Sujet: Cara&Sasha ◄ You don't want to be alone Mar 15 Oct - 20:19
Cara & Sasha
« Be still and know, that I'm with you »
Vingt-trois heures trente. Sa veste s’échoua sur la chaise de la salle à manger, ni l’envie ni la capacité de se traîner jusque dans le hall pour l’accrocher au porte-manteau. Sasha se laissa happer par le canapé, sentant son dos se faire avaler par cette bouche béante derrière lui. Sa nuque se coinça contre le dossier du meuble, sa tête se pencha vers l’arrière. Tout partait en vrille, ses paupières se fermèrent un instant. Depuis le départ de son frère cadet, Pearl Trees est devenue son no man’s land personnel. Ses clients s’enchaînent, sa notoriété grandissante lui amenant toujours de nouvelles têtes à défendre. D’un autre côté, lui le célibataire endurci, se retrouvait du jour au lendemain avec toute une petite famille sur les bras. C’était comme ça depuis toujours, son frangin faisait les conneries et il passait derrière pour réparer. Sauf qu’aujourd’hui, c’était devenu irréparable. Quand on abandonne une femme et des enfants derrière soi, on ne peut plus faire machine arrière.
Être là pour eux, c’était bien le minimum que Sasha puisse faire. L’avocat s’était plié en quatre pour les mettre sur un piédestal, leur empêcher de rencontrer le moindre obstacle. Seulement, il n’avait jamais imaginé que jouer les titans pouvait s’avérer aussi éreintant. Physiquement comme moralement ! Le soir, quand il rentrait enfin chez lui, il avait la tête bourdonnant encore des problèmes de la journée. Sasha, le bon père de famille ? Faudra repasser. L’homme se releva – au prix de grands efforts, poussant son corps à hurler à l’injustice – et alla se servir un petit verre. Pas de l’eau, pas du jus d’orange. Une petite vodka, pour tenir le coup. Sasha buvait rarement, en des occasions seulement ! Mais exceptionnellement, en cette nuit fraîche, il se sentait le besoin d’un remontant. Le liquide lui coula dans la gorge, réchauffant son organisme et réveillant ses sens. Ses pas le menèrent jusqu’à la fenêtre, un bruit avait éveillé sa curiosité.
Dehors, sa voisine venait de claquer la portière de la voiture. Cara se dirigeait vers chez elle et soudain, une soirée atypique revint à l’esprit de Sasha. Un sourire étira ses lèvres en y songeant et il reposa son verre sur la table basse du salon. Sa voisine avait des problèmes, comme tout le monde, mais elle restait quelqu’un de bien, de sympathique. Aussi, ce fut sur une totale impulsion que Sasha s’élança dehors. L’avocat réfléchissait toujours, il avait besoin d’anticiper, de prévoir ce qui allait se passer. Pourtant, cette fois il avait simplement suivi son instinct. Sasha frappa à la porte de la maison d’à côté, attendant sur le perron que la porte ne s’ouvre. Quand ce fut enfin fait, ses yeux se levèrent et il capta le regard de la jeune femme.
- Salut Cara. Je passe une sale soirée et plutôt que de me lamenter avec ma bouteille de vodka, je me suis dit que tu aurais peut-être une idée pour éviter les déprimes passagères ?
Sasha ne regrettait jamais ses actes, il tâchait de vivre avec et de se satisfaire des conséquences. Aussi, il ne ressentait aucune gêne à se planter sur le perron de sa voisine à une heure aussi tardive. De toute façon, ils n’étaient plus à ça près tous les deux ! Ils s’étaient déjà tournés en ridicule la première fois, en se livrant à des confessions sur le canapé de Sasha. Aujourd’hui, c’était à lui de débouler dans le quotidien de la demoiselle et de l’importuner avec ses problèmes. On dit qu’il est plus simple de s’ouvrir à des étrangers qu’à des proches. C’est vrai car peu importe ce qu’ils pensent, ils le garderont pour eux, par respect. Et c’est sans doute pour ça que Sasha était là, planté devant la porte de Cara, à attendre la solution miracle à un problème sacrément enlisé.
Sujet: Re: Cara&Sasha ◄ You don't want to be alone Mer 16 Oct - 20:47
You don't want to be alone.
"Tu as quoi ?" s'écria Cara en arrêtant subitement de marcher. "J'ai renversé mon café sur tout le dossier, et ... euh je n'avais pas encore photocopié toutes les feuilles"
Une petite centaine d'injures se retint de franchir les lèvres de Cara, qui serrait si fort son téléphone dans la main qu'elle avait mal aux jointures. Sa nouvelle collègue l'énervait, l'agaçait même. Depuis quelques temps son entreprise grandissait et en parallèle devait donc engager de nouveaux employés. Et c'est ainsi qu'on avait coller une petite nana incompétente dans le bureau de Cara, qui avait tendance à préférer le travail en solitaire. Sociable qu'elle était elle avait passé de nombreuses semaines à la former, à l'aiguiller, la coacher. Mais rien n'y faisait la petite nouvelle était toujours aussi mauvaise. Saboter un dossier client aussi important que celui qu'elle venait d'arroser de café était une catastrophe.
"Demain matin tu dois venir plus tôt, soit au bureau une heure en avance et tente de réparer ce que tu as fait. Le patron sera furax si tu te pointes en réunion sans ce dossier... tu pourrais y jouer ta place, voire la mienne. Déconne pas." Soupira Cara en raccrochant.
Au volant de sa voiture la jeune femme passait en revue le programme du lendemain. Son boulot était important pour elle, il occupait une place importante de son quotidien. Le contrat qu'elle avait en revanche passé avec elle-même était clair : une fois sortie de l'immeuble elle ne devait plus y penser. Pas toujours facile de s'y tenir... Il était près de 22h lorsque son patron l'avait autorisé à partir, alors qu'elle aurait du être chez elle depuis au moins quatre heures. Sur la route du retour elle reçut un sms de sa petite soeur, Nayana.
"Papa et nous sommes partis au restaurant, on se fera sûrement un bowling après. Désolé on a voulu t'attendre mais tu devenais longue. A plus!"
Soirée solo en perspective... chouette ! Cara freina brusquement, provoquant le klaxon d'un de ces chauffards de la ville, puis fit demi tour. Elle avait faim. Elle avait la flemme. Elle avait sa carte bleue sur elle. Vous suivez le raisonnement ? Dix minutes plus tard le restaurant japonais accueilli la jolie brune affamée, l’embaumant de saveurs de riz et de poisson cru. Miam ! La note augmenta au fur et à mesure que la jeune femme choisissait de produits, et très honnêtement elle ne pensait pas tout manger mais... la connaissant, l'adage "les yeux plus gros que le ventre" était on ne peut mieux trouver. C'est munie d'un gigantesque sac en papier qu'elle retourna dans sa voiture, puis fila en vitesse. La journée avait été harassante, pas le temps de traîner sur la route.
C'est en fredonnant un air de rock indé que la jeune femme gara sa voiture, après avoir braillé sur cette même chanson durant tout le trajet. Une chanson sur laquelle elle se verrait bien danser le jour de son mariage... Evidemment, ce sujet revenait souvent, sachant que la seule et unique personne que Cara souhaitait voir à ses côtés se trouvait indisponible. Faith et Cara s'aimaient, ce n'était pas le problème. L'ennui venait plutôt du fait que la jolie blonde arborait déjà une jolie bague à son annulaire. Un objet que Cara observait et haïssait à chaque fois qu'elle voyait sa moitié. Il était devenu une sorte d'objet du diable, un truc maléfique qui ne faisait que rappeler à Cara qu'elle ne pourrait jamais être celle qui lui passerait cet anneau au doigt. Dans le fond elle n'avait pas matière à se plaindre, Faith et elle étaient en couple depuis quelques années maintenant. Elles se voyaient régulièrement et s'adonnaient aux plaisirs communs que deux personnes qui s'aiment sincèrement sont censées faire. Mais se promener main dans la main et étaler leur bonheur aux yeux du monde entier leur était impossible, à moins de déménager sur une île déserte où aucun de leur proche ne pourrait les retrouver. Chose impossible connaissant le caractère des soeurs de Cara, qui ne pouvaient se passer d'harceler leur grande soeur de messages et d'appels à longueur de temps. Le plus gros problème venait sûrement de la famille de Faith qui la flagellerait probablement en place publique s'ils savaient que leur précieuse petite fille n'était pas "normale". La normalité était une question subjective évidemment, mais pour eux il était impensable de marier leur fille à une autre fille. Cette double vie était compliquée à gérer, Cara ne pouvait s'empêcher de taire sa rancoeur envers la famille de sa bien-aimée, tout en détestant cordialement son mari. Ce dernier était un homme adorable, et c'était bien ça qui l'emmerdait vraiment. Pourquoi sur terre fallait-il que Faith choisisse, en guise de couverture, un type formidable et aimant ? Si seulement il avait quelque chose à se reprocher comme une maîtresse ou une jambe boiteuse, mais il n'en était rien. L'homme parfait pour la femme parfaite, n'était-ce pas ce qu'on inculque à tous les enfants de nos jours ? Les Walt Disney n'ont jamais, aux dernières nouvelles, décidé de faire un animé où Cendrillon finit par larguer son prince et vivre aux côtés de Belle. Deux princesses qui s'embrassent, quelle horreur... une nouvelle révolution se mettrait sûrement en marche.
L'esprit en ébullition de Cara ne cessait de la tourmenter à ce sujet, la rendant parfois hésitante sur son propre avenir. Sa carrière professionnelle était bien partie, l'achat d'une maison en projet... il n'y avait que côté coeur que ses plans s'écroulaient. Cara se plaisait à planifier tous les jalons de sa vie, prévoir quand elle allait acheter son premier bien immobilier, quand allait-elle présenter l'élu de son coeur à sa famille, faire en sorte que tout le monde s'entende bien. D'ici quelques mois elle se verrait bien acheter une plante, reprendre l'équitation et même acheter un cheval, voyager en Australie, assister à son premier ballet. Tant de choses qui rythment une vie et aide la jeune femme à se lever tous les matins en ayant quelque chose à quoi se raccrocher. Mais toutes ses tentatives restaient veines à chaque fois que Cara se projetait dans l'avenir. A quoi bon acheter un stupide cheval si Faith n'est pas là pour le choisir avec elle ? A quoi bon emménager quelque part, décorer un nouveau salon, acheter de la vaisselle et dévaliser une boutique de décoration en entier si Faith n'était pas avec elle ? Pour quelles raisons aurait-elle envie de se lever le matin si la seule et unique personne qu'elle désire est de son côté en train de se réveiller sous le regard amoureux de son mari ? C'était si douloureux, si dévastateur. Cara était loin d'être défaitiste mais parfois... parfois son courage tombait plus bas que terre.
En claquant la porte d'entrée de la maison familiale Cara eut néanmoins le plaisir d'apprécier le silence ambiant. C'était une chose plutôt rare pour cet endroit qui était plus communément le lieu de disputes, d'éclats de rire et de courses-poursuite entre les soeurs Maden. L'aîné de la famille sera certainement nostalgique de cette agitation le jour où elle quittera le nid familial, mais pour l'heure un peu de tranquillité c'était tout ce à quoi elle aspirait. Une bouteille de vin blanc débouchée et posée sur la table basse, le sachet de japonais déballé à ses côtés et la soirée pouvait démarrer. Ou presque.
Une voisine venait de frapper à la porte, certainement la vielle dame de l'autre côté de la rue pour venir chercher de la farine. Ce n'était qu'une excuse en réalité, Cara savait que cette commère n'était là que pour espionner la jeune femme. En ouvrant la porte c'est avec surprise qu'elle découvrit, un voisin certes, mais pas celui auquel elle s'attendait. Un sourire rassuré et chaleureux se plaqua sur ses lèvres.
"Ce soir ma vie sociale se résume à choisir de qui d'Avatar ou de Dirty Dancing je vais regarder. Elle sourit de plus belle, dévoilant ses deux belles fossettes, et ouvrit la porte en grand. Ma table basse est pleine de sushis et de vin blanc, on attendait que toi pour démarrer!"
La jeune femme était ravie de le voir, et se remémora immédiatement leur dernière soirée commune. Elle avait été plutôt ridicule ce jour-là, mais l'alcool aidant elle n'avait pas grand chose à se reprocher. Une fois à l'intérieur la jeune femme le guida jusqu'au salon, faisant un rapide passage en cuisine pour aller chercher un verre de plus. Ce n'est qu'en passant devant les miroirs du couloir qu'elle se rappela sa dernière action : elle avait enfilé son pyjama en pilou-pilou aussi doux qu'un mouton fraîchement nettoyé. Heureusement qu'il lui restait un peu de dignité, à savoir son chemisier en soie noire qu'elle avait porté au travail et son maquillage du matin. A moitié présentable donc. Une fois dans le salon la jeune femme s'installa en tailleur dans son canapé, offrant à Sasha de quoi se restaurer.
"Maki, sushi, en fouillant un peu on doit bien pouvoir trouver du riz et des brochettes. Sers-toi ! Tu veux un verre de vin ? Je n'ai rien de fort à te proposer, j'ai du accidentellement finir la réserve la dernière fois..."
Cara n'était pas le genre de fille à limiter sa consommation alimentaire en face des autres, même si c'était un homme (surtout si c'était un homme...). Aussi elle s'attaqua à son bol de riz avec voracité, ponctuant son repas de quelques fameux sushis. Ce qui l'importait c'était que Sasha se sente à l'aise.
"Je suis toute ouïe, et prête à te prêter une oreille bienveillante si le besoin s'en fait sentir" C'était le signal. A son tour de déballer ses problèmes.
Sujet: Re: Cara&Sasha ◄ You don't want to be alone Ven 18 Oct - 18:27
Cara & Sasha
« Be still and know, that I'm with you »
La porte face à lui le plongea dans une intense réflexion, l’espace d’une seconde seulement. Sasha était, de prime abord, quelqu’un de froid. Il suffisait de demander aux habitants de Pearl Trees, la plupart était intimidé par ce grand gaillard souvent beaucoup trop direct. En vérité, ce caractère distant cachait une facette que peu de gens étaient amenés à rencontrer de l’avocat. Jouer double jeu ne le dérangeait pas du tout ! Sasha était parfaitement capable de maintenir cette barrière entre lui et les autres, cette apparence d’homme distant et froid qui lui permettait de ne pas se retrouver dans des situations fâcheuses. Cela lui facilitait énormément la tâche ! Au boulot, il était infect, les autres avocats le craignaient pour ce don qu’il avait de se métamorphoser en véritable requin dès qu’un dossier atterrissait entre ses mains. Même les juges, pourtant censés être hors de portée des abonnés du barreau, ressentaient toujours ce charisme qu’il dégageait. Sasha en imposait et il abusait de cette façade pour vivre plus tranquillement.
Seul dans la rue faiblement éclairée par des réverbères, il avait tout à coup l’impression que son armure s’effondrait. Où était passé l’avocat vorace, avide d’affaires scabreuses dont personne d’autre ne voulait ? Là, sur le pas de la porte de Cara, ne restait que l’homme. Le quadragénaire qui se retrouvait, totalement contre sa volonté, avec une belle-sœur et des neveux et nièces presque à sa charge. Jamais il n’avait voulu s’illustrer dans le rôle du superhéros volant à la rescousse de ses proches mais qu’aurait-il pu faire d’autre ? Regarder cette femme que son propre petit frère avait abandonnée sans le sous, perdre sa famille et sa demeure ? Scruter impassiblement les enfants de son idiot de frangin, que Sasha avait vu grandir de la couche-culotte aux premiers rendez-vous romantiques, sombrer dans la dépression et le manque des besoins les plus primaires ? C’était impossible. La famille restant son point faible, l’avocat se devait d’intervenir. Et voilà qu’une simple porte fermée l’avait poussé à se remettre en question, à chambouler toutes ses pensées et à le plonger dans une lassitude plus profonde encore.
Ce fut un visage amical qui l’extirpa de sa torpeur, un sourire franc qui parvint à le faire s’exprimer. Rares étaient les occasions où Sasha laissait tomber le masque, où il se présentait sous la forme de l’homme atteint et pas du golem intouchable. L’humanité, quelle foutue tare ! Heureusement, sur son chemin, on finit toujours par croiser des gens qui vous aident à porter votre fardeau. L’autre soir, c’était Sasha qui avait soutenu un peu de cette grosse pierre que Cara devait rouler le long de la colline telle l’alter-égo féminin d’un Sisyphe au comble du désespoir. Aujourd’hui, inversement des rôles. Sasha avait frappé à sa porte car il savait qu’elle l’accueillerait mais plus encore, il savait qu’elle le comprendrait. D’une certaine façon, elle s’apparentait à une amie ! Bien que cette notion soit assez étrangère à Sasha qui finissait toujours par faire imploser de façon brutale toutes ses relations amicales – et sentimentales, cela va de soi.
- Je préfère de loin les guerriers bleus !
Entre une guerre écolo et deux pleutres se tournant autour en dansant, il n’y avait aux yeux de Sasha, pas l’ombre d’un doute. Cara ouvrit la porte plus grande, souriant à son voisin et l’invitant à entrer d’une façon des plus amicales : en mettant en valeur la nourriture chinoise et le vin blanc. L’avocat passa le seuil, se rendant compte qu’il n’avait même jamais mis les pieds à l’intérieur de cette demeure. Ses yeux parcoururent brièvement les lieux, sans indiscrétion cependant. Il distingua les photos de famille, les cadres et autre décorations semblant hurler à tous visiteurs : Ceci est un cocon familial, ne pas démystifier. Ils avancèrent vers le salon, Cara disparaissant inopinément pour aller chercher un second verre en cuisine.
Quand elle revint, Sasha s’était installé dans le canapé, observant les munitions que la demoiselle avait mises en réserve. De quoi nourrir deux personnes sans problèmes ! Tant mieux, il n’avait pas envie de s’imposer et d’ennuyer le monde, il était plutôt là pour se changer les idées. Ce n’est qu’une fois sa voisine reparut qu’il remarqua, non sans un sourire espiègle, son pantalon de pyjama. Comment le lui reprocher ? Après une longue journée de travail, tout le monde se met à l’aise, une fois rentré à la maison. Et puis, ce n’était pas comme si sa venue était prévue ! Sasha ne put cependant s’empêcher de sourire et de commenter d’une voix moins sérieuse que d’ordinaire :
- Charmant le pyjama !
Est-ce qu’un pantalon tout doux profanerait l’image de la femme accomplie qu’il avait d’elle ? Bien sûr que non. Sasha avait du respect pour Cara, comme il en avait pour toutes les personnes qui se donnaient du mal dans la vie pour atteindre leurs objectifs. La jeune femme se montra on ne peut plus accueillante en proposant à son voisin de se joindre à elle pour déguster ces petits plats. Sasha n’avait pas particulièrement faim mais faut-il avoir l’estomac criant l’aumône pour manger chinois ? Les sushis semblaient l’appeler, tentation exquises posées juste sous ses yeux. Sasha s’en empara et en goûta un, adressant un signe de tête approbateur à son interlocutrice, elle avait trouvé un bon petit restaurant où commander, apparemment !
- Du vin ça sera parfait ! Merci. T’en fais pas, j’ai du boulot plein le bureau, demain je vais me farcir une grosse journée, j’aurais pas pu boire quelque chose de plus sérieux !
Il esquissa un sourire. S’il y avait bien une chose dans sa vie avec laquelle il ne plaisanterait jamais, c’était son boulot. Sasha luttait pour des gens, combattait pour sauver leur honneur et préserver leur dignité. Cela se révélait difficile, la plupart du temps car l’avocat ne représentait pas que des riches magnats des finances ! Il se permettait aussi des dossiers plus sombres, des cas plus isolés. C’était dans le but d’aider les gens qu’il avait embrassé cette carrière corps et âme, pas avec le seul objectif de soulager le portefeuille des millionnaires – même si, soyons honnête, cela ne le dérangeait pas plus que ça quand il se devait de le faire. Son regard se porta à nouveau sur Cara, la jeune femme ayant attaqué avec un naturel hors pair, son bol de riz.
C’était sans doute pour ce genre de petits détails qu’il lui était plus simple de s’abandonner à des confessions auprès d’elle. Cara le considérait comme n’importe quel type de leur bourgade, peut-être l’appréciait-elle un peu plus qu’un inconnu lambda mais le fait était qu’elle n’était pas intimidée. Sasha, à ses yeux, n’était pas si impressionnant que ça et c’est pour cette raison qu’elle l’invita à décharger son sac. Parce qu’il en avait des choses sur le cœur, des ressentis à expulser et des râles à émettre. L’avocat se cala dans un coin du sofa, Cara venait de lui lancer le signal de départ, elle était prête à l’écouter déballer ses problèmes. Il porta son verre de vin aux lèvres, cherchant un brin de courage au fond de son verre.
- Je crois qu’on ne profite pas de la vie comme on le devrait avant de voir un changement survenir. Avant que mon frère se casse pour je ne sais quelle partie de la planète, j’étais bien plus tranquille ! Maintenant, je me retrouve avec sa famille sur les bras et, je pète les plombs.
Sasha s’étonnait lui-même, s’entendre se livrer sur un sujet aussi personnel à une personne, certes sympathique, mais qu’il connaissait en définitive encore bien peu ! Son frère était parti et il s’était toujours arrangé pour que personne ne remarque à quel point ce petit con lui manquait. Le pire dans tout ça, c’était Martha et les enfants. Si Sasha n’avait jamais passé la bague au doigt d’une femme, s’il s’était toujours arrangé pour être sûr et certain qu’après neuf mois, aucune de ses conquêtes ne revienne avec une surprise, ce n’était pas pour rien ! Certaines personnes sont faites pour avoir une famille, en prendre soin, l’aimer et la chérir toute leur vie durant. D’autres, se découvrent des talents dans d’autres domaines et s’y dévouent. Sasha faisait partie de la seconde catégorie, il aurait très bien pu continuer à vivre sans toute une fratrie à prendre en charge.
Un soupir s’échappa d’entre ses lèvres, ses doigts capturèrent un autre sushi qui se suicida droit dans sa bouche. Sasha ne put s’empêcher de rire, il était en train de raconter sa vie à sa voisine ! Voisine qui elle-même, lui avait raconté la sienne un temps plus tôt, sous l’emprise de l’alcool. Franchement, tous les deux, ils faisaient la paire ! L’avocat décida de relativiser, de dédramatiser un peu son propre monologue qui sonnait honteusement mélancolique à ses oreilles fatiguées.
- Donc voilà, j’avais envie de me déconnecter de tout ça donc je me suis dit que j’allais venir te voir ! Et j’ai eu raison, les sushis sont délicieux !
Les sushis étaient bons mais ce n’était que le décor sur la photo, le principal, c’était surtout d’avoir quelqu’un qui pouvait l’écouter. Parce que oui, apparemment, même les plus frigides des avocats requins ont besoin de temps en temps d’une oreille attentive.
Sujet: Re: Cara&Sasha ◄ You don't want to be alone Mer 30 Oct - 9:48
You don't want to be alone.
Sasha optant pour les guerriers bleus, n'était-ce pas le choix le plus prévisible qui soit ? Evidemment Cara ne l'imaginait absolument pas assis dans son canapé, dévorant Dirty Dancing et fredonnant "The Time of My Life" avec passion. Situation loquace, la jeune femme sourit rien qu'en l'imaginant.
"Quoi tu n'aimes pas Dirty Dancing ? Alors là vraiment je suis déçue, j'hésite à te faire passer le seuil maintenant." La jeune femme prit un air faussement fâché, qui lui octroya une crédibilité proche de -15. "Bon va pour Avatar alors, mais je te préviens le film dure 3 heures et en général mes yeux se ferment au bout de la première. Et encore. Mouais si je vois le début du film c'est déjà un bon score."
Cara faisait allusion à son quotidien au travail qui lui prenait non seulement son entière énergie, mais lui imposait aussi parfois de repousser ses limites physiologiques. Il était régulier que la jeune femme rentrât chez elle au bord de l'évanouissement, trois dossiers sous le bras et son quinzième café en main. Plus des trois quarts du temps lorsqu'elle rentrait enfin chez elle, tous les membres de sa famille profitaient déjà de leur nuit de repos. Cara une fois ses talons quittés et son maquillage enlevé devait encore se pencher sur quelques rapports et les travailler durant l'heure qui suivait. Il n'était pas rare de la retrouver, le lendemain matin, endormie la joue sur une liasse de feuilles, la main couverte d'encre -c'était la spécialité de Cara : s'endormir avec un stylo plume à la main, et se réveiller en découvrant qu'il a su profiter de ses heures de repos pour sournoisement lui tatouer la main. En général c'était sa petite soeur Eléanor qui venait la réveiller, et quel réveil! Elle savait pertinemment que la matin était le moment le plus horrible de la journée pour Cara, aussi elle rentrait dans sa chambre à pas de loups, réveillait sa grande soeur avec la plus infinie douceur, et enfin lui posait un énorme café sur sa table de chevet. Vous a-t-on déjà réveillé en vous apportant un café au lit ? Parfois Eléanor lui apportait même un muffin au chocolat ou une salade de fruit et posait le tout à côté de Cara. Cette dernière adorait petit déjeuner au lit, c'était pour elle une manière de prolonger sa nuit. Dans la famille Maden c'était une valeur commune à tous : le matin c'est sacré. Parfois Sélenia, la plus jeune, venait se glisser aux côtés de Cara et toutes deux terminaient leur nuit comme ça. C'était fusionnel, pure.
Entré dans la maison des Maden Sasha n'avait pas l'air mal à l'aise, il avait même suivi Cara lorsqu'elle s'était mise à attaquer son repas de la manière la plus goulue qui soit.
"Oui j'ai le même planning que toi pour demain... je ne sais pas comment je vais faire pour me lever" Ses cernes devaient forcément parler pour elle à cet instant précis.
La conversation s'engagea, s'articulant autour des remarques de Sasha. A mesure qu'il parlait miss Maden se rendait compte qu'ils partageaient le même point de vue sur bien des choses. Elle était touchée de voir qu'un homme comme lui vint à se confier auprès d'elle. Ne sachant si elle pouvait lui poser quelques questions, de peur de paraître trop indiscrète ou curieuse à l'excès elle osa finalement prendre la parole.
"Tu as recontacté ton frère depuis le temps ? Je veux dire, tu sais où il est ?" Cara s'en voulait de ne pas savoir avec précision où en étaient les choses, mais circonstance atténuante pour elle Sasha n'en avait jamais vraiment parlé avec elle jusqu'à aujourd'hui. "Comment as-tu retrouvé la famille de ton frère en fait ?"
Cara gratifia sa gorge d'un peu de vin sucré et reposa le verre sur la table basse. "Ah oui je vois le plan... tu m'as vu rentrer chez moi avec des sacs de japonais dans les mains et tu t'es dit que t'allais en profiter hein. Fin stratège à ce que je vois..." Elle avala un maki aux crevettes. "T'as eu raison, j'ai vraiment bon goût!" Elle esquissa un petit rire et se leva.
Quelques secondes plus tard la musique familière de Twentieth Century Fox retentit dans le salon. Cara avait baissé le son, elle n'avait aucune envie de voir le film, il ferait simplement office de fond sonore et visuel. Elle se rassit dans le canapé et fixa Sasha.
"Plus sérieusement, tu as bien fait de passer. Je te devais une soirée confidences de toute manière... Et .. comment ça se passe avec ta belle soeur ? Elle est en ville d'après ce que j'ai compris ? Tu es sacrément courageux de t'occuper de tout le monde." Elle soupira. "Ou alors c'est parce que tu n'as pas le choix."
Sujet: Re: Cara&Sasha ◄ You don't want to be alone Lun 4 Nov - 18:16
Cara & Sasha
« Be still and know, that I'm with you »
La question de sa voisine lui arracha un sourire, Sasha avait tellement souvent entendu les gens lui hurler qu’il n’était qu’un monstre au cœur de pierre ! Que lui, l’homme le plus froid de toute la ville, préfère une romance à un bon film d’aventure ... ça aurait sans doute été les prémices de l’apocalypse. Sans doute son côté sérieux et parfois trop terre-à-terre l’empêchait de comprendre ce qu’il y avait de si intéressant à observer deux individus se pavaner en collants tout en sautillant d’un bout à l’autre de la pièce. L’avocat n’était cependant pas un grand fan de la télévision, à vrai dire, rares étaient les occasions où il prenait le temps de se poser sur son canapé toute une soirée pour rester devant son écran. Pas que e prélasser lui déplaisait ! Tout être humain normalement constitué aime prendre un peu de repos après de rudes efforts mais Sasha n’en avait plus vraiment le loisir. Cara, qui était aussi très prise par son boulot et sa vie privée, pouvait totalement compatir.
- T’en fais pas, il y a de fortes chances pour que j’aille rejoindre mes dossiers bien avant la moitié du film !
Il avait dit ça en riant mais malheureusement, ce n’était peut-être pas tellement faux ! Sachant que le lendemain lui laisserait encore de belles surprises, Sasha avait une réputation à tenir. Être un avocat vorace n’était pas à la portée de tout le monde ! En effet, adios la vie de famille, adios la vie sociale, en vérité. Bien que Sasha ne s’en soit jamais plein, de ces jours-ci, la réalité le rattrapait et tout semblait s’écrouler en même temps sur le coin de sa figure ! C’est d’ailleurs bien pour cette saturation totale qu’il débarquait à l’improviste chez sa voisine. D’ailleurs, où étaient tous les autres membres de sa famille ? Sasha n’était pas indiscret au point de poser la question mais elle lui resta en tête, quelque part dans un coin.
Quand ils furent installés au salon, la nourriture asiatique semblant leur faire des appels de phare pour les attirer, ils commencèrent à discuter. Cara aussi, avait une grosse journée en perspective le lendemain. Elle fit allusion au réveil difficile et Sasha ne put que compatir ! L’espace d’une seconde, l’avocat se demanda s’il n’était pas préférable de laisser tomber et de revenir un autre soir, une soirée où tous les deux ne seraient pas épuisés et où un lendemain difficile ne les attendait pas. Mais au bout du compte, tous les lendemains étaient difficiles et puis l’homme ne se sentait pas le courage d’affronter la soirée tout seul chez lui. La simple idée d’aller rendre visite à sa belle-sœur et à ses neveux et nièces le rendait dingue ! Il les adorait mais parfois, il manquait d’air avec eux. Les enfants, ça reste des enfants même quand ils sont dans cette phase de transition qu’on appelle adolescence. Les cris retentissaient sans cesse dans la maison de sa belle-sœur parce que l’un avait pris les écouteurs de l’autre ou avait changé de chaîne à la télé. Dans ces cas-là, Sasha comprenait pourquoi il n’était pas père, à l’heure actuelle.
- Aucune idée. J’ignore totalement où il se trouve mais le connaissant, il doit traîner dans des bars miteux à poursuivre les jupes les plus courtes et les premières bagarres ...
Il soupira. Elliot avait toujours été un véritable gamin à ce niveau-là ! Avoir des enfants, un boulot à responsabilités, une grande maison ... rien n’avait fait changer cette immaturité chronique qui le caractérisait. Sasha se demandait parfois si tout cela n’était pas entièrement sa faute ! Depuis toujours, il réparait ses erreurs et donc, Elliot n’avait jamais vu la nécessité de se repentir ou même, de culpabiliser ! Après tout, Sasha serait toujours là pour arrondir les angles après son passage chaotique. Seulement cette fois, il n’avait brisé le vase préféré de maman ou planté la voiture de l’oncle George dans un arbre ... il avait abandonné femme et enfants, sans le moindre revenu concret. C’était autrement plus grave, même pour un imbécile heureux comme lui.
Cara s’intéressait réellement à l’histoire de Sasha et cela le toucha, peu de gens prenaient le temps de s’enquérir de sa santé ou de ses états d’âme ! Beaucoup le voyait comme un homme fort, intouchable, un véritable golem. Pas besoin de s’inquiéter pour quelqu’un comme lui, il sait prendre soin de lui. En un sens, c’était vrai ! Mais Sasha appréciait l’attention de sa voisine, ça faisait du bien au moral de reconnaître l’amitié. Elle lui parla de la famille d’Elliot, cette femme et ces enfants que son petit frère avait abandonnés. Aussitôt, les traits du visage de l’avocat se refermèrent. Il avait vu combien le départ de son frère avait affecté tout ce petit monde, et même s’ils s’efforçaient de sourire et de continuer, il leur manquait un pilier. Enlevez un mur porteur à votre maison et tout s’effondrera.
- Ils ont toujours vécu en ville. J’allais nettement moins les voir auparavant, ils avaient moins besoin de moi ! Maintenant je dois passer par chez eux tous les jours.
Il hocha du menton, pensif. Sasha n’avait jamais voulu que les choses se passent comme ça. Pourtant, il n’avait pas d’autres choix que d’assumer. Cara détendit l’atmosphère en blaguant sur la nourriture, Sasha esquissa à son tour un sourire tout en portant un sushi aux lèvres. C’est vrai que c’était sacrément bon ! Cara avait bon goût, comme elle prit soin de le souligner sur un petit ton fier qui amusa l’avocat. Sa voisine alla mettre le film relatant la guerre des bonhommes bleus – non pas les Schtroumphs, ceux avec les lances et les tatouages partout sur le corps. Sasha en profita pour achever son verre de vin puis il le reposa sur la table et se laissa quelque peu avaler par le canapé, son dos s’adaptant mieux à la forme du meuble. Assis correctement, il se sentait mieux et plus relaxé.
Un autre sushi venait d’atterrir dans sa bouche quand Cara évoqua la belle-sœur de Sasha, Martha. La réaction fut instantanée dans l’esprit de l’avocat. Si extérieurement, il ne laissa rien paraître, intérieurement, ses pensées s’agitèrent. C’était la femme de son frère, une jeune femme qu’il avait appris à apprécier et à estimer ! Peut-être un peu trop d’ailleurs ... Sasha refusait même de songer à quoi que ce soit de romantique entre eux. Elle était mariée et qui plus est, à Elliot. Cependant, l’avocat n’irait pas jusqu’à pousser l’hypocrisie au point de dire qu’il n’aimait pas passer du temps avec elle ! Martha était quelqu’un de très agréable, de douce et d’intéressante. Le genre de femme qui, dans d’autres conditions, auraient sans doute pu le rendre heureux.
- Je pense que tu es tout aussi bien placée que moi pour savoir qu’en tant qu’aîné, on est un peu en charge des autres ! Ils font les bêtises et nous, on s’efforce de réparer. Et je sais que j’ai la réputation de ne me soucier de personne mais je ne pourrais pas laisser ma belle-sœur et mes neveux et nièces livrés à eux-mêmes !
Sasha restait vague à ce propos, il ne souhaitait pas exposer la situation de sa belle-sœur sans l’accord de celle-ci mais il était évident d’imaginer. La réalité était un peu plus triste que ce qu’on pourrait penser. Elliot, avant son départ, ramenait l’argent à la maison. Et sa disparition du jour au lendemain avait laissé Martha et les enfants sans le moindre revenu pour subsister. Sasha n’avait eu aucune honte à virer un employé de son propre cabinet pour engager sa belle-sœur. Abus de pouvoir ? Sans doute ! Cependant, entre laisser sciemment Martha et les petits se débrouiller, c’était au-dessus de ses forces. Il lui avait donc trouvé un poste et avait peu à peu occupé une place qu’il n’avait pas à combler ! Aller chercher les enfants à l’école quand elle ne le pouvait pas, s’entretenir avec le directeur quand l’un ou l’autre faisait des bêtises, les réprimander, les soutenir, les épauler. Tout ça, ce n’était pas vraiment son rôle mais encore une fois, aucune autre option ne lui avait été offerte.
- En tous cas, je sais pas pour toi mais voir tout ça ... ça me donne pas forcément envie de devenir parent !
C’était amusant de l’entendre dire ça ! Sasha n’avait jamais envisagé la possibilité d’être père. Après tout, il avait quarante-trois ans aujourd’hui et même si techniquement, il le pourrait tout à fait ... il n’en avait aucune envie. Ses soucis actuels étaient déjà bien assez nombreux ! L’avocat tourna les yeux vers l’écran, suivant quelques instants les aventures de ces scientifiques et de ses soldats. Des envahisseurs dans un monde plus ou moins pacifiques. Enfin, il lança :
- Et toi, ça va mieux depuis cette fameuse dernière soirée où on a discuté ensemble ?
Cara semblait avoir pas mal de soucis, quand elle avait atterri chez lui par inadvertance et aujourd’hui, peut-être en avait-elle toujours ! Pourtant, elle semblait plus épanouie et Sasha doutait fortement que les choses en soient restées au même point ! Son visage semblait, certes, fatigué mais plutôt serein et heureux !
Sujet: Re: Cara&Sasha ◄ You don't want to be alone Jeu 28 Nov - 9:28
"Oh vraiment ? On a intérêt à vite manger alors, je ne veux pas t'empêcher de travailler. Une bonne personne devrait normalement te conseiller de te relâcher un peu, de lever le pied et de penser à te reposer. " La jeune femme soupira "Mais comme je ne suis pas du style à appliquer ce conseil à moi-même je préfère t'encourager!" Elle leva son pouce droit en signe d'approbation de ses propres paroles.
Hard-work, Workalcoholic, déglingués... tout ça pouvait parfaitement convenir à Cara tout comme à Sasha. Impossible donc d'attirer l'attention de Sasha sur le fait que travailler trop (= gagner gros), tue. Cara fonctionnait elle-même sur ce mode, se donnant corps et âme à sa profession sans trop compter ses heures supplémentaires. C'était un choix personnel en premier lieux, bien qu'une nécessité du point de vue de son patron.
Cara n'avait pas pensé à mettre de l'ordre dans la maison, aussi en passant devant Sasha elle essayait tant bien que mal de virer ce qui traînait. Sélenia avait encore laissé son maquillage dans la cuisine (pour quelles raisons?), Prue avait déposé un de ses nombreux livres de littératures sur le buffet... Cara était de loin celle qui prenait le plus soin de cette maison, faisant parfois même des remontrances à son propre père pour qu'il se montre moins naïf. "Tu m'excuses pour ce bazar, je rentre à peine du boulot et il semblerait qu'ils aient tous desertés pour aller se faire une partie de bowling..."
Le bon vieux temps où elle aussi elle rentrait de cours à 18h, faisait son stupide exercice de maths et s'enfuyait au cinéma avec ses petites soeurs. Elle qui avait toujours souhaité grandir plus vite, elle se sentait nostalgique à l'idée de devoir affronter des responsabilités d'adultes. Elle avait toujours pris soin de veiller sur sa famille, s'assurer du bonheur de tous. Son rôle de maman de substitution n'avait pas été un choix, mais Cara l'avait embrassé avec ferveur et courage, son désir de maintenir sa famille à flots était le plus fort, et cela même à 10 ans. C'est incroyable ce que ça peut vous faire vieillir plus vite de jouer à la vraie maman avec de vraies petites soeurs, surtout lorsque l'on déteste cordialement sa vraie mère et que son challenge personnel était de faire mieux qu'elle. Surpasser sa propre mère, voilà ce que Cara avait voulu faire dès son départ de la maison familial. Ça n'avait pas été si compliqué, à part peut-être lorsque les deux jumelles hurlaient en même temps pour quémander leurs biberons. Oui, ça ça n'avait pas été simple. Depuis l'arrivée d'une belle-mère dans leur famille, Cara respirait un peu plus, et cela bien malgré elle. Elle s'occupait de tout le monde depuis bientôt 15 ans, et voilà qu'une parfaite inconnue débarque et essaie de lui prendre son rôle. Le pire dans l'histoire, c'est que Cara l'appréciait dans le fond. Mais pour sauver les apparences elle gardait son attitude froide et distante envers elle, encore plus depuis qu'Eléanor Prudence semblait réellement l'apprécier. Cara était jalouse... elle avait sans nul doute adopter une position froide vis-à-vis de sa belle-mère en voyant sa soeur se rapprocher d'elle...
"Oh..." Cara plongea son nez dans son bol de riz, regrettant d'avoir demandé où se trouvait son frère. Les histoires de famille décidément. "Excuse moi si je pose des questions trop indiscrète, je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas."
Cara le vit soupirer, cette histoire devait le rendre malheureux. Même Sasha l'indestructible avec des failles. Quelle surprise.
"Tu es quelqu'un de bien, très peu de personnes auraient accepté de s'occuper d'une famille complète, pas avec un planning comme le tien. Mais effectivement, je comprends cette obligation de devoir ramasser les pots cassés. C'est un truc auquel on pourrait dire non, mais finalement c'est presque inscrit en nous.. Un grand frère ou une grande soeur se doit de tenir ce rôle. " Elle lui sourit chaleureusement tout en pensant à sa propre situation.
Sasha et Cara avaient plus de points communs qu'on ne l'aurait cru, malgré leurs différences de premier abord. Lorsqu'il évoqua le sujet de devenir parent, Cara sentit son ventre se nouer. La logique d'une vie est simple, pas obligatoire pour tous, mais communément répandue : on se trouve un boulot, on s'installe dans un appartement, on rencontre sa moitié, on s'installe avec, on obtient une promotion, on demande sa moitié en mariage, on tombe enceinte, on prépare une nouvelle chambre dans le cocon familial, on grossit encore et toujours, puis un jour on expulse la petite bouille autour de laquelle le reste de notre vie gravitera. Sauf qu'il y a des obstacles que la vie ne peut pas toujours prévoir. Une sexualité différente, un cul-de-sac, une famille fermée d'esprit... Et voilà que le cours normal des choses était bouleversé, probablement de façon définitive. Cara n'avait jamais voulu d'enfants, au grand jamais. Ses quatre soeurs lui suffisaient amplement, pourquoi vouloir mettre au monde un autre petit malheureux de par la condition de sa mère ? Une mère invisible ou une mère lesbienne, quelle différence au fond ? Cara était trop généreuse pour épargner les souffrances psychologiques d'un enfant né de deux mères (aimantes, certes, mais deux mères quand même).
"Non, définitivement ! Je n'ai aucune envie de devenir parent moi non plus !" Après tout, elle jouait à la maman depuis assez longtemps déjà. "Mais toi, je t'imagine assez bien en père hyper protecteur quoiqu'un peu stricte. J'imagine que tes nièces se tiennent à carreau quand tu traînes dans le coin" Elle le regardait d'un air moqueur, s'imaginant très bien l'avocat endossant le tablier du père de famille.
"C'est gentil de me le demander, j'ai encore honte de cette soirée d'ailleurs. Disons que la situation est quasi identique, j'apprends simplement à prendre plus de recul et à profiter des instants que je passe avec Fesse. Je ne vais pas te cacher que, rah non je ne suis pas assez alcoolisée pour en parler, je ne veux pas t'embêter avec ça." Comment avait-elle pu se confier à Sasha la dernière fois, alors qu'en ce moment précis elle n'arrivait même pas à parler de Faith ? Cara ne se confiait que très très rarement, voir jamais. L'alcool était un libérateur surpuissant, même si le mal de tête d'après-confidences avait été dévastateur. "C'est encore très compliqué, malheureusement. Mais on fait avec je dirais."
"Sinon, la famille Tripps se rend au traditionnel Thanksgiving organisé par la municipalité ? J'y emmène mes 50 soeurs, ce serait chouette de t'y croiser ainsi que Martha et les enfants."
Invité
Sujet: Re: Cara&Sasha ◄ You don't want to be alone Sam 4 Jan - 23:39
Cara & Sasha
« Be still and know, that I'm with you »
L’avocat retint mal son éclat de rire, Cara était ... comme lui, en fait ! La plupart des gens le fixaient avec une lueur d’interrogation mêlée de suspicion dans le regard quand il leur disait qu’il devait retourner bosser à vingt-trois heures ! Avoir une carrière où on peut poser les pieds sur la table basse de salon après le boulot et lézarder devant la dernière série de la Fox, ça n’avait jamais été son but ultime dans la vie. Sasha avait de l’ambition, trop peut-être mais vu où ça l’avait mené jusqu’à présent, ce n’était pas une mauvaise chose ! Loin de là ! Et Cara semblait être tout aussi ambitieuse et bosseuse que lui. Il suffisait de la voir rentrer tard, exténuée et de voir comment elle gérait sa vie professionnelle et familiale. Sasha n’en avait qu’un aperçu, la discernant de temps en temps par la fenêtre, les bras chargés de produits alimentaires ou de paperasse. Ils étaient des battants tous les deux, après tout il en faut bien pour tirer le reste du troupeau !
Après l’avoir encouragé pour son boulot, elle s’excusa brièvement pour le désordre dans la maison. Il y a quelques temps, Sasha aurait fait mine de ne pas s’en soucier et aurait tout au fond de son esprit acerbe, pensait que tout ça manquait d’organisation ! Seulement, récemment, il avait hérité d’une famille. Adieu la vie de célibataire endurci et toutes ses facilités. Maintenant, il recevait de temps à autre l’une de ses nièces qui venait mettre la maison à feu et à sang, à grands coups de poupées dans la chambre d’amis, de doudou dans l’escalier, de chaussures dans la salle d’eau. Aujourd’hui, Sasha pouvait fixer Cara dans les yeux avec une lueur d’amusement et lui répondre, de façon purement honnête et sincère :
- T’en fais pas pour ça, c’est rien ! Les joies de la vie de famille, je commence à connaître ...
Ils étaient tous au bowling, sans Cara. Quelque part, Sasha pouvait la comprendre ! Il avait cessé de compter les fois où des collègues avaient tenté de l’emmener boire un verre et où il avait décliné. Bosser c’est bien mais se reposer après une véritable guerre, c’est pas mal non plus ! Et profiter de la maison vide pour elle toute seule devait être carrément idyllique pour Cara ! Pas de petite sœur qui hurle pour le sèche-cheveux ou de papa qui traîne les pieds en allant à la cuisine. Sasha esquissa un sourire en pensant à tout ce brouhaha et en le comparant au silence actuel, juste perturbé par le flot interrompu de temps à autre de la télévision.
Quand le sujet de son frère Elliot débarqua, Sasha eut du mal à cacher le trouble que toute cette histoire lui causait ! C’est vrai quoi ! Quand on a l’impression de connaître une personne sur le bout des doigts et que du jour au lendemain, elle se métamorphose en quelqu’un d’autre, c’est blessant. Sasha avait du mal à comprendre son petit frère mais il y avait sans doute pire ... une part de lui était heureuse qu’Elliot soit parti. Des raisons personnelles et égoïstes, des raisons de sa culpabilité flagrante. Quelqu’un de bien ... Sasha ne put s’empêcher de pouffer de rire. Si Cara avait entendu toutes les fois où on l’avait insulté, où on l’avait assimilé au bourreau venant achever sa victime au tribunal ! Si elle avait vu les visages des familles qu’il avait brisé en envoyant un père, un fils, une fille, une femme, croupir en prison. À tort ou à raison. Elle ne tiendrait sûrement plus le même discourt. C’était pourtant agréable de s’entendre dire ce genre de chose, pour une fois.
- J’ai des pots cassés à ramasser mais j’ai plus personne à blâmer ! Je crois que c’est le pire dans tout ça ! Un grand frère ou une grande sœur, c’est pas pareil que des parents parce que nous, on peut leur mettre des baignes sans culpabiliser !
L’avocat esquissa un sourire malicieux. S’il croisait Elliot aujourd’hui, il lui collerait la raclée de sa vie ! C’était son petit frère, il l’aimait comme il n’aimait personne d’autre mais quand même ... là, il avait foiré. Totalement et méchamment foiré. La discussion continua, comme deux amis qu’ils commençaient à être ! Sasha portait de temps à autre un sushi à ses lèvres, profitant du repas avec la jeune femme et enfin, la conversation divergea sur le sujet d’une future potentielle parenté. Pour lui, c’était flou tout ça. Pour elle, ça semblait tout aussi inconnu et pas franchement désirable. Cara n’avait pas envie de devenir maman, l’avocat hocha positivement de la tête pour la soutenir. Ils étaient d’accord sur ce point ! Encore une vision des choses qu’il partageait et que le commun des mortels ne comprenait pas forcément.
- Tu te trompes ! J’ai toujours été le tonton cool avec mes nièces, elles avaient leur père pour les réprimander et moi j’étais juste là pour rire de temps en temps ! Maintenant, c’est plus compliqué ... je veux vraiment aider Martha, je trouve qu’elle ne mérite pas de se ramasser tout à elle seule !
Il haussa les épaules parce qu’après tout, il n’y avait pas grand-chose à dire à ce sujet ! C’était juste ... compliqué. Et puis, arriva le moment où Sasha se devait de revenir sur leur soirée confidence de l’autre soir. L’homme en avait appris beaucoup sur sa voisine et avait appris à mieux la connaître, à l’aider peut-être un tout petit peu. S’il n’était pas la première personne à qui on pense quand on a un souci, il restait l’un des meilleurs pour garder les secrets. Être avocat, c’est aussi savoir choisir ses batailles. Cara s’était confiée auprès de lui au sujet de sa vie compliquée en ce moment, il l’avait écoutée et aujourd’hui, il voulait juste savoir si tout allait mieux. Sasha acquiesça d’un mouvement de tête, Cara semblait mal à l’aise avec cette discussion. Si elle ne voulait pas en parler pour le moment, il n’était pas du tout du genre à la pousser à se livrer aux confidences ! Bien au contraire, Sasha était plutôt du genre à passer de suite à un autre sujet. En voyant la petite mine préoccupée de la jeune femme, il ne put s’empêcher de la pousser légèrement, comme un gamin taquinant une fillette dans la cour de récré.
- Allez fais pas la tête ! Tout finit toujours par s’arranger !
Après avoir reporté son attention sur la nourriture et le film, Cara lui lança une remarque sur les festivités de Thanksgiving. Sasha n’était pas le plus grand fanatique de ce genre de rassemblement ! Il faut dire qu’il n’avait pas que des amis en ville et que croiser certains regards l’exaspérait ! Cependant, Martha et les filles voudraient forcément y aller alors il se ferait une joie de les accompagner. Si on n’est pas en famille pour Thanksgiving, quand l’est-on ? L’homme répondit à son interlocutrice sur un ton taquin :
- On y sera sûrement ! Mais si on te croise avec tes cinquante sœurs, je dirais à Martha et aux filles de se méfier ! Vous êtes des vraies tornades dans le coin !
Il haussa les sourcils et éclata de rire, se moquant gentiment de la famille Maden. Sasha n’avait pas souvent le temps d’assister au spectacle du matin mais lors de ses jours de congé, il pouvait observer la fourmilière en action. Cara qui part au boulot, les petites sœurs qui filent à l’université ou au lycée et le papa qui vogue à ses occupations. Tout un programme pour une famille très énergique et aux antipodes de la vie de Sasha. Pour lui, l’organisation était cruciale mais difficile. C’était amusant, de voir comment d’autres fonctionnaient ! Certains totalement à l’arrache, d’autres de façon plus ou moins orchestrée. Et puis au final, tout le monde avait une vie différente et c’était carrément dingue de s’en apercevoir !
- Tu rencontreras sûrement Martha ! Et les filles et Lana, tu croiseras mon ado rebelle ! À croire qu’on en a chacun un !
Sujet: Re: Cara&Sasha ◄ You don't want to be alone Mar 14 Jan - 18:30
Cara essaya, entre deux bouchées de ces délicieux maki saumon et avocat, de se mettre à la place de Sasha. Aurait-elle accepté de prendre soin de la famille de ce frère disparu dans la nature ? Probablement, en y réfléchissant bien elle se dit que si l'une de ses soeurs venait à faire de même, elle tiendrait le rôle de la mère de substitution -et ce ne serait pas la première fois-
"Hm je ne suis pas d'accord, moi j'arrive encore à culpabiliser si jamais j'en viens à baffer une de mes soeurs. Ça dépend de laquelle en revanche..." Cara n'avait aucune préférée entre ses quatre soeurs, mais elle reconnaissait que certaines avaient des caractères plus ou moins compatibles avec le sien. Elle attribuait cela à leur jeune âge, leur enfance passée sans mère et aux côtés d'un père bien trop gentil pour gérer toute cette petite troupe.
"Tonton.. cool ?" Cara détacha les syllabes de ses mots, essayant d'imaginer ce sharky d'avocat avec des fossettes creusées par son sourire hilare, portant une jumelle sur ses épaules et une autre dans ses bras. Il était difficile de l'imaginer ainsi, Cara serait curieuse de le voir à l'action. Il aurait fait un père formidable selon elle, et il le serait sûrement pour ces trois jeunes filles. D'ici à ce qu'il devienne un compagnon parfait pour Martha, il n'y avait qu'un pas. "Elle est extrêmement chanceuse de t'avoir à ses côtés, je suis sûre qu'elle t'es reconnaissante pour ce que tu fais. " Cara lui sourit.
Sasha n'avait, après tout, pas été obligé de prendre à sa charge la femme et les enfants de son frère. Evidemment c'était presque une obligation de sang, un truc que seuls les membres d'une famille peuvent comprendre et appliquer, mais toujours est-il qu'il avait faire ça parce qu'il était quelqu'un de bien. Martha et les enfants étaient sans nul doute bien mieux avec Sasha qu'aux côtés de son frère, basé sur les quelques descriptions de celui-ci fait par Sasha. Il semblait aisé de se confier à cet homme, la sagesse et la confiance qui émanaient de lui étaient certainement les arguments qui avaient poussé Cara à se confier à lui. En plus du troisième argument : l'alcool. Ce dernier lui faisait cruellement défaut ce soir là, c'était sûrement la raison pour laquelle la jeune femme avait du mal à parler de Faith. Elle se mit pourtant à sourire à la remarque de Sasha. "J'espère que ça s'arrangera un jour mais honnêtement, la situation est plutôt bloquée et je ne vois pas vraiment comment faire pour bouger les choses. Le temps me dira si j'obtiendrais un jour ce que je souhaite..." Ce qu'elle souhaitait ? Elle parlait évidemment du fait de s'afficher aux bras de Faith devant leurs proches respectifs, ce qui serait impossible tant que sa moitié était mariée.
"Il me tarde de voir Martha! Et puis si jamais Lana fait des siennes, je la colle avec Nayana et elles se trouveront tellement insupportables l'une et l'autre qu'elles finiront par se calmer!"
Spoiler:
A court d'inspiration sur notre sujet, pardonne moi mon Sasha mais je préfère te le dire
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