Thanksgiving ou la fête dont la rousse a horreur. Si avant c’était l’une de ses fêtes favorites après noël, aujourd’hui, cela lui donnait juste envie de vomir. Enfin, cela fait neuf ans que cela dure. La cause ? C’est bien simple, Hanaé n’a pas véritablement le gout à faire la fête alors que qu’en ce moment, c’est l’anniversaire de la mort de son père, assassiné alors qu’elle n’avait que seize ans. C’est pour cette raison que tous les Thanksgiving depuis ce jour, elle le passe en compagnie de ses meilleures amies, j’ai nommé la tequila et la vodka. Se bourrer la gueule et tout oublier une journée c’est toujours mieux que de venir ici, faire semblant d’aller bien alors tout le monde sait ce qu’elle a vécu. Seulement, cette année, c’était différent. Non pas pour ce qui se passe dans sa vie dernièrement, elle fait bien sur allusion à ce qu’il s’est passé en compagnie de Nathaniel dont elle partage une relation totalement inqualifiable, sur la plage il y a quelques jours, plus d’une semaine en tout cas. Elle était totalement perdue alors ce n’est pas cela qui l’a poussé à venir. Elle ne voulait pas voir Nathaniel, pas aujourd’hui ni durant les prochains jours en tout cas. Toutefois cette année, la belle rousse ne souhaitait pas non plus rester enfermer chez elle à boire jusqu’à tout oublier. Pourquoi ? Il y a bien une raison oui, mais ça, elle ne veut pas en parler. Alors, sachant très bien qu’il y aurait de n’animation et de quoi penser à autre chose, elle était venue. Grave erreur ! Elle qui pensait que Nathaniel n’oserait pas se pointer ici, plus ou moins pour les mêmes raisons qu’elle et bien, elle venait de commettre une belle erreur. Non mais qu’est-ce qu’il faisait là au juste ? En plus de la harceler durant les derniers jours, depuis qu’ils s’étaient ouverts l’un à l’autre, il était là, c’était de la vraie torture. Malgré le fond de teint et les crème pour montrer ses cernes dus au fait qu’elle n’a pratiquement pas fermée l’œil des deux dernières nuits, sa peine allait se voir s’ils venaient à s’échange la moindre parole. Ce n’est point comme ces dernières années, si elle ne veut pas le voir ce n’est pas par haine et si elle vient à lui parler ce n’est pas pour lui cracher dessus comme avant mais elle n’a pas le courage ni le moral de le voir actuellement, c’est ainsi ! Enfin bref, Hanaé allait donc devoir faire attention à ne pas le croise ni à se faire voir car Nate viendra à coup sur la voir s’il remarquait sa présence. Pourtant, tout ne se passa pas comme elle l’avait espéré. En effet, Hanaé avait bien fait attention à ce Nathaniel ne la voit pas, à l’éviter le plus possible quitte à ne plus faire attention à rien d’autre, ayant un radar anti-Nathaniel allumé. Pourtant, il avait fallu qu’elle ne fasse plus attention pendant cinq minutes, seulement cinq… bah c’était cinq de trop. Occupée à envoyer un message, Hanaé fut des plus surprise alors que quelqu’un venait de poser ses mains sur sa taille et était venu l’embrasser dans le cou. « Non mais dégagez qu’est-ce que… » Dit-elle en se retournant, prête à en foutre une au gros lourdo de service qui était venu la tripoter. Il faut dire que ça fait bien longtemps que la rousse n’a pas eu le droit à ce genre de moment de tendresse. En tout cas en se retournant, elle se trouva face à… « Nate… » Et voilà, elle était incapable de bouger. La pression de ces derniers jours remontait à la surface. Sa gorge se resserrait, elle se sentait faible devant lui alors que jusqu’à aujourd’hui, elle prenait un malin plaisir à le regarder de haut et à le rabaisser plus bas que terre. Là, elle était mal, il fallait qu’elle parte et vite… « Je… On m’attend ! » Faux ! Totalement faux ! Et le pire dans tout ça, c’est qu’elle avait conscience du fait qu’il allait sans aucun doute deviner qu’elle lui mentait. Mais bon, elle n’a aucune envie de faire une scène en publique alors il valait mieux ce mini mensonge de rien du tout plutôt qu’elle lui balance le fait qu’elle ne veut pas lui parler pour une durée indéterminée. Si elle n’a pas répondu à ses messages et à ses appels, ce n’est pas pour rien, si elle n’est pas restée chez elle à se saouler la gueule non plus… il fallait qu’ils aient une conversation mais là elle ne pouvait pas, c’est plus fort qu’elle, elle n’est pas assez bien psychologiquement pour ça. Fin novembre… Ce n’est pas vraiment le moment adéquat pour avoir une conversation plus ou moins sérieuse.

Elle ne voulait pas le voir, pas maintenant, pas là au milieu de la foule, mais dans un cadre comme celui-ci. Neuf ans plutôt, pas exactement à la même date mais durant la même célébration, la fête n’avait pas été au gout du jour. Si tous les ans des festivités ont lieu à Pearl Trees pour célébrer Thanksgiving, neuf ans plus tôt, le matin même, le maire apprécié par la plupart s’est fait assassiné, ce jour-là Hanaé et Calypso ont perdu leur père et la totalité de la ville était en deuil. Pourtant, la Hanaé du passé avait attendu cette journée avec impatience, elle devait aller faire la fête avec ses amis, elle avait prévu de s’éclipser un moment en compagnie de son petit ami, pour passer du temps et profiter de ce jour de partage rien que tous les deux, juste quelques instants pour que personne ne remarque leur absence. Tout avait été prévu, presque à la seconde près. Pourtant, tous les plans étaient tombés à l’eau, son père est décédé tout comme sa relation. Autant dire que depuis ce jour, Hanaé a du mal à faire la fête, à se réjouir et à comprendre les gens qui font la fête. Aujourd’hui elle était là mais son esprit était ailleurs. Ce n’était donc pas le moment de lui parler, du tout pas Nathaniel alors que neuf ans plus tôt, son père en appuyant sur la gâchette, mettait aussi fin à la relation de son fils et de sa petite amie sans même le savoir. Tout pouvait s’améliorer, de toute façon ça ne pouvait techniquement être pire, mais là elle ne pouvait pas penser à un futur sans doute heureux avec l’homme dont elle est toujours amoureuse malgré les neuf années passées loin de lui, pas dans l’état actuel où elle se trouve. Elle a qu’une envie, c’est de boire, de boire et de pleurer tout en étant seule. Boire elle ne peut pas, pleurer non plus car si elle commence elle ne va pas s’arrêter et ça, elle ne veut pas. Quant à rester seule, visiblement elle ne peut pas non plus puisque le beau brun à l’air déterminé à lui parler. N’ayant pas la force de se battre contre lui et refuser catégoriquement cette conversation, elle le regarda simplement et tenta juste en disant doucement d’une voix qui montrait son état d’esprit : « Pas maintenant Nate… c’est ni le lieu ni le moment ! » Pour une fois ce n’était pas le fait de se montrer en public comme avant où ils se cachaient pour se voir. Nan, là en s’en foutait royalement du lieu, ce n’était juste pas le moment, elle était dans sa période de deuil, deuil où il se trouvait sans doute également mais dont elle s’en souciait guère, pensait encore une fois qu’à sa petite personne ou encore à Calypso, sa sœur, leur sœur. D’ailleurs, elle ne voulait pas que cette dernière les voit là, à peut-être s’ouvrir l’un à l’autre et non pas à se détester comme elle en a l’habitude de voir. Sa sœur a le droit de les voir heureux, mais Hanaé refuse qu’elle sache quoi que ce soit. Mais bon, elle n’est pas là, si Hanaé se souvient bien, Calypso lui avait dit qu’elle voyait des amies, elle n’allait surtout pas s’en plaindre. En tout cas, le poussa légèrement pour se mettre encore plus à l’écart, elle lui dit simplement mais assez difficilement : « On n’aurait pas dû, c’était une erreur… » C’était faux, bien sûr, elle ne pouvait pas elle-même le dire à voix haute, cela se voyait qu’elle ne le pensait pas. Pourtant dans un sens c’était le cas… Non pas d’avoir re-gouté au plaisir avec Nathaniel, celui qui la connaissait par cœur elle et tous les moindres détails à savoir pour la combler. Il était Nathaniel, il était le seul à la rendre dans cet état. Si autrefois elle pensait que c’était dû au fait qu’il était le premier homme avait qui elle couchait, aujourd’hui, après avoir connu d’autre hommes, en voyant la magie du moment alors qu’elle est censé le détester, elle comprend que c’est plus que ça. Pourtant, ça serait tellement simple si elle ne ressentait rien, si elle n’entendait pas cette petite voix dans sa tête qui lui dit de lui sauter dessus malgré la foule. « Enfin non, ce n’était pas une erreur, pas du tout ! » Elle était faible. Si la Hanaé d’il y a quelques semaines l’aurait envoyé bouler, l’aurait insulté devant la population entière sans que ceux-ci ne soient choqué en ayant l’habitude, là c’était différent. Elle était différente, il l’avait rendu différente sans même s’en rendre compte, juste en lui brisant la carapace qui est devenue sa meilleure amie depuis près de neuf ans, juste en lui ouvrant le cœur et en y laissant sortir les sentiments enfuient depuis bien trop longtemps maintenant. « Mais… On n’aurait pas dû, pas sur cette plage, pas comme ça enfin je veux dire, si on l’avait fait ailleurs ça aurait été différent… On aurait pensé à se protéger on… » Merde, qu’est-ce qu’elle venait de dire là ? Il fallait qu’elle trouve une échappatoire et vite, elle ne pouvait pas se permettre de trop lui en dire. Pas là, pas aujourd’hui, pas au milieu de centaine de personnes qu’ils connaissent tous les deux et qui connaissent leurs histoires. D’un ton peu assuré, elle essaya tant bien que mal de se rattraper « Enfin je veux dire, à cette époque de l’année, le faire sur la plage c’était assez risqué, j’ai fini au lit pendant une semaine ! » Elle mentait mais dans un sens, cela pouvait expliquer le fait qu’elle n’avait pas répondu à ses messages, ses appels. Etait-elle en train de s’en vouloir de l’avoir évité ? En réalité elle était perdue, même plus que ça. Dans un sens elle voulait l’envoyer bouler, de l’autre elle voulait qu’il la sert dans ses bras et qu’elle puisse fondre en larme parce que cela pouvait lui faire du bien d’évacuer tout la presser, toute sa peine, tout son mal être. « On pourra en parler si tu veux, de ce qu’il s’est passé, de ce qu’on s’est dit, mais pas maintenant, j’ai besoin d’être seule ! Mais oui, oui j’y ai pensé encore et encore…. » Elle s’ouvrait petit à petit. Hanaé est une fille tellement contradictoire qu’on s’y perd à la longue. Elle ne veut pas en parler, elle ne veut pas parce qu’elle est perdue et qu’elle sait qu’en en parlant, en parlant du fait qu’ils ont perdue beaucoup de temps, ça va remuer le couteau dans la plaie. Elle promettait donc des choses qu’elle n’était pas certaine de tenir mais tout ce qu’elle souhaitait c’était être seule et selon elle, c’était la seule option pour qu’il la laisse lui promettre de rapporter la discussion fatidique.

Il est tellement plus simple de se mentir à soi-même plutôt que d’affronter la vérité en face. Tellement plus facile de se dire qu’on déteste une personne alors qu’en réalité c’est tout l’inverse et dont les sentiments sont tellement incontrôlés que ce n’est pas ce que l’on souhaite. C’était le cas avec Nathaniel et Hanaé, ou du moins c’est le cas du côté de la jolie rousse. Pendant neuf longues années, la jolie rousse s’est mentie à elle-même en n’affirmant qu’il n’était que le gars qu’elle détestait, à qui elle menait la vie dure et dont elle avait envie de lui en foutre une en pleine face dès qu’elle le croisait par hasard. Pourtant c’était faux, elle-même le savait, lui aussi. Il avait suffi d’un seul instant sur la plage de leur souvenir pour qu’elle craque complètement et se laisse complètement aller comme elle aurait dû le faire il y a déjà un moment. Pourtant c’était tellement compliqué de lui dire à voix haute que oui c’était lui dont elle voulait, qu’elle était prête à leur donner une seconde chance et qu’elle était totalement faible devant son regard. C’était ça le problème, elle était faible face à lui et même là alors qu’elle affirmait haut et fort que la dernière fois qu’ils s’étaient vus n’était qu’une erreur, elle avait finalement affirmé l’inverse. Naé se maudissait d’ailleurs toute seule, elle aurait aimé en effet pouvoir tenir tête, lui cacher ce qu’elle ressentait et retourner dans la spirale infernale mais non. Elle s’était livrée à lui, elle avait pris son pied avec l’homme dont elle était encore amoureuse et s’il n’y avait pas un tout petit détail qui clochait, elle l’aurait bien refait encore et encore. Pourquoi fallait-il qu’il y ait toujours quelque chose pour tout gâcher ? Si avant c’était elle le problème qui les empêchait d’être heureux, voilà que la nature s’en mêlait. Qu’est-ce qu’ils ont bien pu faire pour mériter tout cela ? Déjà que la rousse n’est pas facile dans cette relation, il faut en plus que des bâtons viennent se mettre dans leurs roues mais ça, Nate ne le savait pas, il savait simplement qu’elle le fuyait et qu’elle était complètement contradictoire.

Alors que c’était toujours elle qui tenait les rênes jusqu’à aujourd’hui, ce fut un autre Nathaniel qui était en face d’elle. Très clairement, il ne lui laissait pas le choix que de lui parler et de lui dire la vérité pure et dure. Naé ne savait pas comment lui dire, elle ne savait même pas si c’était une bonne idée de le faire alors dans un premier temps, elle resta complètement muette avant que Nathaniel, son Nate l’attire contre lui pour la prendre dans ses bras d’un air protecteur, comme il l’avait toujours été dans le passé avec elle. Allant alors dans ses bras, elle s’interdisait tout de même de craquer. Outre le fait qu’elle n’aime pas se montrer faible devant le seul homme qui lui avait fait mal au cœur sans même faire quoi que ce soit, ils n’étaient pas seuls et si la moindre larme était versée, tout le monde la prendrait avec des pincettes et elle verrait dans leur regard de la pitié. Elle préfère encore plus se faire insulter plutôt qu’on la traite de petite chose fragile. Il était le seul à savoir qu’elle n’était pas dans cet état juste par le jour, par le deuil de son père disparu neuf ans plus tôt. Même si elle essayait de ne pas lui montrer, elle savait qu’il n’était pas dupe et qu’il savait qu’il y avait autre chose. « On aurait dû attendre Nate, on n’était pas prêt… On aurait dû attendre d’être chez toi ou chez moi, on aurait fait ce qu’il faut, là on s’est adonné à nos pulsions mais on a été imprudent et à cause de cette connerie on risque d’en payer les conséquences toute notre vie… » Devant son regard d’incompréhension, elle enchaina avec une voix encore plus basse que précédemment. « J’ai du retard Nathaniel ! » Nathaniel, cela annonçait quelque chose de grave simplement par la manière dont elle s’était adressée à lui « J’ai… Depuis l’autre jour sur la plage… J’aurais dû les avoir quelques temps plus tard, résultats je ne les ai pas eu et… » Non pas que lui parler de ses règles la dérangeait mais un peu quand même, il fallait qu’elle le dise à voix haute même si là, c’était dur, vraiment trop dur. « Je crois que je suis enceinte ! » C’était soit ça, soit le stress de ses journées. Sauf que la vérité est bien là, jamais en neuf ans ça lui ait arrivé d’avoir du retard à cause de son stress quant à l’anniversaire de la mort de son père. Bon elle n’avait pas fait des bêtises sur des plages quelques temps avant qui pourrait lui mettre des doutes en tête, mais quand même. Ca ne pouvait pas être un simple hasard, il y avait peu de chance. Ayant peur de sa réaction, elle préférait fuir encore une fois, afin qu’ils puissent tous les deux y réfléchir avant d’en parler encore et d’avoir les réponses aux questions qu’ils allaient se poser. « J’ai pas envie d’en parler là tout de suite. Pas devant tous ces gens qui ne font que juger et qui feront circuler l’information, comme s’ils tenaient le scoop du siècle. On en parle plus tard si tu veux, mais il est hors de question que les autres ne l’apprennent pas par nous si ce n’est pas une fausse alerte et que je porte bien ton gosse. Imagines la réaction de ta mère ou pire, comment Calypso va le vivre ! » Même si ces derniers temps l’esprit de la belle rousse est quelque peu embrouillé, il y a une chose qui reste intact : son envie de préserver Calypso leur sœur à tous les deux de cette histoire. Elle n’a pas à savoir, qu’ils soient en froid ou réconciliés. Si leur relation est saine pour les jeunes gens, elle a conscience que pour sa sœur qui se retrouve avec ses deux frères et sœurs qui se détestent ou s’aiment trop, ça doit être compliqué. Alors elle ne veut pas le lui dire, elle refuse. Mais c’est ça le souci : ils ne peuvent être heureux dans le secret et le mensonge pour leur proche, ils ne peuvent pas continuer comme ça. De toute façon là, alors qu’elle essayait de le fuir, ce n’est pas vraiment à un possible couple qu’elle était en train de réfléchir mais plus à le fuir le plus vite possible, le plus loin et se retrouver seule. Elle n’aurait pas dû venir ici. Si d’habitude c’est parce qu’elle préfère rester chez elle avec sa meilleure amie la téquila, là elle avait fait un effort mais elle n’aurait pas dû et elle s’en rendait de plus en plus compte.

Le voir et ne pas lui sauter dessus était une réelle torture. Pourtant, elle ne le faisait pas et ce, pour différentes raisons. La plupart et la plus importante : le lieu, il avait aussi les circonstances de ces derniers temps et donc les soupçons de possible grossesse. Il  avait aussi le fait qu’elle était totalement perdue dans ses sentiments à son égard qu’elle ne savait pas quoi faire, comment se comporter. L’éviter avait été une très bonne décision, toutefois, cela n’avait pas pu rester ainsi bien longtemps puisqu’il avait fallu que cette journée de deuil soit le jour où elle allait devoir les affronter, lui et ses questions. Pendant des jours elle l’avait évité et ce pour différentes raisons mais ce soir, il fallait qu’ils se retrouvent dans la même soirée organisée. Super ! Bien sûr, comme elle l’avait deviné, il avait bien vu que quelque chose n’allait pas et elle avait beau essayer des excuses, elle savait qu’il fallait qu’elle lui dise. Un jour ou l’autre il fallait bien que ça tombe et cette journée était arrivée.

Après que l’annonce fut tombée, elle le voyait limite changer de couleur. Il n’avait pas l’air bien et cela, elle pouvait bien le comprendre puisqu’elle flippait totalement depuis qu’elle avait quelques doutes. Chuchotant, espérant qu’il puisse être le seul à entendre ce qu’elle avait à dire sur ce sujet, il lui dit en la regardant dans les yeux et surtout, d’un ton qui se voulait être ironique : « A ton avis ? Non non, j’ai du retard dans mes dossiers au cabinet alors c’est pour ça que je t’en parle maintenant ! » Non seulement il n’est pas rare qu’elle réagisse de la sorte, surtout avec lui, mais en prime, elle paniquait totalement que l’agressivité lui permettait de décompresser. Elle était tentée de lui crier au visage à quel point elle stressait, à quel point elle se sentait mal après cette nouvelle, pourtant elle ne le fit pas. Naé ne voulait pas que la rumeur de cette possible rumeur circule. Visiblement c’était le cas également pour Nathaniel puisqu’il l’entraina dans un endroit où au moins, ils allaient pouvoir avoir une réelle discussion, sans avoir peur que tout le monde puisse les entendre. Mais dans un sens, ça lui faisait peur car elle allait devoir parler, le problème c’est que non, elle ne voulait pas en parler et ce n’est pas en se retrouver seule avec Nath que ça va changer quoi que ce soit. Elle évitait d’ailleurs soigneusement son regard, essayant de trouver un moyen de partir et rentrer chez elle, seule, pour ensuite l’éviter dans les jours à venir. « Non… Non je n’ai pas fait de tests mais je suis toujours réglé comme une horloge à ce niveau-là » Hanaé ne voulait pas non plus rentrer dans plus de détails mais il fallait savoir que ce n’était pas normal qu’elle ait du retard, c’était très inhabituel et puisque cela coïncidait avec leur rapport non protégé sur la place où leur corps s’étaient retrouvés, comme s’ils ne s’étaient jamais séparés réellement.

Le sentir poser une main sur son ventre lui faisait bizarre et d’un côté, cela la faisait encore plus flippé, peut-être qu’elle portait son enfant et parler de cela à voix haute lui faisait réaliser que oui, peut-être que dans neuf mois plus ou moins, elle allait être peut-être maman. « Je n’arrive pas… je n’arrive pas à aller acheter un test, non seulement car le pharmacien me connait bien, il va surement en parler, ça va faire le tour et puis… j’ai peur de savoir le résultat ! » Pourtant il fallait qu’ils sachent, il fallait qu’ils soient tous les deux fixé si oui ou non, elle portait son enfant. Cette simple idée lui faisait terriblement peur. Est-ce qu’elle voulait un enfant avec lui ? Absolument que non… enfin, avant elle aurait dit oui, neuf ans plus tôt elle aurait dit que plus tard son futur elle l’imaginait avec Nathaniel, emmenant leurs bouts de chou à l’école. Aujourd’hui, elle ne pouvait pas penser à ce genre de chose, elle ne pouvait avoir un enfant avec Nathaniel. Tous les deux ont peut-être fini de se crêper le chignon comme autrefois et s’être ouvert l’un à l’autre sur ce qu’ils ressentaient réellement en craquant totalement sur la plage de leur passé, mais c’était loin d’être simple. Cela ne faisait que commencer alors pourquoi ajouter un bébé ? C’est leur karma ? Ont-ils fait quelques chose de mal pour que la vie s’acharne autre sur eux deux ? Lâchant brusquement sa main qu’il avait prise quelques temps plus tot, elle lui dit simplement, son regard planté dans le sien. « Non ça va pas aller. Et non je ne veux pas parler de toi avec ça maintenant, je te l’ai dit, c’est ni le lieu, ni le moment… » C’était dans les habitudes de la rousse et non pas la meilleure d’ailleurs, elle passait son temps à fuir et à remettre les confrontations aux lendemains quand il s’agit de choses comme celles-ci. Pourtant, elle avait besoin de lui comme jamais mais ça serait mal la connaitre que de croire ne serait-ce qu’une seule seconde qu’elle allait le lui dire directement… ni indirectement d’ailleurs. Se montrer forte face à lui, c’était ce dont elle avait besoin même si cela ne se voyait pas tant que ça, elle était faible et il était celui qui la connaissait le plus, il ne devait donc pas être bien compliqué pour lui que de le deviner. « J’ai fini le concours, je peux partir des festivités, c’est le mieux pour tout le monde… Je ne sais pas si tu as assisté au désastre mais… j’ai participé au concours de pêche ! » Pourquoi précisait-elle cela ? Elle-même ne savait pas réellement, elle avait eu envie de lui dire, voilà tout. Lui-même était pécheur, il lui avait même appris durant leur adolescence… enfin appris, avouons quand même qu’ils passaient plus de temps à s’embrasser loin de tout le monde que de pécher réellement. Le regardant dans les yeux avec un petit sourire aux coins des lèvres, elle n’arrivait pas réellement à partir, même si la volonté était présente. Il fallait qu’elle parte et maintenant sans se retourner si Nathaniel voulait avoir cette conversation, Hanaé recula donc de quelques pas, il lui en voudrait surement de partir mais tant pis, elle ne pouvait pas parler bébé, grossesse ou même relation, que ce soit maintenant ou demain, elle était bien trop perdue pour cela.