Depuis que Jakob était revenu dans ma vie, de la façon la plus étrange qui soit, mes vols avaient augmentés. Ne jugez pas, c’est une échappatoire comme un autre. Une façon de me venger d’un mec qui m’a volé mon meilleur ami. Plus j’y pensais, plus je me disais que c’était vraiment très, mais alors, très bizarre. Mon meilleur ami d’enfance, le seul ami que j’avais à l’époque, le gars qui faisait danser la java à mon estomac était désormais le meilleur ami de Benjamin, aka mon pire ennemi, et, par la même occasion, mon grand frère. Je reposais ma tête contre le mur derrière moi et réfléchis rapidement à ce que je pourrais faire. Je n’étais pas retourné une seule fois à la cabane depuis que j’y avais croisé Jakob, et, pour tout dire, j’avais un peu peur d’y aller de nouveau. Je l’avais revu lui, en dehors de la maison, et sans que Benjamin soit au courant. C’était un nouveau moyen pour moi de me procurer des frissons. L’idée me traversa de lui envoyer un texto pour lui demander de passer de me retrouver au café habituel, mais…non. J’avais bien trop la flemme de marcher jusqu’à là-bas. Ahilan et Ioan étaient je ne sais où et Benjamin était surement à l’université. Les parents étaient au boulot quand à Avery, j’en avais aucune idée. Mais aucun d’eux n’étaient à la maison à ce que je sache.

Je me levais péniblement, avec la seule envie de me recoucher pour me rendormir. En ce début d’après-midi plutôt ensoleillé, et après avoir dormi une grande partie de la matinée, une seule vraie possibilité me vint à l’esprit. La cabane. Oui, je m’étais promis de ne pas y retourner mais, avec la rencontre de Jakob, je n’avais toujours pas réussi à lui chourer ce fameux pull auquel il semblait tant tenir. J’y réfléchis longuement, quelques deux secondes et enfila un débardeur et un jean avant de sortir de la chambre. Je me dépêchais d’atteindre la porte d’entrée, enfilais des chaussures et sortis dehors.

Au vu du nombre de fois où j’avais fait ce chemin, je pouvais désormais le faire les yeux bandés. Ce que, cela dit, je ne me risquerais jamais à faire hein…

Très vite, je remarquais la cabane et m’y précipitais. L’échelle était en descendu, et je la gravis rapidement. Une fois en haut, mes yeux examinèrent rapidement ce qui m’entourait. Le pull était toujours sur le même dossier de chaise. Je m’en approchais et le prit dans mes mains. Cette fois, Jakob ne débarquerais pas, et je pourrais enfin jouir du fait d’avoir réussi à voler une des choses qui semblaient des plus importantes pour Benjamin. J’allais vers l’échelle pour redescendre lorsque mon regard se posa sur une table pleine de livres. Certains étaient assez vieux et quelque chose me disait qu’ils ne devaient pas appartenir à Benjamin. Je m’approchais du bureau et pris le premier livre. Un exemplaire de Robin des Bois. Un ‘Peter & Robin’ à la première page me fit sourire et prouva ma première idée. Ces livres n’appartenaient pas à mon grand frère. Mes yeux cherchèrent l’exemplaire de Peter Pan qui devait aussi être quelque part, et ne tardèrent pas à le trouver. Je le sortis de la pile et, le pull et les deux livres en mains, descendit l’échelle.

Une fois de retour dans la chambre, je m’affalais sur le lit et ouvrit Peter Pan. La même inscription était au début du livre et je ne pus m’empêcher de sourire. Je tournais ma tête et me leva rapidement, me rendant compte que le pull fétiche de Benjamin était à la vue de tout le monde dans la chambre. Lorsque j’eus décidé que le seul endroit où il ne pensait pas regarder serait sous son propre matelas à lui, j’y glissais le vêtement. Il irait forcément fouillé dans nos affaires et sous nos lits à nous, mais jamais il n’irait penser à chercher sous le sien. Enfin je l’espérais. Me rallongeant sur le lit, je commençais à lire le conte et ferma les yeux au bout d’un petit moment. Mon esprit vola vers le pays imaginaire et mes mains, dans un dernier geste avant de l'y rejoindre, firent tomber les deux livres entre le lit et le mur.