.

Je passais beaucoup de temps dans une crique assez éloignée et difficile d'accès. C'était un endroit où je pouvais être sur de toujours me retrouver seul, le genre de coin parfait. Peu de personnes s'y aventurait et c'était très bien comme ça. J'y avais amené Jenna, c'était d'ailleurs la seule qui avait eu cette occasion et cet endroit me ramener toujours des années en arrière. Voilà donc la raison qui me poussait à me réfugier dès que j'en ressentais le besoin. Là bas, rien n'avait changé, si ce n'est qu'elle n'était plus là. Accédé à la crique n'était pas si facile que ça, sauf quand on connaissait le chemin. Bien plus à l'aise que moi, Maverick dévala entre les rochers avec une facilité déconcertante. J'avais laissé tomber l'idée de le faire ralentir, il semblait doué pour éviter les endroits dangereux et réussir à s'en sortir. Une fois arrivée sur la crique, je me vautrais dans un coin avant de me souvenir de la présence de ce clébard. Il était passé où. Soupirant, je laissais tomber la dégustation de mon sandwich pour me lancer à sa recherche. Il apparut un peu plus loin courant après un bâton qu'une blonde que je ne pouvais avoir vu que de dos venait de lui lancer. C'était quoi ce délire. Et qu'est-ce qu'elle foutait là celle-la. On était dans une zone protégée, elle n'avait rien à y foutre, encore moins quand j'y étais. « Hé vous, Qu'est-ce que vous foutez là » Ma voix n'avait rien d'aimable. En fait elle était désagréable au possible. Je voulais juste qu'elle se casse pour profiter de mon moment de solitude.

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Noah ∞ Jenna

Je me levais en sursaut, la sueur perlant sur mon front. C’était toujours le même cauchemar qui venait perturber mes nuits. Est-ce que cela n’allait donc jamais s’arrêter ? Plusieurs mois avaient écoulés depuis l’accident, et pourtant, la plaie était loin de cicatriser, la culpabilité loin de s’effacer de mon esprit. Mais comparé à Matthew, n’était-ce pas un faible prix à payer ? Contrairement à lui, j’étais encore en vie… Enfin si l’on pouvait encore appeler ça une vie. J’avais l’impression de n’être qu’une ombre de moi-même. Je passais pratiquement tous les jours à de rien faire, excepté les jeudis qui étaient en quelque sorte le summum de ma semaine : le jour de rendez-vous avec un psychiatre. Même après mon déménagement, j’avais continué à chercher de l’aide chez un professionnel, même si je n’avais pas vraiment l’impression que cela améliorait quoique ce soit. Mais au moins de cette manière, je pouvais me faire croire que je faisais de mon mieux pour surmonter cette histoire. Sans parler du fait que si je voulais un jour reposer pied dans une salle d’opération, il me faudrait certainement une attestation de mon psychiatre… sauf que pour le moment, je n’avais pas la moindre idée de quoi faire de ma vie, pas le moindre plan concernant mon futur, je me contentais de vivre de mes économies, mais celles-ci n’allaient certainement pas durer indéfiniment. Je soupirais avant de jeter un regard sur mon réveil. Il était déjà dix heures passé. Sans doute que l’on pouvait dire que j’étais devenue une lève-tard, mais en réalité, cela était bien plus compliqué. Chaque soir, je redoutais le moment où j’allais sombrer dans les bras de Morphée, craignant de refaire ce même cauchemar qui me hantait toujours. Et chaque soir, je repoussais le moment où j’irais me coucher, si bien qu’il n’était pas bien rare que je ne m’endorme qu’une fois que les premiers rayons de soleil commençaient déjà à traverser la fenêtre. Cela avait également été le cas aujourd’hui, si bien que je n’avais finalement eu que quelques heures de sommeil. Pendant un bref instant, je jouais avec l’idée de remonter mes draps et de rester au lit. Après tout, une des bonnes choses lorsqu’on est au chômage, c’est que l’on n’a pas d’obligations horaires. Qu’on était libre de passer sa journée au lit si on le souhaitait. Mais la crainte d’être une fois de plus submergée par le sommeil m’en dissuada et me poussa à me lever. Rapidement, j’enfilais un vieux jean et un pull avant de jeter un coup d’œil dans le miroir. Un rapide coup de brosse pour attacher mes longs cheveux blonds, et me voilà prête pour ma promenade matinale.

A peu près une heure plus tard, j’étais assise sur une roche, en train d’observer l'éternel va-et-vient des vagues. J'avais toujours apprécié l'océan, mais depuis que j'étais venue habiter à Pearl Trees quelques semaines plus tôt, je trouvais quelque chose de reposant dans cette grande étendu d'eau. Et cette petite crique était devenue mon lieu de refuge. J'avais tendance à y passer des heures à ne faire rien d'autres que d'observer les vagues se briser sur la côte, et aujourd'hui n'était pas vraiment une exception à la règle. Parfois j’y emmenais même un livre, mais pour être franche, je ne passais jamais beaucoup de temps à lire. La plupart du temps, j’étais juste assise ici, le regard perdu au loin, profitant du calme qui régnait en cet endroit. Mais aujourd'hui, ce moment de solitude fut interrompu d'une manière quelque peu brusque par quelque chose de lourd qui tomba sur mes cuisses. Ou plutôt sauta. Pendant un moment, j'eu du mal à croire mes yeux. Cela ne pouvait tout de même pas être... Non, cela faisait déjà plus de dix ans depuis qu'on se soit vu, je ne savais même pas s'il était encore en vie, et s'il l'était, s'il habitait toujours à Pearls Tree avec son maître. Et pourtant, cette façon de me regarder, la tête légèrement inclinée sur le côté, tout en me donnant des coups de museau à intervalles réguliers comme pour s'assurer que je n'oubliais pas sa présence. "Maverick" rigolais-je. "Tu vis donc toujours mon vieux." Je le serrais tendrement dans mes bras pour lui dire bonjours dans tous les règles de l'art, mais visiblement, ce chien n'était pas devenu plus patient avec l'âge, puisqu'il avait toujours autant de mal à rester en place. Pendant l'espace de quelques secondes, il se laissait gracieusement faire, avant de sauter de mes genoux et de disparaitre pendant un court instant et de revenir avec un bâton dans la gueule. "T'as vraiment pas changé mon vieux" finis-je par dire en riant. Combien de temps depuis la dernière fois que j'avais ris ? J'étais incapable de le dire. Longtemps sans doute. Mais ce chien me redonnait le sourire avec une facilité déconcertante. "Il n'est pas là ton maître ?" finis-je par m'étonner en attrapant le baton, tout en regardant autour de moi. Mais visiblement, on était seuls... étrange. Noah n'avait-il pas promis de s'occuper de ce chien ? A l'époque quand on l'a trouvé, j'aurais bien aimé pouvoir le garder, mais vu mes études et surtout le fait que je vivais sur le campus de l'université, cela avait tout simplement été impossible, voilà pourquoi j'avais fait promettre à Noah de garder ce chien... "Me dis pas que tu t'es enfouie" finis-je par dire à Maverick qui bondissait en l'air devant moi, visiblement impatient que je lance enfin le bâton. Ce que d'ailleurs je ne tardais pas à faire, ne voulant pas continuer à torturer le petit chien. « Hé vous, Qu'est-ce que vous foutez là » Une voix peu aimable interrompit le silence de la crique. Une voix qui avait quelque chose de familier, exceptée qu'elle soit devenue plus aigrie. Ou peut-être que la présence de Maverick et le fait de me trouver dans cette crique qui avait si souvent servie de lieu de rendez-vous pour Noah et moi me faisait repenser aux fantômes du passé ? Et pourtant, lorsque je me retournais, mon regard se posa sur un visage familier. Bien sûr, il avait changé. Il avait vieillit. Et pourtant, il n'y avait pas vraiment de doutes que ce soit lui. "Noah?" finis-je demandé après l'avoir observé pendant un moment en silence. "C'est vraiment toi ?" Une question qui devait sans doute paraître bien idiote, d'autant plus que je n'avais pas vraiment de doutes à ce sujet... et pourtant, ces mots avaient quittés mes lèvres avant que je ne m'en rende réellement compte. Mais à vrai dire, je ne voyais pas vraiment quoi lui dire après toutes ces années. Tu as l'air en bonne santé ? Ou lui demander ce qu'il faisait dans la vie ? Cela me paraissaient être des paroles bien vides de sens. "Je ne m'attendais pas à te voir ici" finis-je par avouer. Encore des paroles vides de sens. Bravo Jenna. Mais en même temps, qu'est-on censé dire à un amour de vacances lorsqu'on le recroise 10 ans plus tard ? "Je vois que tu as gardé Maverick. Il semble en pleine forme" continuais-je après un moment de silence, tentant tant bien que mal à surmonter le malaise qui semblait s'installer entre nous.

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❝ It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves.. ❞

Cet endroit représentait tant de choses pour moi. Hors de question qu'une touriste y foute les pieds. Elle se prenait pour qui ? Elle venait d'arriver et penser déjà que cette plage lui appartenait. J'allais franchement devoir penser à ajouter un panneau danger de mort à l'entrée de la crique pour éviter ce genre de mauvaises surprises. La crique était une zone protégée, ce qui expliquait aussi le fait que peu de personnes s'y rendaient. Se promener était interdit pour éviter de déranger les fameuses tortues luth qui venaient pondre et plus tard les jeunes qui rejoignaient la mer. Autant dire qu'elle allait partir vite fait celle là. Dire que c'était ma pause midi en plus, qu'en toute logique, je me lovais sous le creux d'un rocher et me contentait de me laisser aller à mes souvenirs. Elle tombait mal, quand je me souvenais d'elle, c'était juste la plus mauvaise période de la journée. Maverick ne semblait pas partagé mon point de vue. Le chien bondissait à côté de cette inconnue comme s'il la connaissait depuis des années. Putain il était vraiment débile ce clebs, pourquoi avais-je tenu parole j'aurais mieux fait de le jeter par-dessus bord. J'avais fait ça pour lui faire plaisir, c'était elle qui l'avait trouvé, alors le terrier me la rappelait, mais n'étais-ce pas complètement con comme réaction ? Ça l'était complètement.

J'avançais à grandes enjambées, bien décidée à l'attraper par le bras pour la ramener loin de cette crique. J'allais sûrement passé pour un con, mais c'était avec plaisir, ce n'était pas comme si je n'y étais pas habituée, mais au contraire. Mes jambes se coupèrent quand elle dévoila son visage. Impossible ? J'étais désarmé. Non elle n'était pas un fantôme, mais ma réaction aurait été la même si cela avait été le cas. Alors ça, c'était une véritable surprise, mais j'étais bien incapable de la ranger dans la case bonne ou mauvaise. J'étais juste en colère de la voir débarquer comme ça, dans ce coin qui représentait tant pour nous. Fourrant mes mains dans mes poches, j'osais un sourcil. Elle était toujours à côté de la plaque. « Il semblerait » Toujours aussi sec, je jetais un coup d'oeil aux vagues pour tenter de reprendre un peu le contrôle, je détestais me sentir faible et pour le coup je me sentais aussi puissant qu'un poisson échoué sur une plage.

« Où tu voulais que je sois ? Quitter Pearl Trees pour aller où » Je n'avais jamais été comme elle. Je n'avais jamais rêvé d'un grand avenir, je n'avais jamais eu les capacités de penser à ce genre de choses. Ma place n'était pas dans une école, encore moins dans une grande institution. Depuis toujours une partie de moi appartenait à l'océan et l'autre lui appartenait à elle. J'étais mélangé entre mon amour pour elle et pour la grande bleue et ça depuis dix longues années. La question demeurait encore et toujours. Partir ou rester ? Mon choix était presque fait et voilà qu'elle débarquait. Signe du destin ? Ou simple coïncidence, je ne pouvais le dire. En tout cas, je comprenais un peu plus le comportement du chien. Il avait tout compris, bien plus rapidement que moi. Il l'avait sûrement reconnu à l'instant ou son odorat avait reconnu l'odeur de la blonde.

Je reconnaissais ses traits, mais elle avait changé. Elle semblait immensément triste, comme si tout l'espoir qui l'avait animé des années auparavant avait été remplacé par quelque chose de bien trop lourd à porter pour quelqu'un comme elle. J'avais raté ma vie, mais j'avais toujours espéré que cela soit différent pour elle. Qu'un de nous réussisse signifiait que notre rupture n'avait pas été vaine. Mon regard se posa sur Mav qui venait de se vautrer dans le sable, enfin papy était fatigué. « C'est sûrement la seule promesse que j'ai tenu » Triste à dire, mais tellement réel, je n'étais pas doué pour garder les promesses, pour garder les gens aussi. J'avais réussi à garder ce chien, c'était déjà pas mal, mais je n'avais jamais rien fait pour ça. En fait c'était plus lui qui avait décidé de s'accrocher. D'une manière ou d'une autre, il avait décidé lui-même de sa vie et il avait choisi que j'en fasse partie.

Mon regard s'adoucit, après tout elle ne méritait pas ma colère. Ce n'était pas à elle de payer pour l'échec de ma vie, j'avais fait un choix et j'avais dû l'accepter. « Qu'est-ce que tu fous ici ? Y a un soucis avec ta tante ? » C'était en effet la seule idée qui me venait à l'esprit. Pourquoi revenir à Pearl Trees ? Quoiqu'elle était peut-être en vacance avec son mari et ses enfants. Après tout, elle devait vivre en ville, mon village représentait donc un bon lieu pour passer les fêtes de fin d'années.

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Noah ∞ Jenna

Je ne m'attendais pas à te voir ici?? De telles paroles étaient-elles vraiment sorties de ma bouche ? Après tout, c'était lui qui m'avait montré cet endroit, qui avait été une sorte de refuge secret pour lui avant qu'il ne devienne notre lieu de rendez-vous. Il avait donc certainement plus de raisons d'être ici que moi. C'était moi l'intrus pour ainsi dire, et son ton froid ne faisait que confirmer qu'il semblait penser la même chose. Je pinçais mes lèvres. Qu'est-ce que je pouvais bien redire ? Il avait raison. "Je voulais simplement dire que je ne m'attendais pas à te revoir après toutes ces années." tentais-je d'expliquer, même si je n'avais finalement pas l'impression que cela allait changer quoique ce soit. Et ce n'était que la stricte vérité. J'avais souvent pensé à Noah pendant toutes ces années, et plus particulièrement durant ces derniers mois, me demandant si j'avais vraiment eu raison de choisir mes études au lieu de lui. Après tout, cela ne semblait pas m'avoir porté chance, n'est-ce pas ? Mais en même temps, je savais que si ma décision aurait été autre, je l'aurais certainement regretté de ne pas avoir poursuivi mes rêves. Et sans doute que ce sujet aurait fini par refaire surface à chacune de nos disputes. Non, j'avais pris la bonne décision, peu importe à quel point celle-ci avait été difficile à l'époque et qu'en le faisant, j'avais sans doute quitté le seul homme que j'avais vraiment aimé. Me retrouver face à lui, dix années après, provoquait en moi un flot d'émotions que j'étais bien incapable de décrire, et qui semblait finalement me rendre encore plus maladroite dans mes paroles que d'habitude. Peut-être était-ce aussi parce que durant ces derniers mois, j'avais eu tendance à chercher la solitude, et à ne vraiment parler qu'avec mon psychiatre. Ou la surprise de me retrouver de nouveau face à une personne que je n'avais jamais pensé revoir. Ou un peu de tout.

« C'est sûrement la seule promesse que j'ai tenu » J'observais Noah pendant un moment, silencieuse. Certes, il n'avait jamais été une personne très chaleureuse, mais il y avait désormais une amertume dans sa voix qui, elle, semblait nouvelle. Que lui était-il donc arrivé pour qu'il devienne ainsi ? Lorsque j'avais quitté Pearl Trees, je m'étais toujours imaginée qu'il était heureux. Peut-être pas sur le moment, puisque j'avais su que cette séparation le peinait lui aussi, mais j'avais toujours cru qu'il trouverait son bonheur. Qu'il trouverait une femme moins égoïste, quelqu'un de moins centré sur ses propre rêve, et avec qui il pourra être heureux. Il suffisait d'un simple regard pour comprendre que mes souhaits pour lui ne s'étaient pas réalisé. Il n'était pas heureux. Ou ne l'était plus. Pendant un instant, je songeais à lui demander directement ce qui s'était passé, avant de me rappeler que j'avais perdu ce droit en partant. Et que notre relation remontait à dix ans. Depuis, chacun avait vécu de son côté, et même si le hasard avait fait que nos chemins se croisent de nouveau, nous étions désormais des étrangers l'un pour l'autre. Ne sachant pas réellement quoi dire, je laissais une fois de plus mon regard vaguer au loin. Je n'avais jamais été une personne particulièrement bavarde, mais au lieu de disparaître, ce trait de caractère ne semblait faire que s'affirmer au fur et à mesure que les années passaient.

C'était finalement Noah qui rompit le silence en premier. Ce que je faisais à Pearl Trees ? Voilà une longue histoire, histoire que je n'appréciais pas particulièrement raconter. Je ne pouvais que trop bien imaginer son visage si je lui disais Oh, j'ai tué un patient qui accessoirement était aussi un ami à moi. Donc je viens prendre quelques vacances ici pour me récompenser. Non, il était hors de question de raconter toute l'histoire, d'autant plus que si j'étais venue ici, c'était justement pour laisser tout ça derrière moi. "J'avais besoin d'une pause, de prendre l'air, et ma tante m'a laissé sa maison." me contentais-je à dire. "Mais elle va bien." finis-je tout de même par ajouter pour répondre à sa question. Peut-être devrais-je lui dire que Noah semblait s'inquiéter pour elle, vu qu'elle ne l'avait jamais réellement apprécié. Mais en même temps, quelle importance cela pouvait-il bien avoir ? Aucune pour moi. Même si je n'avais jamais vraiment réussi à l'oublier, Noah ne faisait plus partie de ma vie. "Et toi, qu'est-ce que tu es devenu pendant toutes ces années ?"

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❝ It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves.. ❞

Mes sentiments étaient partagés entre le plaisir et la colère. J'étais incapable de dire à partir de quand la rancoeur avait commencé à s'installer, mais désormais elle était ma compagne la plus fidèle. On était censé vivre sa vie et pas la subir. Quand je prenais le temps de faire un point sur ce qu'avait été la mienne je ne voyais que des échecs et des ratés. Je détestais la revoir pour une seule raison, elle était ce que j'avais la plus foiré. La voir c'était voir ce que j'avais perdu, ce n'était pas plus difficile que ça et je n'avais besoin d'aucun psy pour le comprendre. C'était différent quand je venais ici avec pour seule compagnie ma colère et la présence bienveillante de Maverick. Seul, je pouvais me laisser aller à mes souvenirs, pour ne surtout pas oublier cette partie de ma vie, ce petit bout d'été qui m'avait rendu si différent. Plus le temps passé et plus les souvenirs s'amenuisaient... Un jour ou l'autre, je finirai par tout oublier, ou du moins oublier l'essentiel. Quelques souvenirs resteront, des souvenirs vagues et difficile à saisir. Je me souvenais parfaitement de mon père disparaissant sous les flots, je me souvenais de chacune de ses paroles, mais j'avais oublié la forme de son visage et le son de sa voix... ça aussi ça avait disparu. Je cherchais la solitude et je souffrais de cette vie loin de toute famille.Assez incompréhensible comme comportement, mais c'était comme ça que j'avais réussi à me construire une vie aussi brinquebalante qu'elle puisse être. Mon mariage n'avait été qu'une vaine tentative pour oublier Jenna et pour me créer une famille. Une véritable erreur que j'avais rapidement compris et à laquelle j'avais mis fin dès que j'en avais eu la possibilité, brisant ainsi le cœur d'une femme qui n'avait rien demandé. Le divorce m'avait rendu ma liberté, mais mon mal-être n'était jamais parti. Alors, oui j'étais en colère, mais ce n'était pas vraiment contre elle. Si je devais blâmer une personne et bien c'était moi. J'avais été lâche tellement de fois dans ma vie que j'avais cessé de les compter. Par peur de souffrir, j'avais refusé de prendre des risques. A la fin, ma vie était restée la même et ça me bouffait. Pour le moment le seul futur que j'arrivais à imaginer c'était mon projet de tour du monde, c'était ce qui me forçait à avancer. Pourquoi fallait-il qu'elle apparaisse pile au moment où j'avais abandonné l'espoir de la voir réapparaître.

Me voir autre part , elle avait toujours eu plus d'espoir pour moi que je n'en avais jamais eu. « Je n'ai jamais été comme toi. Je me suis toujours senti bien ici ou mieux qu'ailleurs » Pearl Trees c'était une petite bourgade qui allait assez bien avec personnalité. Le décès de ma grand-mère avait rajouté une couche à ma solitude. Quand elle était là, les choses étaient différentes. J'avais été utile pour une fois dans ma vie, maintenant et bien j'étais complètement seul. Heureusement quelques connaissances me tiraient de mon existence de vieux loup solitaire, mais ce n'était rien de vraiment extraordinaire.

Je n'aurais jamais pensé la revoir ici et elle semblait si perdue que je me demandais bien quel malheur avait pu la pousser jusqu'à Pearl Trees. Pourquoi revenir ici après dix longues années ? Elle avait vécu pendant 10 ans sans ressentir le besoin de foutre les pieds dans cette crique. Et là tout un coup, elle apparaissait comme une fleur. Vraiment, je ne comprendrais jamais rien à l'humanité et encore moins aux femmes. Depuis le décès de ma grand- mère qui avait précédé mon déménagement, je n'avais plus vraiment eu l'occasion de croiser sa tante. A Pearl Trees les nouveautés allaient à bon train, mais j'étais assez isolé pour en zapper quelques-unes. M'approchant d'elle, je fourrais mes mains dans mes poches avant de la rejoindre pour observer à mon tour ce qui semblait tant la captivité. « Rien de particulier, j'ai fini la fac et j'ai été embauché comme garde littoral, je me suis marié, j'ai divorcé et maintenant je suis sur cette plage » Voilà un bref résumé de ce qu'avait été ma vie. « Mais t'es sûrement pas venue pour entendre ça » Si elle était venue ici, c'était sûrement pour prendre l'air comme elle me l'avait dit plus tôt. Alors, autant faire bref, de toute façon ma vie n'avait pas été assez passionnante pour que je m'étale. « T'as fini par devenir chirurgienne alors ? » Ce n'était pas une question, j'étais sûr qu'elle avait réussi, je n'avais aucun doute, elle avait toujours tout eu pour réussir.

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Noah ∞ Jenna

Qui sait, peut-être que ma relation avec Noah avait été sous une mauvaise étoile depuis le début. Après tout, quand on accepté de commencer quelque chose avec un homme qui est déjà en couple, c'est plutôt programmé à foirer à un moment ou un autre n'est-ce pas ? Je ne me souvenais que trop bien qu'à l'époque, je me détestais pour faire une telle chose à une fille que je ne connaissais pas. Mais mes sentiments avaient finalement été plus forts que ma raison, et pour quelques semaines, je m'étais laissée guider par mon cœur et non pas par ma raison. Et le plus étrange, c'était que je ne l'avais jamais regretté, que le bonheur que m'avait procuré les moments passés avec lui avait finalement prévalu ma mauvaise conscience. La seule chose que je regrettais finalement, c'était que notre relation ait été obligé de se terminer en même temps que les vacances, et que même dix ans après, il m'arrivait encore de me demander ce qui aurait pu être si seulement on aurait pris une autre décision à l'époque. Est-ce que notre couple aurait tenu si j'aurais décidé de rester ou si Noah aurait décidé de venir avec moi ? Ou est-ce qu'au contraire, on se détesterait à présent, ne pouvant plus que voir en l'autre ce qu'on a abandonné pour être avec lui ? Le pire était certainement que ce genre de questions ne changeaient absolument rien, et pourtant, elles continuaient à me venir à l'esprit, surtout maintenant que je me trouvais de nouveau en tête-à-tête avec Noah. Sans doute que cela n'aurait pas fonctionné, car comme il venait si bien de le dire, il ne voulait pas quitter Pearl Trees, et ne l'a jamais voulu, tandis que la jeune femme qui j'étais à l'époque et qui était tombée amoureuse de lui n'aurait pas été heureuse ici, du moins pas si être ici signifiait abandonner les études. Comme quoi, une fois de plus j'arrivais à la conclusion que rompre avait été la meilleure solution à l'époque. Alors pourquoi ces questions me revenaient sans cesse à l'esprit ? Cela était vraiment insensé.

A vrai dire, en le demandant ce qu'il était devenu pendant toutes ces années, je m'étais attendu à... à quoi en faite ? Je ne sais pas trop. Je savais qu'il n'allait certainement pas se lancer dans un récit détaillé ou faire de long discours. Ça n'avait jamais été son caractère. Je crois plutôt qu'une partie de moi avait espéré qu'il soit heureux, et que ce soit uniquement le fait de me revoir ici qui le rendait si froid, amer même. Mais en quelques mots seulement, il m'avait fait remarquer que cet espoir était vain. Que son amertume n'était pas simplement due à ma présence ici, et qu'il n'avait pas avoir la vie dont il avait rêvé... Quels avaient été ses rêves d'ailleurs il y a dix ans ? Je ne me souvenais pas que l'on en ait vraiment parlé. Je me souvenais - ou croyais me souvenir ? - qu'il avait voulu faire quelque chose en rapport avec l'océan. Ça au moins il avait réussi."Je suis désolée pour toi" Je n'avais jamais été mariée, si bien que je ne pouvais pas vraiment savoir comment cela était, encore moins ce que c'était que de divorcer, mais je ne pouvais m'empêcher de dire que s'il avait aimé suffisamment pour vouloir franchir l'étape du mariage, ce passage de sa vie, et surtout de perdre la femme qu'il aimait ou avait aimé - avait forcement du le marquer. Peut-être que j'aurais pu demander ce qui s'était passé, mais je crois que je n'avais pas vraiment le droit de poser ce genre de questions. Après tout, qui étais-je pour lui, si ce n'est une inconnue avec qui il a partagé quelques semaines de sa vie, il y a maintenant dix ans ? Et ne parlons même pas du fait que j'avais déjà bien assez de mal avec ma propre vie, alors m'occuper de celle des autres... D'ailleurs Noah semblait du même avis, puisqu'il me faisait remarquer qu'après tout, je n'étais pas venue ici pour parler de sa vie. A sa manière, il me faisait comprendre que j'avais mis le pied dans le plat, et qu'il était mieux de pas insister. Et comme pour s'assurer que je ne continuais pas à l'interroger sur sa vie, il changeait de sujet. En l'entendant parler de mon - ancien - métier, je sentais les muscles de ma mâchoire se crisper et cette angoisse qui avait été mon compagnon quotidien ces derniers moi monter en moi. Pendant un moment, je restais silencieuse, le regard rivé sur l'océan, tentant de rester maître de mes émotions. J'évitais toujours son regard quand je finis par enfin lui répondre. "Oui" Voilà tout ce que j'avais à dire à ce sujet, et cette fois-ci, c'était à mon tour de changer de sujet pour éviter qu'il insiste à me poser des questions sur moi. "C'est étrange de voir que cet endroit n'a pas vraiment changé. Comme si le temps s'était arrêté ici... Ce n'était certainement pas le meilleur changement de sujet, mais c'était la première chose qui m'était venue à l'esprit. Mais c'était vrai qu'en voyant cet endroit, on pourrait presque croire que c'était seulement hier la dernière fois qu'on y soit venus ensemble, alors qu'en réalité, ce n'était plus les mêmes personnes qui se tenaient sur cette plage. Ou du moins, je n'étais plus la même.

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❝ It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves.. ❞

Je n'ai jamais ressenti autant d'amour pour quelqu'un que j'ai pu en ressentir pour elle à l'époque. Comment ne pas être frustrée de perdre tout ça pour goûter à quelque chose de fade. Je n'avais jamais regretté notre relation, parce qu'elle avait eu un paquet de points positifs. A l'époque, aveuglé par la folie de la jeunesse, je n'avais bien évidemment pas pensé à une éventuelle rupture. Celle-ci était arrivée à la fin de l'été et je ne m'étais retrouvé pris à mon propre piège. Qu'importe les sentiments que je ressentais pour elle, je l'avais toujours vu comme étant une femme avec de multiples talents alors que je n'étais que l'orphelin du coin. Sa famille était aisée, je n'avais rien, elle était intelligente et pleine d'avenir, je vivais avec ma grand-mère avec pour seul avenir les frontières de la ville. Non, on n'avait franchement rien à faire ensemble et pourtant pendant un bref instant j'avais cru notre histoire possible. Mais quand arrive le moment où il est temps de se décider les choses deviennent toujours plus compliquées.

Je n'ai jamais été expressif, encore moins en recherche de contact humain, mais avec elle, tout était différent. J'avais eu envie pour la première fois de protéger et rester avec quelqu'un. D'une certaine façon, elle m'avait appris à aimer et à m'ouvrir au monde. Son départ avait mis fin à ce que petit truc qu'elle avait réussi à déclencher chez moi. Avec le temps et les années, mon côté solitaire, c'était empiré et mes journées à ressasser mes souvenirs n'aidaient pas. Depuis mon enfance, je me voyais retirer les personnes que j'aimais, elle n'avait pas fait exception, elle aussi était partie, mais je ne pouvais pas lui en vouloir, après tout je n'avais rien fait pour la retenir. J'y avais pensé et l'idée de partir la rejoindre m'était même venu à l'esprit. Mais j'avais fini par rapidement mettre cette idée de côté. Qu'est-ce que j'aurais fait là-bas ? Rien... Je n'étais pas fait pour ce genre de vie et elle en aurait pâtit. Quant à elle, j'avais toujours su que rester ici l'aurait anéanti. Elle n'était pas faite pour Pearl Trees, c'était une fille de la ville. C'était donc une surprise de la voir revenir ici après tant d'années. J'avais beau réfléchir, je ne voyais rien qui pouvait l'attirer dans ce petit coin de paradis. Pas pour une chirurgienne sûrement réputée dans son domaine. Je tentais de me convaincre qu'on avait fait le bon choix, mais une toute partie de moi refusait d'y croire. Elle luttait tentant de réanimer quelque chose que je ne voulais surtout pas toucher. Je mettais tellement battu pour l'oublier et voilà qu'elle revenait... C'était une vraie malédiction cette fille. Pourquoi fallait-il qu'elle revienne pile au moment où j'avais enfin trouvé le courage de quitter le rivage.

« Mon divorce a été une des meilleures décisions que j'ai prise dans ma vie » Autant lui avouer direct. Mon histoire avec Lola était franchement perdue d'avance. Si je mettais remis avec elle, c'était dans l'unique but d'oublier la belle blonde, mais ça n'avait bien évidemment pas arrivé. Jenna était toujours restée présente dans mon esprit. Mon mariage n'avait donc aucune chance de fonctionner. Encore moins quand ma femme tenta de me décider à lui faire un enfant. Cette demande eut l'effet d'une bombe qui me poussa hors de la maison conjugale en un rien de temps. Un enfant ? Et puis quoi encore... Je pouvais mentir, tricher, mais ça non je ne pouvais pas.

Il y avait une chose qui me choquait, qui me dérangeait même. Je ne la reconnaissais pas. Bien sur, elle n'avait pas changé physiquement, elle était toujours aussi attirante. Le problème n'était pas là, il semblait bien plus profond, bien plus psychologique. Elle ne possédait plus son sourire rayonnant, ni ses yeux pétillants, elle semblait morte de l'intérieur comme si son propre corps était en train de la ronger de l'intérieur. Qu'avait-elle pu vivre pour en arriver là ? Je sentis tout d'un coup l'envie de la protéger, de diminuer ses peines et ses craintes. Son petit oui me laissa perplexe. A l'époque, elle était capable de m'en parler pendant des heures. Elle aurait même pu être soûlante si je n'appréciais pas la voir si heureuse et pleine de vie. « Bhé dit on qu'est-ce qui t'es arrivé, ou est passé toute la passion que tu avais à l'époque. Tu t'es vu ? Qu'est-ce qui t'es arrivée ? » Je n'avais pas progressé, non j'étais resté au même point et j'étais aussi peu diplomate qu'à l'époque. De toute façon fallait bien que quelqu'un lui fasse la remarque. « L'endroit est protégé depuis plusieurs années maintenant » J'avais ramé pour que ça soit le cas, mais cet endroit méritait amplement son statut de zone protégée.

One love, one heart, one destiny

Noah ∞ Jenna

Dans ma vie, toutes mes relations avaient été de courtes durée. J'avais toujours été trop impliquée dans mes études et plus tard mon métier pour réellement avoir une vie privée, alors ne parlons même pas d'une vie amoureuse. J'avais pourtant tenté à plusieurs reprises, sans succès pourtant. Peut-être n'étais-je pas prête à faire assez de sacrifices pour faire fonctionner une relation - je préférais éviter de penser à l'autre solution, que Noah était toujours présent quelque part dans mon esprit, et qu'inconsciemment, je comparais chaque relation à ce qu'il y avait eu entre nous, et autant dire que cela était quelque chose que j'avais été incapable de retrouver ailleurs. Et sans doute était en partie cela qui rendait le fait de se retrouver de nouveau face à Noah quelque peu... étrange. De savoir que notre relation s'était arrêtée non pas parce que cela ne fonctionnait pas entre nous, mais qu'au contraire elle s'était arrêtée alors que tout allait bien entre nous. Que la seule raison qui nous avait emmenés à nous séparer était finalement la distance. Même si, si on y réfléchissait bien, cela revenait sans doute au même que toutes mes autres relations : celle-ci aussi s’était terminée à cause d’un certain égoïsme de ma part, parce que j’avais été incapable de faire assez d’efforts pour que cela puisse réellement marcher entre nous. Quoique, sur ce coup, cela avait été quelque peu réciproque : au moins moi, je n’avais pas eu d’autres relations à côté. Noah n’avait même pas rompu avec sa copine à l’époque. Ou du moins, pas pendant les quelques semaines qu’avaient durées notre relation, car pour être franche, je n’avais pas la moindre idée de ce qu’il avait fait après. Ça se trouve, il n’a jamais mis un terme à cette relation, et ce fameux mariage dont il parlait avait été avec sa copine de l’époque. Mais au fond, cela ne me regardait sans doute pas vraiment. Ni d’ailleurs la raison qui l’avait poussée à divorcer. La seule chose qui était sûre, c’était que son mariage avait dû être un véritable fiasco s’il était aussi heureux d’avoir divorcé. Sans doute qu’autrefois, j’aurais tenté d’insister un peu, d’en apprendre un peu plus sur cette histoire, mais à vrai dire, je n’avais jamais été très curieuse sur ce genre de sujets : lorsque quelqu’un voulait me raconter quelque chose, il trouvait en moi une oreille attentive, mais je n’allais jamais questionner quelqu’un sur un sujet dont il ne souhaitait pas parler. Sans parler du fait que l’énergie que j’avais suffisait à peine pour m’occuper de ma propre vie et de m’obliger à quitter le lit chaque matin. Je n’avais ni la force ni l’envie de me mêler de la vie de quelqu’un d’autre. Si Noah aurait voulu raconter autre chose au sujet de son mariage, il l’aurait certainement fait. Je me contentais donc de marcher à ses côtés, silencieuse, comme on avait pu le faire à de nombreuses reprises dans le passé.

Ou du moins, c’était avant qu’il ne rompe le silence qui s’était installé entre nous en demandant si j’étais parvenue à réaliser mon rêve. ’Ou si notre rupture a eu un sens’ rajoutais-je dans mes pensées. Sans doute ne voulait-il que relancer la conversation, sans la moindre arrière-pensée, et pourtant, il venait de mettre le pied dans le plat avec une précision sans faille. J’avais espéré que ma réponse neutre, voir même froide le dissuaderait de continuer sur cette voix, mais visiblement, il n’avait pas changé sur ce point. J’avais oublié qu’avec Noah, donner une réponse évasive n’était pas la bonne chose á faire, qu’il insisterait jusqu’à ce qu’il ait une réponse qui le satisfaisait. Autant dire que la dernière chose dont j’avais besoin en ce moment, c’était qu’on me rentrait dedans comme il venait de le faire. La seule qu’il réussissait à faire en agissant de la sorte était que je me braquais encore d’avantage. J’étais incapable de parler à quiconque excepté mon psy de ce qui s’était passé. Pas à des amis proches ou ma famille. Et encore moins à lui. De toute manière, pour qui se prenait-il pour croire qu’après dix ans, j’allais me confier à lui ? De quel droit se permettait-il de me rentrer dedans de la sorte ? « Et alors ? » lançais-je, tandis que je sentais la colère monter en moi. « En quoi ça te concerne ? Tu te prends pour qui de te mêler de la sorte de la vie des autres ?! » Je m’arrêtais pendant quelques instant pour reprendre mon souffle avant de continuer sur ma lancée. « Puis tu t’es déjà vu ? Peut-être que j’ai mauvaise mine, mais je t’apprendrais que la tienne n’est guère mieux, peut-être que tu devrais balayer devant ta propre porte avant de vouloir t’occuper des autres. »

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❝ It is not in the stars to hold our destiny but in ourselves.. ❞

LLa diplomatie ? Voilà une qualité dont j'étais totalement dépourvue. Je n'avais jamais vraiment l'intérêt qu'il pouvait avoir à dire les choses en passant par différentes tournures pour adoucir ses paroles. À la fin, on finissait souvent par dire ce que l'on pensait. Bon, sur ce coup-là, j'aurais peut-être mieux fait de me taire. En un instant, son regard perdu dans le vague se braqua sur moi et il n'avait rien de très sympathique. J'avais dit une connerie... ou j'avais posé la question à ne pas poser. En gros, j'avais mis les pieds dans le plat, sans vraiment prendre des pincettes. Elle m'avait pourtant bien signalé qu'elle ne voulait pas aborder la situation. Il fallait croire qu'elle n'avait pas été assez claire ou que j'aimais trop les conflits pour y prêter attention. Finalement, ce n'était rien de tout ça, j'étais juste curieux ce qui ne me ressemblait pas. En temps normal, je me moquais totalement de la vie des autres, cela me passait au-dessus de la tête. Après tout, une fois que la porte est fermée on vit chacun sa vie, alors franchement tenter de savoir qui fait quoi ça me soûle plus qu'autre chose. Si vous voulez une oreille attentive, ce n'est franchement pas vers moi qu'il faut se tourner. Alors, pourquoi lui avais-je poser la question ? Soit j'étais complètement con, ce qui était une possibilité, soit elle avait toujours cette capacité à m'amener sur des chemins que j'évitais en temps normal. Elle s'était barrée dix ans avant, en quoi sa vie pouvait m'intéresser ? Elle n'aurait pas dû m'intéresser et pourtant je crevais d'envie de savoir ce qui lui était arrivé. J'étais rongé par la curiosité. Le truc c'est que je n'avais franchement pas pensé qu'elle réagirait de la sorte. Je voyais plus un truc plus amical, ou du moins pas aussi ... pas aussi. Elle semblait limite proche de la crise de larmes. « Heu... » Super maintenant, je me mettais à bafouiller. On n'allait pas y arriver... Serrant les dents, je lui lançais un regard noir.Elle se prenait pour qui pour me parler comme ça. C'est bon y avait plus rien entre nous, mais on avait quand même vécu des choses ensemble, je n'étais pas le dernier des cons non plus. Quoique si on faisait un sondage, j'obtiendrais sûrement une place dans le top 3. Dire que j'avais posé la question dans l'espoir de tenter le morale. Elle pouvait courir, je ne risquais pas de recommencer. Ma bonté n'était pas étirable. Haussant les sourcils avant de grimacer comme un gamin mécontent, je ne mis pas longtemps à me lancer dans la fausse aux lions. « Rho mille excuses madame, c'est toi qui apparaît sur ma plage. Qu'est-ce que tu fais ici d'abord ? C'est mon coin. Putain je mets dix ans pour t'oublier et Bam tu te repointes maintenant comme une fleur. Rha bordel, t'es toujours aussi agaçante » Elle m'avait toujours énervé, même à l'époque. On était différent, mais ça ne nous avait pas empêché de nous aimer comme deux fous. On ne choisit pas qui l'on aime, pour nous c'était totalement véridique. On pouvait s'engueuler sur tout, mais à la fin ça finissait toujours par s'arranger. Notre histoire ne s'était pas étendue sur une courte période et pourtant c'était celle que j'avais eu le plus de mal à oublier. Cette femme était une vraie plaie. Voilà tout. Elle avait été envoyée ici pour me pourrir la vie. Faute à un destin qui avait décidé de me pourrir la vie depuis le début de mon existence. Asocial, je sortais finalement rarement de mes gonds, vu que j'évitais tout conflit et que je préférais la présence de mon bateau à toute présence humaine. Ça faisait donc pas mal de temps que je me trouvais dans ce genre de situations...

Je la dévisageais, c'était parti, elle avait retourné la discussion avec une certaine habilité. J'étais une épave et alors ? Y avait franchement pire comme épave. Je n'avais pas de bide, je ne me bourrais pas, j'évitais de boire trop souvent... j'étais asocial et profondément dégoutté par la vie, mais qui ne l'était pas... J'avais au moins l'envie de changer tout ça, c'était déjà un pas vers le futur... Je tentais de m'en sortir, de changer la donne. « Balayer ? Je suis une femme de ménage maintenant. Y a pas de doute, vu comme je suis revenue tu as bien fait de partir y a 10 ans » En colère ? Non pas du tout... enfin si complètement en colère. Ah c'est sûr que je n'aurais jamais fait le poids , face à son superbe avenir et aux superbes rencontres qui l'attendaient. « Pour une fois que je m'inquiète pour quelqu'un» maugréais-je dans mon coin avant de lui jeter de nouveau un regard. Bon ma façon d'aider était peut-être particulière, mais j'avais essayé. « Arshhhh, franchement, qu'est-ce que t'es chiante... pourquoi tu réagis comme ça ? » Je tentais de me radoucir, c'était assez con de s'engueuler, surtout après 10 ans sans se voir.

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Noah ∞ Jenna

Pourquoi ne pouvait-il pas tout simplement changer de sujet, comme toute personne normale l'aurait fait ? Après tout, comme il venait si bien de le dire, dix années s'étaient écoulées depuis notre dernière rencontre. Dix années qu'il n'y avait plus rien entre nous, si ce n'étaient les souvenirs. Alors pourquoi ne pouvait-il pas tout simplement me laisser tranquille à ce sujet ? Déjà qu'en temps normal, j'évitais d'en parler, alors je n'allais certainement pas en parler avec lui, encore moins lorsqu'il me rentrait dedans de la sorte. Comme quoi, il ne m'avait sans doute jamais vraiment connu, sinon il aurait su que la seule chose qu'il pouvait obtenir de cette manière, c'était que je me braquais encore d'avantage. Appelez ça un mauvais caractère, si vous voulez. Sans doute que vous n'auriez même pas tord. Mais à vrai dire, après dix années de nouvelles de sa part, je me voyais mal discuter à nouveau comme on avait pu le faire à l'époque. Trop de choses s'étaient passées depuis, et tous deux on avait changés. Alors pourquoi ne pas y aller plus doucement pour commencer, et éviter les sujets sensibles ? Sauf que si on y réfléchissait bien, on n'avait jamais été ceux qui y allaient doucement. Notre relation à l'époque avait finalement commencé rapidement, on s'était quelque peu jeté dedans sans réellement réfléchir. Mais maintenant, ce n'était plus pareil, et à vrai dire, Noah était sans doute une des dernières personnes auprès de qui je voulais vider mon coeur. C'était sans doute stupide, mais je ne voulais pas que sa manière de me regarder change. Je voulais qu'il me souvienne de la fille que j'avais été et non pas de la femme désillusionnée que je suis devenue. Et surtout, je ne voulais pas qu'il apprenne ce qui avait provoqué ce changement."Si je suis aussi agaçante que tu le prétends, pourquoi tu prends la peine de me parler ??!!" Sur ce coup, il avait fini par réussir à vraiment m'agacer. Moi, agaçante ? Et lui alors, il était quoi ? Agaçantissime ? Dommage que le mot n'existait pas. Non mais vraiment, il se prenait pour qui de me poser des questions personnelles, et de réagir de la sorte parce que je refusais d'y répondre ? Je lui avais demandé les raisons de son divorce moi ??? "Et puis pourquoi t’inquiéterais-tu tout à coup pour moi ?" Sous-entendu : alors que tu ne l'as pas fait ces dix dernières années. Après tout, je n'étais pas la seule responsable de notre rupture : si j'avais choisi de repartir à la fin de mes vacances, lui avait décidé de rester. Je ne remettais pas en cause son choix. J'avais été incapable de faire une croix sur mes rêves pour rester avec lui, alors comment aurais-je pu lui demander de le faire ? Mais autant qu'il ne remette pas ce sujet sur la table. Pourquoi n'aurais-je pas le droit de venir ici ? Ce n'était pas comme si j'étais une stalkeuse. Je n'étais pas venu ici dans l'espoir de le retrouver pour enfin vivre un amour parfait - d'ailleurs cela ne me ressemblait pas. La seule raison pourquoi j'étais venue à Pearl Trees, c'était pour la tranquillité qui régnait en ce lieu. Tranquillité qu'il était d'ailleurs entrain de ruiner. D'ailleurs de toutes les personnes, pourquoi avais-je du tomber sur lui ? J'aurais pu partir, certes, mais il venait de lâcher ce qui avait finalement un effet similaire à une bombe. Comme quoi, dix ans plus tard, il m'en voulait toujours pour être parti à l'époque. Ou du moins, c'était ce que je comprenais de sa phrase. Il m'en voulait de pas avoir fait d'effort, mais ce n'était pas comme si lui était venu avec moi. Comme quoi, notre couple avait du être vraiment important à ses yeux. Assez pour faire des reproches, mais pas assez pour agir et tenter de faire quelque chose. Qu'est-ce que je pouvais détester ce genre de comportement ! J'avais déjà assez de choses qui ne tournaient pas ronds dans ma vie, alors pourquoi il devait en plus vouloir faire en sorte que j'ai mauvaise conscience à cause d'une décision que j'ai prise bien des années plus tôt ?! Si j'avais pensé à lui, me demandant ce qui aurait pu être ? La réponse était bien simple : oui. Et pourtant, je ne lui avais jamais fait des reproches pour pas avoir quitté ce qu'il avait ici et venir avec moi. "Oui, tu as sans doute raison. Mais je suis sûre que tu as du être content de t'être débarrassé de quelqu'un d'aussi égoïste que moi" lançais-je sur un ton sec. Noah avait toujours eu le don de m'énerver plus que quiconque d'autre, et visiblement, c'était la seule chose dans notre relation qui n'avait pas changée. Non. Quelque chose avait changé : aujourd'hui, il arrivait sans problème à trouver mon point sensible et de ne pas lâcher prise, comme s'il voulait me blesser, ou même me faire payer pour avoir mis un terme à notre relation. Non, c'était stupide de penser ça. Après tout, cela s'était passé il y a bien des années et depuis le début on avait été conscient que cela ne pourra pas durer. Et puis, il avait été marié depuis, preuve qu'il avait parfaitement su passer à autre chose. Le pire était certainement qu'il insistait toujours. Pourquoi cela avait autant d'importance pour lui ? Pourquoi il ne pouvait pas tout simplement me laisser tranquille ? "Et pourquoi ça t'interesse ? Si j'aurais eu l'intention de t'en parler, crois moi, je l'aurais fait." finis-je par répondre d'une voix sèche.

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Dire que j'étais venu ici pour me détendre, c'était raté, complètement loupé. J'aurais mieux fait de faire demi tour et ne pas m'approcher d'elle. Tout ça parce que je détestais que quelqu'un foute les pieds dans cette crique. Si seulement j'avais eu assez d'intelligence, j'aurais pris l'autre route. Sauf que bien évidemment ma passion pour les choses conflictuelles l'avaient bien entendue emportée. Tout ça pour rien d'ailleurs, car s'il y avait bien une personne que je tolérais ici, c'était elle. Si j'étais en colère, bien sûr, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Depuis combien de temps était-elle là ? Avait-elle pensé une seule seconde à venir me voir ? Tu parles, ça n'avait même pas du lui effleurer l'esprit. Elle avait sûrement des choses bien plus intéressantes à faire , comme... se promener toute seule sur une plage. On s'était pas vu depuis 10 ans, j'avais un tas de questions, mais je ne semblais pas savoir poser les bonnes. Aucune ne lui aurait plû de toute manière. Alors qu'elle était censée être bien plus sociable que moi elle était devenue complètement froide. Je cherchais tout simplement à comprendre ce qui clochait, ce qui la poussait à réagir de la sorte. Cependant, elle refusait catégoriquement de me laisser entrevoir l'ombre d'une réponse.

Si on nous comparait, je n'avais finalement pas vraiment changer, elle par contre, c'était une autre histoire. Elle était complètement différente, bien loin de la personne que j'avais connue et aimée. Elle se défendait avec une certaine violence comme si j'étais en train de la pousser au bord du précipice. Oui, changer de sujet était sûrement la meilleure option, mais je ne me voyais pas de quoi je pouvais lui parler. De sa vie de couple ? Faut pas trop rêver non plus ? De sa tante ? Je la voyais régulièrement et vu qu'elle n'avait rien. On s'était vu pendant un été, quelques semaines, rien de plus. Dans le fond, je ne connaissais que peu de choses d'elle. Et après dix ans trouver un sujet de discussion était devenu bien plus difficile à l'époque, surtout quand vous n'êtes pas de ceux qui sont habitués à se lancer dans des conversations.

« Parce que c'est toi ! » Voilà l'unique raison qui me poussait à lui adresser le parole. Parce que malgré tout ça, il y avait toujours une partie de moi qui était attachée à elle. J'avais beau joué à celui qui n'éprouvait rien, tout mon comportement indiquait le contraire. Si elle ne le remarquait pas soit c'était parce qu'elle était devenue aveugle, ou tout simplement parce qu'elle préférait ne rien voir, ce qui était aussi une possibilité. Quand au fait qu'elle soit agaçante, elle l'avait toujours été et une fois de plus cette remarque l'énervait. Comme quoi, elle ne supportait toujours pas qu'on lui dise la vérité One love, one heart, one destiny - Jenna 2421017855

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. Elle n'avait donc pas totalement changé, certaines choses étaient restées les mêmes.

Je laissais échapper un soupire blasé «Nan mais arrêtes... Tout un coup ? Tu t'es intéressée à moi ? Tu aurais préféré quoi que je me casse en te voyant » En y réfléchissant ça aurait sûrement été la meilleure option à la vue de la situation. Parce que pour le moment nos retrouvailles étaient assez pitoyables. « Maintenant je me suis débarrassée de toi... » Ah bha elle m'en apprenait des choses, mais malgré tout ce qu'elle pouvait dire, il était clair que je ne représentais pas le genre de mec qui sortait avec une chirurgienne renommée. C'était juste une remarque... sûrement pas la meilleure, mais elle était tout de même assez fondée.

« Ah bhé oui on dirait bien » Elle ne voulait pas me parler... ça c'était assez clair et net. En tout cas elle ne voulait pas me parler de ça et je commençais sérieusement à en avoir marre. Le courage n'étant pas une de mes grandes qualités, je préférais en rester là. « J'aurais sûrement pas dû venir , profite bien de Pearl Trees » Sur ses mots, j'étais sympa quand même, je lui souhaitais de bonnes vacances, je tournais les talons en prenant bien soin de chopper le chien pour éviter de devoir le courser pendant minutes. J'avais besoin de faire quelque chose et surtout d'oublier la présence de la belle. De toute manière ma présence ne semblait pas vraiment lui faire plaisir, alors autant ne pas l'obliger à me supporter.